La protection des droits de l'enfant dans les conflits armés internes en Afrique centrale: cas du Burundi( Télécharger le fichier original )par Eric Ngueto Nyatchoumou Université catholique de l'Afrique Centrale - Master droits de l'homme et action humanitaire 2010 |
CHAPITRE II :Un cadre politique et socioéconomique inadéquatSur la base des faits, ce chapitre fait une analyse de la perception des enfants burundais victimes du conflit armé. Ensuite, il planche sur les attentes spécifiques émanant des enfants. Section I : L'analyse des perceptions générales des enfants burundaisCette section traite d'abord l'analyse de l'expression des aspirations des enfants, ensuite elle aborde les réalités vécues par ceux-ci. A- L'expression des aspirations des enfants Ce volet fait ressortir, après une analyse de la situation factuelle pour ce qui est du questionnaire soumis aux enfants, les éventuelles alternatives devant les aider à leur réinsertion. 1. L'éducation comme alternative Des enfants veulent aller à l'école. Ceci explique le fait que le travail des enfants n'est pas perçu par eux-mêmes comme une fin en soi. Ils n'ont pas perdu de vue l'essentiel, le plus important c'est l'école. C'est dire que l'école demeure pour les enfants une porte de sortie de leur condition de vie actuelle, qu'ils n'ont pas choisi. Vouloir reprendre le chemin de l'école est l'expression d'un sentiment profond de vulnérabilité, car l'activité menée est moins valorisante que l'école. Nous pouvons, au regard de ce qui précède, affirmer que l'école est une alternative crédible de lutte contre l'exploitation et l'utilisation des enfants. Selon le rapport de l'ancien Secrétaire Général des Nations Unies, Kofi Annan, sur la prévention des conflits armés55(*), les enfants qui ont peu d'éducation et des possibilités d'emploi limitées sont très souvent des cibles faciles pour les parties au conflit. Dans les pays où ces enfants représentent une proportion importante de la population, les conflits violents sont généralement fréquents. Kofi Annan souligne aussi que, outre la prise des initiatives répondant aux aspirations des enfants et constituant une stratégie de prévention des conflits à long terme, les mouvements des jeunes pour la paix, par exemple, peuvent constituer une ressource importante pour la paix et la prévention des conflits. Dans la dernière partie de son rapport, il insiste sur l'importance à appuyer les politiques et à fournir des ressources pour répondre aux besoins des enfants dans les situations de conflit potentiel. Certes, ce rapport fait mention d'un facteur important dans la prévention des conflits, notamment, la prise en charge des enfants qui ont peu d'éducation et des possibilités d'emploi limitées et émet des recommandations, mais il est important de signaler, malgré les actions isolées de l'UNICEF, le manque d'effectivité de l'action sur le terrain. Ce qui vient d'être dit montre que l'incitation des Etats à faire appliquer les différents instruments, ainsi que le développement des programmes d'éducation et de bien-être pour les enfants qui ont peu d'éducation et donc les possibilités d'emploi limitées ne suffisent pas toujours à prévenir l'enclenchement des conflits violents en Afrique. Il faut, pour ce faire, mettre en place un mécanisme de suivi et de contrôle des actions engagées en faveur des enfants. 2. L'apprentissage d'un métier comme alternative Pour diverses raisons - notamment liées à l'âge, au peu d'intérêt manifesté, au manque de moyen financier, au choix métier, à la guerre, etc. - ce ne sont pas tous les enfants qui veulent retourner à l'école. C'est pour ces raisons que certains veulent apprendre un métier. A ce titre, les métiers les plus prisés sont : la mécanique, la conduite, la coiffure, la couture, etc. La formation à un métier apparaît donc comme une solution pour développer chez l'enfant victime d'exploitation ou d'utilisation une connaissance des risques et du savoir faire. Ainsi, ils seront plus à même de négocier eux-mêmes avec assurance leur contrat ou la rentabilité de leurs activités. 3. La vision des enfants déplacés Dans la formulation du projet de vie, les enfants présentent une particularité : le pouvoir, l'humanitaire, la spiritualité semblent les fasciner. En effet, ils considèrent que celui qui a l'autorité est respecté et craint, car il peut arrêter la guerre et ses atrocités à tout moment. B- Les réalités vécues Les enfants ne sont pas satisfaits de leur condition de vie. En effet, une forte majorité des enfants rencontrés a déclaré que leur condition de vie n'est pas bien dans le milieu où ils exercent leurs activités, pendant que d'autres pensent le contraire, et certains ne se sont pas exprimés clairement. Cette réprobation de leur occupation actuelle montre que ces enfants ne sont pas dans les meilleures conditions de vie possibles. Par contre, l'enquête menée auprès des enfants déplacés de Gitega fait ressortir un avis contraire. Ces enfants pensent que ce qu'ils font actuellement est bien, alors que certains d'entre eux n'y accordent pas le même intérêt ; les autres ne se sont pas exprimés sur la question. * 55 Kofi A. Annan, Prévention des conflits armés: Rapport du secrétaire général, 2002, Nations Unies, New York, pp72-74. |
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