VI.3.1. L'exclusion sociale
L'exclusion sociale apparaît le signal de la crise
démocratique malgache. L'exclusion sociale n'est pas uniquement
politique mais aussi une exclusion sociale. Malgré les efforts
déployés par les organismes qui s'opèrent dans la lutte
contre les inégalités sociales force est de constater que la
pauvreté prend une proportion inquiétante. Le dernier rapport de
l'EPM 2010 a montré que 56,5 % de la population vit dans une
pauvreté extrême. Pour ce qui est de l'inégalité les
10 % des plus riches consomment 5,4 fois plus que les 10 % des plus pauvres. Le
revenu quotidien d'un ménage s'élève à moins de 2
dollars par jour.
Le taux de chômage est de 3,8 %. Ce sont les jeunes
actifs âgés de 25 ans qui rencontrent le plus de difficulté
à s'insérer sur le marché de travail. Le taux de
chômage est de 5,9% pour ce groupe d'âge. A cela s'ajoute
l'exclusion des femmes dans le système éducatif40.
L'exclusion sociale ne se limite pas seulement à l'incapacité de
l'Etat à accomplir ses rôles. Elle est également le produit
d'une crise politique qui asphyxie la vie économique du pays. La crise
politique a entraîné des effets pervers sur la vie de la
population en générale. Prenons un exemple le contexte de la
crise 2009 ou l'on a vu des plusieurs personnes perdre leurs emplois. Le
recours au secteur informel reste le seul moyen pour survivre.
L'insécurité et la violence dans le pays, l'augmentation de
l'analphabétisme.
Ces appréciations quantitatives nous servent
d'illustration pour dire que l'accélération de
l'inégalité sociale inhibe à une culture de
responsabilité et de participation indispensable à la
démocratie.
VI.3.2. L'impact de la mondialisation
Dans la perspective d'un village planétaire
véhiculé par le phénomène de la mondialisation et
de la globalisation, l'emprise des pays du Nord sur le sud se raffermit. La
mondialisation véhicule une idéologie qui déconnecte la
réalité sociale malgache. Actuellement, l'essor fulgurant de la
nouvelle technologie et de la communication accentue les
inégalités sociales. La démocratisation des TIC dresse une
barrière sociale rigide notamment entre les personnes formées et
la grande majorité non formée. Les groupes sociaux les moins
préparés pour
40 Enquêtes périodiques auprès
des ménages 2010.
comprendre et utiliser les nouvelles technologies sont
considérés comme des espèces inaptes. La nouvelle
technologie est en train de créer une humanité à deux
vitesses, on assiste à un apartheid social. Dans le monde
économique, la démocratie libérale a transformé le
pays en économie nationale non viable. L'impact de la
libéralisation est aussi visible sur le plan culturel, on assiste
à la perte de l'identité, de fracture sociale. Plus le pays veut
rattraper l'Occident plus il s'appauvrit.
L'impact de la mondialisation se traduit aussi par la
domination politique. Actuellement, les occidentaux et les bailleurs de fonds
imposent aux pays une modèle d'organisation politique. La diffusion de
cette forme d'organisation politique s'est effectuée par
l'intermédiaire de toute sorte ingénierie constitutionnelle.
L'imposition du modèle politique est le produit de pressions explicites.
Les bailleurs de fonds par le biais de la conditionnalité
démocratique ont favorisé l'exportation des modèles
d'organisation politique comme l'Etat de droit, la bonne gouvernance bien que
leur statut exige une interdiction de toute immixtion dans les affaires
étrangères. Les bailleurs de fonds ont exigé la
nécessité des institutions publiques efficaces pour accompagner
le développement économique. Les bailleurs de fonds ne donnent
pas leurs argents qu'au nom de la bonne gouvernance et de l'Etat de droit donc
de la démocratie. Les bailleurs de fonds n'hésitent pas à
utiliser leur force pour imposer la démocratie, l'Etat de droit, la
bonne gouvernance. Si dans d'autre pays, la démocratie est un instrument
de légitimation du recours à la force, force est de constater que
dans le cas de Madagascar, l'économie de marché est devenue la
contrainte absolue de la politique. La démocratie devient ainsi un
vecteur de domination. La démocratie devient une arme au service de la
puissance. La question de reconnaissance internationale est un exemple
convaincant pour illustrer ce propos.
La pratique de gouvernance mondialisée a
provoqué aussi un impact dans l'administration. En effet, les buts
proposés par les différentes reformes administratives sont
l'orientation d'une gestion publique suivant le style de gestion de
l'entreprise privée. La gratuité des services publics n'est plus
à l'ordre du jour. Des hommes qui sont habituées à la
politique d'assisté ont du mal à inculquer rapidement un tel
changement d'autant plus qu'il n'existe pas de préparation pour passer
à ce changement. Non seulement il n'y a pas de préparation mais
les inégalités règnent en maître.
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