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Impacts des logiques d'intervention en matière d'éducation et de santé des nouvelles collectivités décentralisées en milieu rural: le cas de Kossou(district de Yamoussoukro )en RDC

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par Kouassi Jean- Marc YAO
Université de Bouaké RDC - Maitrise de recherche 2009
  

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I.3) REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE

«Le jeune ethnographe qui part sur le terrain doit savoir ce qu'il sait déjà, afin d'amener à la surface ce qu'on ne sait pas encore » (MAUSS, 1971). Cette consigne exige qu'on fasse préalablement le point des publications sur le thème de recherche afin de révéler au cours de l'étude les aspects non ou moins exploités.

Partant, la documentation passée en revue révèle que la littérature aujourd'hui disponible sur la décentralisation est suffisamment substantielle et dégage l'intérêt que porte aussi bien la société civile que les gouvernements et les bailleurs de fonds pour ce nouvel outil de développement.

Toutefois pour le besoin de l'étude, nous jugeons utile les ouvrages qui traitent des raisons, des missions, du bilan et des conditions de succès de la décentralisation.

I.3-1) RAISONS DE LA DECENTRALISATION

Bien qu'elles soient variées, relatives et complexes, les causes à l'origine de l'adoption de la décentralisation sont étroitement liées à la mauvaise gestion des affaires publiques.

SYLL (op.cit), à cet effet révèle entre autres que la faillite de l'Etat de providence, la pression des élites locales conscientes des limites de l'Etat et porteuses d'identités fortes, le besoin de l'Etat de neutraliser les velléités de régionalisme ou de séparatisme, les arguments des bailleurs de fonds qui prônent « moins d'état, mieux d'état » sont autant de raisons qui ont poussé des Etats d'Afrique Subsaharienne à lancer des reformes décentralisatrices ces dernières décennies. Dans la même veine, il indique que c'est la propagation du pluralisme politique ; l'expansion du libéralisme à l'échelle internationale, la montée de la société civile comme acteur du local et du global dans le cadre de la lutte contre la pauvreté qui ont favorisé la décentralisation. Pour la présente étude et par rapport aux réalités de nos Etats, nous retiendrons deux types de raisons :

I.3-1-A) RAISONS INTERNES OU SUBJECTIVES

A.1) Fin de l'Etat providence et l'échec du centralisme

Après les indépendances des Etats africains des années 1960, la centralisation du pouvoir était nécessaire pour la consolidation de l'unité nationale. Pour justifier cette centralisation, CONTAMIN et FAURE (1991), indiquent qu' «au début des années 1960, l'intervention de l'Etat dans les pays en voie développement apparaissait comme une évidente nécessité face à l'urgence des situations de sous développement. » Cependant, face aux ralentissements de la croissance économique et à la montée des déséquilibres financiers d'une part, d'autre part au regard de l'émergence des tâches administratives et l'accroissement des besoins sociaux (soins de santé, éducation, formation, communication...), la centralisation va alors montrer ses limites. C'est ce constat sans doute observée par NYAMBAL (1994) qui l'emmène à proposer une reforme d'ensemble, une restructuration globale en vue de restaurer l'Etat.

S'inscrivant dans la même perspective, PEYREFITTE (op.cit.) révèle que « le constat est inquiétant : le processus de centralisation a dépassé les limites du supportable (...) la complexité des procédures s'est accrue. Les délais et les retards se sont allongés ». L'on observe ainsi de ce qui précède une carence généralisée, un manque d'efficacité, par conséquent un faible rendement de l'administration centralisée. Pour notre auteur, la décentralisation s'impose plus que jamais comme une solution alternative à la crise de gouvernabilité.

Encore, en faisant une analyse critique du système centralisé et décentralisé, SFEZ et al (op.cit.) révèlent que d'après Tocqueville, la concentration du pouvoir constitue un réel obstacle à l'épanouissement, à l'expression des libertés et au développement. La seule condition de la démocratie et du développement véritable réside dans un système décentralisé, qui est proche du peuple. Toujours selon lui, « la centralisation (...) est pernicieuse », cause pour laquelle il revendique de vive voix l'instauration d'un nouvel ordre, la décentralisation. La décentralisation telle que prônée par Tocqueville est la seule condition de la démocratie et du développement.

En réalité, l'Etat providence (premier producteur, premier client, premier banquier, pourvoyeur de subventions, collecteur d'impôt et le législateur économique) a montré ses limites dans sa vision centraliste à promouvoir le développement du territoire. Dès lors, une redéfinition de la politique du pouvoir central, et par conséquent sa décentralisation s'impose comme une nécessité absolue. Désormais, l'exécutif ne gère plus la planification du développement local. L'Etat se donnera une politique plus pragmatique pour la gestion des affaires locales en associant le local. A cet effet, KOUADIO (...) confirme que : « les insuffisances de l'administration locale ont conduit l'Etat à débloquer le processus de décentralisation visant à associer les populations à l'administration locale ». De cette thèse, il ressort que le pouvoir central était dans l'obligation de décentraliser puisqu'il se trouvait dans l'incapacité d'assumer efficacement la gestion des affaires du territoire.

Au total, retenons avec ZADI (1998), que l'excès d'Etat, la bureaucratisation à outrance et le centralisme tiennent une bonne part dans le sous développement de l'Afrique. Dès lors, la nécessité de reformes s'impose pour impulser le développement.

