VI.1.2. Un Etat démocratique improductif
L'Etat est un mal nécessaire dans le contexte malgache.
En effet, après le désengagement de l'Etat du secteur productif,
le rôle de l'Etat est limité à offrir des services de bases
comme l'éducation, la santé, la construction de l'infrastructure
publique. Pourtant l'Etat n'arrive pas à remplir ses fonctions de bases.
L'accès de la population à ces droits est difficile du fait qu'il
n'y pas de moyen pour s'investir. A titre illustratif, il est un droit de
l'enfant d'aller à l'école toutefois l'accès à ce
droit est problème parce que les parents n'ont pas de travail de payer
la scolarisation de leurs enfants. Ce circuit se reproduit à chaque fois
qu'on prend un cas que ce soit dans la santé, ou dans d'autre domaine du
service public. A cela s'ajoute la corruption qui
gangrène le service public ou tout est payé sans
norme. Les faiblesses structurelles de l'appareil étatique conduisent
une immoralité de ceux qui occupent des postes de
responsabilités.
L'Etat au lieu d'être le protecteur est une source
d'exclusion sociale. Les hommes au pouvoir n'ont d'autre but que de s'enrichir
et de gérer un système défaillant. Les hommes politiques
se comportent comme un gestionnaire qui ne fait qu'encaisser des revenus et de
maximiser les profits. L'existence politique se résume en une question
comment se maintenir au pouvoir et le plus longtemps possible à tout
prix.
La conséquence devient cruciale à cause de la
dépendance du pays à l'étranger. La politique est
financée par les étrangers et les programmes pour espérer
sortir de la pauvreté sont des programmes formatés à
l'étranger qui ne répondent pas aux besoins de la population.
L'Etat est réduit en une machine distributeur des bons vouloirs des
étrangers, un Etat d'urgence.
Au niveau de l'application de la loi, la loi est
confectionnée sur fond de rationalité européenne alors que
les malgaches sont habitués à résoudre des
différends par l'attachement aux valeurs coutumières à
savoir le « fihavanana », le principe de la moralité
collective autour du dina. Le problème devient difficile avec
l'analphabétisme de la population. La loi est rédigée en
français entravant ainsi la compréhension des règles qui
régissent la société. En outre, l'absence des institutions
qui informent les citoyens concernant les lois ne fait qu'accentuer
l'incivisme.
VI.1.3. de la mauvaise gouvernance
Malgré les reformes déployées, la
gouvernance reste un grand défi pour les malgaches. La plupart des
reformes de la gouvernance ont été en définitive
renforcé le pouvoir central. Le système de gouvernance à
Madagascar se caractérise par se caractérise par le
clientélisme. Le changement de l'exécutif que ce soit au terme de
l'élection, à l'issue d'un mouvement social ou au moyen de coup
d'Etat, n'entraîne pas un effondrement de l'Etat. Il se traduit
simplement par une rupture avec la situation existante et par la
création d'une situation nouvelle. L'analyse permet de constater que si
les présidents ont fait des reformes, ils les ont fait à leur
profit et ses prébendes et non au profit d'une bonne gouvernance. Les
institutions, y compris, celles chargées d'exercer un contrôle sur
l'exécutif, agissent en fonction de l'orientation des leaders politiques
au lieu de suivre une orientation institutionnelle. Le système
administratif est voué à l'échec car au nom de la
politique tout est permis, les détournements de fonds publics, la
corruption qui gangrène l'administration où tout est
monnayé sans norme, l'enrichissement illicite. L'état de
gouvernance se résume en une personnification du pouvoir autour d'un
individu au détriment de l'image de l'Etat, corruption
généralisée, et combine politicienne visant avant tout les
arrangements du pouvoir. Les
politiciens se contentent de s'attribuer les postes les mieux
payés dans le plus grand amateurisme politique puis tentent de se
maintenir au pouvoir à perpétuer. Ils produisent le même
schéma de gouvernance dont ils profitent. On assiste au pillage des
ressources du pays, à la négation des problèmes de fond du
pays, à la mise en scène politique, une machine administrative
corrompue.
Par ailleurs, l'injonction de la bonne gouvernance dans le
pays se situe dans la ligne évolutive du développement. Elle
n'est qu'un prétexte d'identification d'éléments
permettant d'expliquer l'échec du programme d'ajustement structurel.
L'analyse des bailleurs est pointée dans le diagnostic des facteurs et
dysfonctionnements internes (pas de transparence, corruption, etc.). L'action
gouvernementale est pilotée par des programmes sociaux, politiques, et
économiques financés par les bailleurs de fonds. A l'appui de ce
propos, on peut dire par exemple le DSRP, le projet ambitieux du MAP visant
l'éradication de la pauvreté en 2015. Là encore nous
sommes loin du développement, la pauvreté règne en
maître.
Si la gouvernance du pays est dominée par un homme et
de ses équipes, il faut reconnaître aussi que le militaire joue
des rôles prépondérants dans le champ politique malgache.
Comme nous l'avons souligné précédemment, la
première expérience des militaires au pouvoir a eu lieu en 1972.
A partir de cette année, la militarisation de la vie nationale a
commencé à affecter la vie nationale et à contaminer
progressivement les plus hautes fonctions gouvernementales. Les militaires ont
occupé et continuent à occuper toutes sortes de postes
ministériels variés à savoir l'élevage,
l'environnement, lesquels ne semblent pas relever de leur compétence.
Comme dans toutes les armées du monde, les militaires malgaches sont
soumis à un code d'éthique et qu'ils ont un statut spécial
leur imposant des obligations spécifiques ainsi que des devoirs
particulières, d'obéissance hiérarchique et de service
stricte. Constitutionnellement, le président de la république est
le chef suprême de l'armée, en effet, chaque chef d'Etat a
abusé de ce prorogatif pour multiplier les nominations et les promotions
d'officiers généraux. La nomination à un poste politique
ou gouvernementale devient un moyen de remonter le grade tout en oubliant que
la fonction de ministre est par définition éminemment politique.
Ce dysfonctionnement de la nomination à des postes gouvernementales ne
fait qu'engendrer une instabilité du champ politique malgache.
Dans le même esprit, on reconnaît que la raison
d'être de l'armée est de défendre le territoire national de
toute intervention ou menace étrangère, il incombe aux force de
l'ordre de maintenir la paix publique dans le cadre de l'exercice par les
citoyens de leur droit constitutionnel en protégeant la
sécurité et l'intégrité physique de la population y
compris
celle des manifestants. Pourtant, on assiste à l'inverse
de la théorie dans la pratique, l'armée est devenue des forces
répressives et protectrices du pouvoir en place.
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