DEUXIEME PARTIE :
L'INEFFICACITE AVEREE DES GARANTIES DE PROTECTION DES
DROITS DE L'ENFANT DANS UN CONTEXTE DE CONFLIT ARME
Cette partie, dans un premier temps, fait une analyse des
actions nationales et internationales aux résultats mitigés
(Chapitre I) et, dans un second temps, elle met un accent particulier sur
l'amélioration de la protection des droits de l'enfant dans un contexte
de conflit armé (chapitre II).
CHAPITRE I :
Des actions aux résultats mitigés
Ce chapitre fait une analyse de l'action nationale et
internationale en faveur des enfants dans un contexte de conflit armé.
Section I : Analyse des actions nationales
Cette section, quant à elle, fait une analyse de
l'action gouvernementale et non gouvernementale en faveur des enfants dans un
contexte de conflit armé.
A- Les actions gouvernementales
La réponse apportée par les acteurs principaux
de la protection des enfants en période de conflit armé a, en
fait, montré l'ampleur de la tâche à accomplir dans la
période post-crise. La réponse de l'Etat est restée
limitée aux zones non accessibles aux éléments des FLN. Si
l'accent a été mis dans le domaine de la santé et
l'éducation, par contre, la protection sociale et la prévention
des enfants contre les utilisations et les exploitations diverses sont
restées difficilement applicable dans la situation où les
populations n'ont pas le minimum pour leur survie.
Ø La mise en place de la Commission Nationale de
Démobilisation, Réintégration et Réinsertion
(CNDRR)
Ø La collecte et l'acheminement des dons et
aides
L'élan de solidarité nationale et internationale
qui s'est manifestée au lendemain de la crise (et l'appui du
gouvernement) a permis de mobiliser plusieurs dons, dont les
médicaments, les dons en nature et en espèces, les prises en
charge scolaire, médicale et du matériel. Le rapport des actions
humanitaires indique des vivres (riz, lait, huile, etc.) et des non vivres
(savon, vêtement, carburant) ont été recueillis. Des
bourses et autres avantages scolaires ont été accordés aux
enfants. Les ressources mobilisées ont permis aux différentes
composantes de mener un certain nombre d'activités sur le terrain.
Ø Aide humanitaire, assistance médicale et
psychosociale
Le gouvernement, à travers sa cellule solidarité
et action humanitaire, a effectué des missions d'évaluation de la
situation et des réponses. A l'issue des différentes missions
dans les localités d'accueil compris dans le champ géographique
de cette étude, l'action humanitaire de la cellule a porté sur
plusieurs volets :
- L'approvisionnement en vivres et non vivres pour des convois
humanitaires dans les différentes zones d'accueil couvertes par la
province de Ngozi ;
- L'assistance individuelle directe aux personnes
déplacées ;
- L'appui aux ONGs et structures de prise en charge afin de
servir de relais aux populations en détresse ;
- Le transport des personnes déplacées
retournées ;
- La prise en charge médicale et psychosociale des
populations en détresse.
Malgré la bonne volonté du gouvernement et de
ses partenaires, cette assistance va s'avérer insuffisante face à
la persistance de la guerre et du nombre croissant des personnes
déplacées. En sus, toutes les personnes ne se sont pas fait
recenser pour recevoir l'aide. Enfin, force est de constater que la question de
l'occupation des personnes déplacées n'a pas été
inscrite dans la mission des différentes composantes de l'action des
acteurs publics.
B- Les actions non gouvernementales
Ce sous titre analyse l'action des ONG intervenant dans
l'humanitaire et traitant également la question de la protection et de
la promotion des droits de l'homme, y compris les enfants.
1. Les actions de l'ONG Orphelin et Enfants
Vulnérables (OEV)
Cette ONG intervient dans plusieurs domaines, à
savoir :
Ø L'organisation de l'aide et assistance aux
personnes victimes
Les acteurs sociaux souhaitent que la réponse à
venir tienne compte de la situation des personnes déplacées. A ce
propos, ils s'attendent à une aide aux parents en leur fournissant des
vivres, des soins, leur trouver du travail. L'aide aux parents doit tenir
compte de la taille du ménage.
