II. Notion de financement islamique
En termes simples, le financement correspond au transfert de
ressources d'un ou de plusieurs agents économiques à
capacité de financement vers un ou plusieurs agents à besoin de
financement, donnant lieu à un remboursement dans le temps.
On parle d'autofinancement lorsque l'agent à
capacité de financement correspond à l'agent à besoin de
financement.
Le financement est direct lorsque l'agent à
capacité de financement traite directement avec l'agent à besoin
de financement sans intermédiaire, alors que le financement est indirect
lorsque l'agent à capacité de financement transfère ses
ressources à un intermédiaire financier (banque, mutuelle, poste
...) qui à son tour transfère les ressources à un agent
à besoin de financement.
De cette définition, découle les 2
éléments essentiels sur lesquels la notion de financement repose
: le transfert de ressources et l'échéance de remboursement.
Tout transfert de ressources dicté par la loi islamique
est qualifié de financement islamique. Cette définition simpliste
de la finance islamique englobe des notions telles que le riba, le partage des
profits et des pertes, ...
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Si la finance conventionnelle repose sur
l'intérêt, la finance islamique repose quant à elle sur
l'interdiction du riba (équivalent de l'intérêt), du maysir
(hasard), du gharar (incertitude ou spéculation), de l'investissement
dans certains secteurs (tels que l'armement, la prostitution, les jeux de
hasard, l'alcool, l'industrie porcine, ...).
L'Islam n'est pas contre le financement, ni le crédit
et le prêt. Par contre, dans la civilisation islamique, le riba est
prohibé, aussi petit soit-il. Cette notion essentielle de riba est plus
large que le simple intérêt sur les prêts qu'accordent les
banques. Elle inclut l'usure qui n'est rien d'autre que la
rémunération de l'argent, l'achat de l'argent par l'argent. Le
riba correspond à l'augmentation de la valeur de la monnaie dans le
temps.
Dans la mesure où le financement d'une activité
économique comporte des avantages et des risques, l'Islam
considère comme riba toute rémunération garantie à
l'une des parties contractantes, alors que l'autre partie assume à elle
seule les risques liés à cet investissement.
En effet, la loi islamique interdit tout intérêt
sur un prêt, que cela soit payé ou encaissé. Ce qui est
permis, c'est le don que l'entrepreneur fait au prêteur après
avoir remboursé le principal, à son consentement et que cela ne
soit pas tacite ou explicite : c'est à son gré qu'il le fait et
il n'est pas tenu obligé de le faire.
Même si la prise de risque est autorisée dans
l'Islam, telle n'est pas le cas pour l'incertitude, la spéculation et le
hasard. Le gharar est interdit dans les transactions par la loi musulmane. En
effet, le gharar se définit comme la présence dans une
transaction, d'un élément de déception : ignorance dans la
nature ou le prix d'une marchandise. Cette peut notion englobe aussi les
contrats basés sur des éléments imprévisibles. Par
ailleurs, la tradition musulmane interdit aussi les contrats entachés
d'éléments hasardeux (prohibition du maysir).
Dans la liste des restrictions, il y a enfin les secteurs
haram (illicite) du point de vue de la tradition islamique. Parmi ces secteurs,
il y a les industries du jeu, de l'armement, de l'alcool, de la pornographie,
mais aussi les entreprises qui ne respectent pas les principes fondamentaux de
la charia (par exemple entreprises à fort levier d'endettement).
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