Paragraphe 2 : Restitution des observations de stage
Dans un premier temps, nous allons exposer les attributions et
le fonctionnement du SREM qui nous a accueillis pour notre recherche et dans un
second temps, nous allons mettre un accent particulier sur l'inventaire des
atouts et problèmes.
I- Constats significatifs au niveau de la DSF et de la
Mairie en général
Ces constats reposent essentiellement sur les entretiens que nous
avons eu avec les agents de même que les observations faites à
l'occasion du stage.
Nous allons présenter successivement, les attributions
et le fonctionnement du SREM, les constats faits dans l'Administration en
général et l'état de la gestion des marchés de la
commune.
A- Les attributions et le fonctionnement du SREM et
constats généraux.
· Les attributions du SREM
Aux termes des dispositions de l'article 28 de
l'arrêté n° 96/032/CL/ SG du 30 juillet 2008 portant
attributions, organisation et fonctionnement de la Mairie de Lokossa, le SREM
est chargé :
- de suivre les activités de recouvrement des recettes des
infrastructures marchandes et d'en maximiser le rendement ;
- de gérer la régie des recettes ;
- de gérer les équipements marchands.
Le SREM comprend deux (02) divisions : la Division de la
Régie des Recettes (DRR) et de la Division Gestion des Equipements
Marchands (DGEM).
La DRR est chargée :
- d'encadrer les activités des collecteurs ;
Problématique de la gestion efficace des marchés
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- d'encaisser les redevances d'occupation et autres recettes
non fiscales revenant à la commune et d'en assurer le reversement
à la recette perception ;
- de gérer les valeurs inactives et les timbres fiscaux
;
- de fournir les données statistiques pour
l'élaboration du budget.
La DGEM est chargée :
- de gérer l'ensemble des affaires liées aux
délégations de service public marchand ;
- d'assurer les relations avec les prestataires de ce secteur
;
- de procéder à des analyses prospectives
facilitant les choix de modes de gestion par les élus ;
- de gérer les services marchands n'ayant pas fait l'objet
de délégation ; - de participer au contrôle des agents
collecteurs sur le terrain ;
- de régler les conflits entre les usagers des services
marchands et les
agents collecteurs ;
- de recenser les panneaux et emplacements publicitaires en vue
de leur taxation ;
- de déterminer les possibilités de réaction
de nouveaux services marchands.
· Fonctionnement général de la
Mairie et surtout du SREM
La Commune dispose d'un personnel apte qui participe à
l'accomplissement de ses missions : on note ainsi le dynamisme du
personnel communal (atout). Mais, ce personnel n'est globalement pas
très qualifié. Ainsi, l'effectif du personnel communal est de
soixante dix-huit (78) dont 07 agents de catégorie A, 13 agents de
catégorie B, 15 agents de catégorie C, 37 agents de
catégorie D et 03 agents de catégorie E. Il se pose le
problème d'insuffisance de qualification du personnel
(problème); ce qui limite l'Administration communale dans
l'accomplissement de certaines de ses missions. La Mairie n'organise pas de
formations continues au profit de ce personnel qui lui permettrait de
répondre efficacement aux demandes de la
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de la Commune de Lokossa.
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population. Aussi, note-t-on l'absence d'un plan de
carrière comme c'est le cas dans toutes les communes du Bénin. Ce
qui fait qu'un agent ne peut savoir de quoi sera faite la suite de sa
carrière au sein de l'Administration communale. Il se pose le
problème d'absence de formations continues et de plan de carrière
du personnel. D'autre part, le nombre du personnel de la commune est
insuffisant. Cette insuffisance en ressources humaines fait que certains
services et certaines divisions ne sont pas pourvus en personnel. Pour y
remédier, on procède à un cumul de postes ; ce qui
surcharge les agents concernés et réduit leur
efficacité (problème). Malgré leur nombre
insuffisant par service, il y a un effort constant des agents dans le
traitement des dossiers et l'accomplissement des tâches qui leur sont
assignées (atout). Afin d'encourager ce dynamisme, des mesures sont
prises par l'autorité notamment la prise en compte du paiement des 10%
des salaires au titre des années 2011-2012 conformément au
décret n°2011-5055, l'octroie des primes aux agents. Par
ailleurs, l'autorité de la Mairie donne régulièrement des
demandes d'explication au personnel sans penser aux félicitations en cas
d'un service bien fait6. Cette situation entraîne le
mécontentement des agents et du coup le manque de motivation du
personnel (problème). Un autre constat fait au personnel de la
Mairie concerne les sorties intempestives, les retards au service,
malgré l'existence d'un registre de présence par direction. Cette
situation s'explique par un manque de suivi rigoureux du personnel
(problème). La mutation des agents des directions et
services se fait sans tenir compte de leur profil
(problème), car des agents sont mutés
à des postes dont ils n'ont aucune formation de base. Ceci pose le
problème de l'inadéquation du poste/profil
(problème).
Conclusion séquentielle : il se dégage
de ces constats la problématique de la gestion des ressources humaines
dans la Commune de Lokossa.
5 Décret n°2011-505 du 05
Août 2011 portant institution d'un coefficient de revalorisation des
indices de traitement des agents de l'Etat
6 Déclaration du Chef cellule de la
Communication de la Mairie le 06/01/12 au cours de la séance de souhait
de voeux au Maire.
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de la Commune de Lokossa.
