III. Les sources de la finance islamique
La maximisation du rendement d'un investissement ou la
minimisation des risques liés à cet investissement peuvent ne pas
être les seuls aspects qui gouvernent un placement. Au-delà de ces
considérations mathématiques, l'investisseur peut être
tenté d'introduire dans la gestion de sa portefeuille, des
critères extra économiques tels que la solidarité, la
préservation de l'environnement, le respect de la nature humaine, le
respect des convictions philosophiques ou religieuses. La finance islamique se
classe dans cette dernière catégorie et se définit comme
la finance qui se conforme aux prescriptions de la loi islamique : la
charia.
La charia est « un ensemble de normes, de valeurs et de
règles qui ont pour objectifs de s'assurer que les Hommes ont une vie
conforme à la volonté divine. Elle constitue, de fait, le volet
pratique de l'Islam et gouverne autant l'expression de la foi en Dieu
(prière, jeûne, ablutions, ...) que les interactions politiques,
sociales et économiques des Hommes » (Abdel
Maoula Chaar). Ainsi, la charia ne peut être
confinée au simple respect des interdictions et des obligations.
Cette charia ou loi islamique, gouverne les interactions entre
les Hommes et est bâtie sur un ensemble de textes : le Coran, la Sounnah
et le Fiqh. Toute activité économique musulmane doit être
conforme à ces règles et normes.
Le Coran est la parole traduite de Dieu. La Sounnah est la
tradition du Prophète (PSL) ; elle traduit les recommandations de
l'Islam en application et cerne les interactions entre les Hommes. Le Fiqh -
constitué de qiyas (analogie), istihsan (préférence
juridique), istislah (intérêt général), urf
(coutumes et traditions) - est l'ensemble des explications du coran et de la
Sounnah sur lesquelles il y a eu consensus.
IV. Les composantes du système financier
islamique
Le champ d'application de la finance islamique est très
large malgré la prohibition de l'intérêt. En effet, l'Islam
accepte tout mode de financement qui respecte la loi islamique, principalement
la prohibition du ribâ, du gharar (incertitude, spéculation) et du
qimar (maysir = hasard).
La finance islamique a pour base un ensemble de produits
financiers traditionnels et à partir desquels émergent plusieurs
autres produits financiers respectant les prescriptions religieuses
islamiques.
Les instruments financiers islamiques participatifs sont ceux
qui se reflètent le plus l'image du principe de partage des profits et
des pertes. Dans cette catégorie d'instruments, on peur distinguer la
moudharaba et la moucharaka.
Les instruments financiers islamiques de financement se
fondent sur une répartition équitable des risques et excluent
l'utilisation du taux d'intérêt comme moyen de
rémunération, la transaction portant sur un actif tangible. Parmi
ces instruments, on peut citer les ventes à crédit, les ventes
salam, le contrat ijarah, l'istisnâ.
Enfin, on peut citer le takaful qui est le contrat d'assurance
mutuelle dans la liste des produits financiers islamique.
1. La moudharaba
C'est l'équivalent d'une société en
commandite où le commanditaire (banque par exemple) apporte le capital
financier et le commandité (entrepreneur par exemple) apporte son
expertise. Dans ce type de contrat, la gestion est confiée à
l'entrepreneur, alors que les actifs sont la propriété de
l'apporteur de fonds.
Les profits sont partagés suivant un pourcentage
défini à l'avance. S'il y a perte, le capitaliste perd son
capital et l'entrepreneur perd son temps de travail. Dans le cas où la
responsabilité émanerait du travailleur, il pourrait rembourser
le capital au capitaliste.
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Le principe de moudharaba est simple : le capital est
transformé en biens ou services qui sont ensuite vendus et le capital
liquide est retrouvé, majoré de bénéfices. C'est ce
bénéfice qui est partagé entre les parties
contractantes.
Cette forme de financement met en exergue la
complémentarité entre le capital humain et le capital financier.
Dans la pratique, les bénéfices sont partagés selon les
dispositions convenues à l'avance dans le contrat après que
l'investisseur (rab al mal) ait recouvré ses fonds initiaux et que
l'entrepreneur (moudarib) ait été acquitté de ses droits
de gestion de l'affaire. Evidemment, il faut dans le contrat, que toutes ces
dispositions soient mentionnées.
Ici, le montant perçu par le moudarib est lié au
rendement de l'investissement. Ce mécanisme de gestion interne permet de
réduire les coüts de gestion et incite l'entrepreneur à
mieux gérer le projet. Ce type de contrat se focalise ainsi plus sur la
rentabilité de l'investissement que sur la solvabilité du porteur
de projet.
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