I : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
I.1: Contexte de l'étude
Le paludisme est une maladie fébrile, fréquente
dans les pays tropicaux. L'agent causal est un parasite du type plasmodium
transmis par les moustiques femelles du genre anophèles. Pendant la
première partie du XXème siècle, de nombreuses
initiatives ont été menées au plan international contre
cette parasitose. La Fondation Rockefeller a par exemple a mis en place un
programme de recherche spécifique dans les années trente,
contribuant ainsi à l'élimination des vecteurs sur le continent
américain et en Europe [34].
Aussi, la malaria a-t-elle disparu de la plupart des pays
occidentaux dès 1946, date de la création de l'OMS qui s'est
fixé pour objectif d'éradiquerce fléau. Dans cette
optique, la 8ème AMS a lancé en 1955 le PEP (Programme
d'Éradication du Paludisme) fondé sur la combinaison de deux
outils : la chloroquine, premier antipaludique de synthèse et
le pesticide DDT (Dichlorodiphényltrichloroéthane). Cependant,
l'orientation technologique et le pilotage vertical de cette campagne ont
négligé les réalités locales. Enfin, les
résistances croissantes développées par le
Plasmodiumet les moustiques ont aggravé les difficultés
financières et organisationnelles du PEP qui a connu un échec
flagrant, sanctionné publiquement par l'AMS en 1969 [34].
Dès lors, la maladie semble disparaître de
l'agenda international jusqu'aux années quatre-vingt-dix, avant qu'une
succession d'initiatives ne permette le redéploiement de l'action
antipaludéenne. Citons à cet égard, la conférence
d'Amsterdam organisée par l'OMS en 1992 où l'élimination
de la parasitose sera inscrite dans les OMD. En outre, la déclaration
d'Abuja engage en 2000 les chefs d'État et de gouvernement africains
à faire reculer de moitié dans les dix ans à venir, la
mortalité due au paludisme. Parallèlement, un nouveau
système de coopération est établi, au sein duquel certains
acteurs privés comme la Fondation Gates occupent une place
charnière. Cette configuration favorise le rapprochement avec les firmes
transnationales, en particulier les laboratoires pharmaceutiques [34].
Il va se créer autour d'un mode de partenariats
public-privé une organisation des structures, avec RBM, MMV
(Médecines for Malaria Venture) ou encore MVI (Malaria
Vaccine Initiative) qui voient le jour entre 1997 et 1999. Cette
évolution concerne également les modalités du financement
avec la création du Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la
Tuberculose et le Paludisme en janvier 2002 dont le volume s'est accru
considérablement. Les efforts conjugués de la Fondation Gates, du
Malaria Booster Program, de la Banque mondiale et du PMI (United
States President's Malaria Initiative) pourraient bientôt atteindre
l'objectif de 5 milliards de dollars par an. Désormais, le Plan d'action
mondial contre le paludisme, proposé par RBM en 2008, sert de feuille de
route à la plupart des intervenants [34].
Au Gabon l'acquisition des 4eme et 5eme
Rounds du Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la Tuberculose et le Paludisme
en 2005, les multiples actions dans le cadre du RBM et autres partenaires vont
booster la lutte. Mais les résultats et l'impact souhaités n'ont
pas été atteints. L'un des axes majeurs de cette bataille
à savoir la prévention n'a pas réussi à impacter
les populations par un véritable travail de déconstruction en
matière de croyances et représentations sociales autour du
paludisme.
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