Ø L'assurance de l'éducation et de la
formation des enfants victimes
Ils souhaitent en outre, que les écoles soient
construites dans les zones sinistrées, afin de remettre les enfants sur
le chemin de l'école. Il s'agit ici, selon eux, de créer des
centres d'apprentissage, rendre l'école obligatoire pour tous, encadrer
les jeunes et les éduquer. Ils pensent également au suivi et
à l'encadrement des enfants.
Ø Le recensement des enfants victimes
Les acteurs sociaux souhaitent également que tous les
enfants victimes soient recensés afin de mieux cerner leurs
problèmes et identifier les plus vulnérables. Cette attente est
motivée par la volonté des acteurs sociaux d'appréhender
les impacts de la crise sur les enfants, et les mesures à prendre par le
gouvernement et les autres intervenants.
Ø La sensibilisation des acteurs
Les acteurs pensent à la création de plusieurs
radios de proximité devant servir à faire véhiculer des
messages de sensibilisation contre l'exploitation et l'utilisation des enfants.
Ø L'initiative des activités
génératrices de revenue
Cette activité pourra aider les parents et les enfants
à subvenir à leurs propres besoins, par la mise en place des
microprojets, l'octroi de crédit de réinstallation, la
distribution des semences, etc.
2. Les actions de la Ligue Burundaise des Droits de
l'Homme (ITEKA)
ITEKA intervient aussi dans plusieurs domaines, dont entre
autres,
Ø Leur implication dans la protection des droits
de l'homme
L'exploitation et l'utilisation des enfants s'inscrivent dans
une dynamique sociale qui place cette question au centre de la socialisation de
l'enfant. Ce qui est constaté est que les enfants qui travaillent ou se
« débrouillent » ne sont pas enregistrés
systématiquement par des communautés comme les personnes
victimes, vulnérables. Le conflit armé semble donner une
justification à des formes intolérables d'utilisation et
d'exploitation des enfants.
Les données de l'enquête montrent que certains
parents sont impliqués dans le recrutement des enfants pour le travail
et les groupes armés. Dans le contexte d'urgence, tous les membres de la
famille doivent contribuer à la satisfaction des besoins de la famille.
Pour ce faire, le travail s'impose aux enfants qui, dans la majorité des
cas, fréquentaient une école avant de devenir enfants
travailleurs ou enfants soldats. C'est ce qui explique en partie la faible
implication des communautés locales dans la protection des droits des
enfants. Il est donc clair qu'il n'y a pas de stratégie de protection
des droits des enfants ou de prise en charge communautaire pour les enfants
victimes des formes d'exploitation et d'utilisation en période de
conflit armé.
Ø Logiques et dynamiques d'adaptation sociale des
enfants
Le rôle quelquefois exclusif de l'enfant dans la
constitution des revenus familiaux place l'enfant dans une situation de
« sur-demandeur », contrairement aux parents qui
contribuent moins dans une certaine mesure. Le vécu des enfants les
inscrit dans un processus familial et social qui tend à les
responsabiliser précocement, sans qu'ils soient astreints à
l'obligation scolaire.
Cette logique qui place l'intérêt du groupe au
dessus de l'intérêt de l'enfant donne une autre signification aux
enfants. En effet, les enfants victimes des formes d'exploitation et
d'utilisation sont considérés parce qu'ils contribuent
financièrement aux charges ménagères de la maison. En
plus, l'esprit de groupe et le développement des relations crées
avec les autres enfants font qu'ils sont intégrés dans leur
univers. Ils appartiennent à un groupe où l'on apprend à
se battre tous les jours pour la survie. Mais cette opinion les éloigne
de l'école, lieu de la socialisation par excellence de l'enfant et son
âge. Dans cette dynamique et ce contexte de crise, les enfants ne
sont-ils pas préparés à choisir entre l'école et
les activités rentables ? En tout état de cause, cette
dynamique sociale accentue la vulnérabilité des enfants.
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