A.2) Mauvaise gouvernance

«Echec du développement en Afrique : corruption, népotisme, détournement » lit- on dans le célèbre ouvrage de ZADI (op.cit.). Selon notre auteur, nos pays ont échoué sans exception dans le domaine vital du développement de notre continent. Cette contre performance remarquée en Afrique est due en partie aux effets de la mauvaise gestion dans les services publiques, des financements de prestige, de la bureaucratie et de l'enrichissement illicite de certains dirigeants.

Par ailleurs, la corruption est au fondement de la gestion et du rendement calamiteux de l'administration. Elle est devenue une pratique courante dans les services et dans la vie quotidienne des populations de telle sorte le mérite n'est plus au rendez-vous dans les sélections. Les conclusions d'un colloque organisé en Côte d'Ivoire en 1999 retiennent que : « la corruption est le phénomène le plus préjudiciable au développement durable et équitable » (Inspection Générale d'Etat, 2001). C'est face à ces maux sociaux qu'il est apparu impérieux de confier la promotion du développement local à des entités locales pour une gestion rationnelle des ressources allouées.

I.3-1-B) RAISONS EXTERNES OU OBJECTIVES

B.1) Détérioration des conditions financières mondiales et ses multiples conséquences

La crise économique de 1980, due à l'effondrement des prix du pétrole sur le marché mondial de 1973 et aux fluctuations du dollar tient une part importante dans toutes les reformes intervenues dans la décennie. En effet les milieux politiques, économiques et sociaux ont connu des bouleversements énormes.

Sur le plan politique, la plupart des observateurs auront gardé de l'année 1980 le souvenir des reformes politiques qui ont été parallèlement arrêtées et appliquées notamment la décentralisation, qui s'est traduite par la reconnaissance (élargie en 1985) de l'autonomie de plus d'une centaine de collectivités locales (CONTAMIN et FAURE, op.cit). De ce précède, il ressort que le déclin du règne des partis uniques a favorisé l'éclosion du multipartisme et de la démocratie dans l'espace politique.

Economiquement, Selon CAZES et DOMINGO (1991) la situation s'est traduite par le recul des exportations du tiers monde et par une rétraction des apports privés et des crédits à l'exportation qui a entrainé une régression du volume global des ressources dirigées vers le monde en développement.  Du coup, les pays du tiers monde se trouvent dans l'incapacité de faire face à leurs dépenses de souveraineté, favorisant ainsi l'ajustement structurel (NAKA, 1998).

Le champ social a été particulièrement marqué par les répercussions de troubles économiques. Le chômage et la pauvreté marquent la pensée collective. C'est dans la recherche des voies et moyens pour juguler cette situation qu'est apparue la décentralisation. A ce propos, KOFFI (2010) indique que « ce sont les effets néfastes de la conjoncture économique qui ont poussé les décideurs à relancer le processus de décentralisation.»

Somme toute faite, retenons avec LAUZON et BOSSARD (op.cit.) que  la crise des finances publiques dont les origines remontent à la crise du pétrole international et au fluctuation des cours des matières premières sur le marché mondial, et la mise en oeuvre des plans d'ajustement structurel dans les années 1980, ont mis en évidence les limites de la capacité des Etats à assurer seuls l'ensemble des fonctions de services à la population et d'équipement du territoire. Ainsi, la priorité accordée à la promotion de la démocratie dans les années 1990 a ouvert de nouvelles perspectives et facilité l'avènement de la décentralisation en Afrique de l'Ouest.

B.2) Exigence pour les bailleurs de fonds et des partenaires au développement

Selon l'agence française pour le développement (2008), « Les orientations retenues par le gouvernement français pour l'aide publique au développement ont particulièrement souligné l'importance de la gouvernance publique, et, notamment le renforcement de la gouvernance locale. » Cette gouvernance locale qui se traduit en terme réel par la décentralisation, au regard de ce précède constitue une conditionnalité pour bénéficier d'une subvention. Cette nouvelle donne dans les relations partenariales Nord-Sud est due principalement aux échecs constatés des investissements en Afrique par les institutions de Bretton Woods et les institutions multilatérales (FMI, Banque mondiale, BAD et l'UE) et autres partenaires au développement (AFD).

En effet, les projets de développement avaient peu de chance de réussite sous les régimes centralisés. Les fonds octroyés étaient très souvent détournés à d'autres fins ou profitent à une catégorie de personne dans le sillage du pouvoir du fait de la mauvaise gouvernance. Alors que ces financements devraient servir à promouvoir un développement durable et équitable. Cette réalité courante dans l'histoire des gouvernements du sud va susciter de la part des bailleurs de fonds des mesures que devront dorénavant adoptés les pays pour bénéficier de leurs aides au développement. A ce propos, SYLL (op.cit.) révèle que « les bailleurs de fonds conditionnent leurs aides à la décentralisation, comme une réponse à la nécessité d'une refondation de l'Etat, d'asseoir la démocratie sur les soubassements concrets et d'accroitre la participation des citoyens aux processus de développement et décision.» Il ressort clairement que la décentralisation se situe dans les exigences de bonne gouvernance prônées par les institutions de Bretton Woods.

Au total, nous retenons avec ZADI (2007), que « les partenaires au développement qui accompagnent la Côte d'Ivoire et d'autres pays africains dans leurs efforts pour éradiquer la pauvreté mettent en avant ce problème de gouvernance locale ». Le poids des partenaires au regard de ce qui précède fut déterminant dans l'avènement et la pratique de la décentralisation dans les pays en voie de développement.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams