Draft sur la finance islamique( Télécharger le fichier original )par Madaniou DIEME Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Master 2010 |
DRAFT SUR LA FINANCE ISLAMIQUE AU SENEGAL Octobre 2010 Essais de M. Madaniou DIEME madani.dieme@live.fr 2 Le financement islamique : concept et principes générauxIntroductionL'objectif de cette première publication d'une série d'articles sur la finance islamique consiste en la formulation de propositions jetant les bases du développement d'un marché financier islamique au Sénégal. Cette contribution est motivée par le souci d'élargir l'offre de produits et de services bancaires et financiers d'une part, et d'élever le taux de bancarisation par l'inclusion d'une certaine frange de la population d'autre part, grace à la vulgarisation de nouvelles techniques innovantes, inédites et qui complètent la panoplie de produits et services bancaires et financiers conventionnels. Le Sénégal doit relever le défi de lever les barrières qui entravent la mise en place d'un système financier islamique pour des considérations aussi bien économiques que sociales, dans la mesure où la presque totalité de sa population appartient à l'Islam. C'est dans ce contexte que l'étude de la finance islamique, pour sa vulgarisation, doit être réalisée. La structure de cet article est la suivante. Les notions de finance éthique et de financement islamique sont traitées tour à tour dans les 2 premières sections. La section 3 présente les différentes sources de la finance islamique, alors que la section suivante traite des composantes du système financier islamique. La dernière section étale les principes généraux du financement islamique. I. Notion de finance éthiqueLa course aux richesses distraie l'homme. Le développement de l'économie dans le monde au détriment des autres secteurs d'activité, donne à l'argent une place de plus en plus importante. Ce développement se fait au grand dam des relations humaines. Cette dégradation de la qualité des relations entre les hommes explique en partie la perte de bien-être individuel et/ou collectif. L'utilisation de l'argent est aujourd'hui dictée par des critères mathématiques de rentabilité. Les investissements durables (qui préservent la solidarité intergénérationnelle), qui agissent directement sur la société ou l'environnement sont quasi inexistants. La dignité humaine, la fraternité, l'entraide sont des critères sur lesquels les investisseurs se fondent rarement pour gérer leur portefeuille d'actifs. Afin de retrouver une société de valeurs, il importe, sur le domaine financier, que les investissements soient dictés par des considérations économiques, politiques, sociales, environnementales, culturelles, philosophiques. Cette entreprise peut être rendue possible à travers le développement d'une finance éthique. Par finance éthique, on entend la finance qui respecte et se base sur des préoccupations philosophiques, religieuses, sociales, environnementales, économiques, politiques, culturelles, spirituelles, ... Ainsi, la responsabilité de l'investisseur est engagée dans la finance éthique. Dans la finance éthique, l'argent ne constitue point un pouvoir, mais c'est la personne elle-même qui est centre de décisions, aussi pauvre soit-elle. Par contre, l'argent continuera à jouer ses 3 rôles classiques : unité de compte, réserve de valeur et intermédiaire dans les transactions. Selon la logique philosophique, l'argent ne doit en aucun cas être un objet d'échange en soi. En outre, l'argent servira à unir les hommes. Avec la finance éthique, le développement de l'homme par l'argent prime sur les simples considérations financières. Il est largement admis que l'ISR trouve ses bases dans la religion chrétienne (protestante ou catholique). Tout au début, les investisseurs chrétiens ont voulu que leurs investissements soient conformes à leurs croyances et dictés par leur réglementation religieuse. Ceci s'est fait à travers le bannissement des investissements dans des secteurs jugés prohibés mais aussi par un activisme actionnarial. Parmi les secteurs dont l'investissement y est interdit, il y a la pornographie, l'alcool, le tabac, l'armement, les jeux d'argent, ... L'activisme s'est manifesté par la lutte pour la défenses des intérêts de la société et à titre d'exemple, on peut citer les résolutions déposées aux USA (guerre de Vietnam à la fin des années 60) par des groupes d'églises et des associations d'étudiants, en Afrique du Sud (apartheid en 1971). En effet, les investisseurs chrétiens ont très tôt fait des investissements socialement responsables : investissement dans des sociétés présentant de bonnes pratiques sociales et environnementales, prise en compte dans leurs choix d'investissement de critères extra-financiers. |
|