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Aux termes de l'article 97 de la loi n°97-029 du 15
janvier 1999 portant organisation des communes en République du
Bénin, la commune a la charge de la construction, de l'équipement
et des réparations des établissements publics de l'enseignement
primaire et maternel. Elle assure en outre l'entretien de ces
établissements. A cet effet, l'Etat lui transfère les ressources
nécessaires. Ce dernier volet n'est pas entièrement
respecté par l'Etat ; il se pose le problème de transfert
des compétences par l'Etat (problème). Pour certains
acteurs communaux, en se limitant au transfert des compétences sans
l'accompagner des ressources correspondantes « l'Etat a
transféré les problèmes et a gardé les
solutions » (un cadre administratif de la Mairie). Si la
décision politique de la gratuité de l'enseignement du premier
degré peut être saluée (atout), sa mise en oeuvre pose
cependant un problème dans le contexte de décentralisation. La
gestion des infrastructures et équipements scolaires, est devenue une
préoccupation essentielle des communes béninoises en
général et celle de Lokossa en particulier, puisque la
faible dotation en infrastructures constitue l'un des principaux obstacles de
l'accès à l'éducation de base. On observe donc
des classes à effectif pléthorique ou « volantes »
(changements permanents de salles de cours), des horaires hors
prévisions hebdomadaires (cours dispensés les jours de repos que
sont les mercredi après-midi et samedi), des salles exiguës faces
aux effectifs croissants d'élèves, des salles mal
équipées ; il se pose alors le problème
d'insuffisance de salles de classe (problème).
L'article 98 de la loi sus-cité dispose que la commune initie
toutes les mesures de nature à favoriser et à promouvoir
l'éducation de la jeunesse. Dans ce sens, la Commune de Lokossa a
initié depuis sa deuxième mandature un projet de distribution des
fournitures scolaires à tous les écoliers de la Commune (atout) ;
nous avons même été chef de l'équipe de distribution
des kits scolaires dans l'Arrondissement de Houin en décembre 2011.
L'éloignement de l'école des bénéficiaires,
l'insuffisance de latrines dans des écoles, la dégradation et la
vétusté des infrastructures scolaires, l'existence
d'infrastructures scolaires en matériaux précaires, l'absence de
cantines scolaires dans les écoles rurales, sont autant de
problèmes auxquels la Commune est confrontée.
Problématique de la gestion efficace des marchés
de la Commune de Lokossa.
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Conclusion séquentielle : la
problématique de la gestion des infrastructures et
équipements scolaires de la Commune de Lokossa se dégage de ces
constats.
Au niveau de la DRR, un seul agent de catégorie B
appelé régisseur assure sa gestion, malgré l'étendu
du potentiel financier non fiscal que doit gérer la Commune
(problème). Si l'organisation du recouvrement des recettes fiscales ne
relève pas directement de cette division, celle des recettes non
fiscales est conduite sous sa direction. Il s'agit de droits et taxes qui
n'entrent pas dans la sphère des compétences de l'Administration
des Impôts mais qui sont mobilisés par la DSF notamment par la DRR
de la Mairie en collaboration avec les services de la Recette Perception. Leur
recouvrement donne lieu à la vente des timbres et des tickets dont les
valeurs faciales sont fixées par le conseil communal. Ces timbres et
tickets sont appelés `'valeurs inactives» et constituent les outils
à partir desquels la procédure d'assiette s'observe. Lokossa
dispose de potentialités financières qui ne sont pas toutes
exploitées (par exemple les domaines) puisqu'elle ignore comment s'y
prendre. Il n'existe pas un répertoire fiable des occupants du domaine
public ; il en est de même de la régie qui exploite les panneaux
publicitaires de la commune. Ce qui traduit la non maîtrise du
potentiel non fiscal de la Commune. Le moyen qui permet d'assurer la
majeure partie des charges communales est le recouvrement des recettes fiscales
et non fiscales auprès des contribuables. Malheureusement, tous les
contribuables n'aiment pas s'acquitter de leurs dettes. Ceci traduit la
faible mobilisation des ressources financières. Les agents
collecteurs qui aident le régisseur dans le recouvrement de recettes non
fiscales sur le terrain se lancent dans le détournement des fonds
perçus, ce qui s'explique par le manque de plus d'un million de francs
de valeurs inactives constaté en fin de gestion 2011 (déclaration
de C/DRR). Il se pose alors le problème de suivi des valeurs
inactives et des activités des agents collecteurs.
Par ailleurs, la Commune dispose d'un répertoire qui
montre la nature du potentiel non fiscal disponible, le taux de
prélèvement de ces taxes, ainsi que
Problématique de la gestion efficace des marchés
de la Commune de Lokossa.
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leur assiette. (Confère annexe1 : Tableau n°2 ;
Répertoire des différentes sortes de valeurs inactives)
Malgré l'existence de ce répertoire, la division
des recettes n'arrive pas à percevoir les différentes taxes et
droits. Du coup, les recettes non fiscales relevant des valeurs
inactives ne sont pas mobilisées comme cela se doit
(Problème).
Conclusion séquentielle : Un ensemble de
problèmes sont relevés dans le recouvrement des recettes non
fiscales pour le financement du PDC.
En référence à ses attributions, le
C/DGEM qui doit procéder à des analyses prospectives facilitant
les choix de modes de gestion, gérer l'ensemble des affaires
liées aux délégations de service public marchand, ne le
fait pas faute de compétence et de formation malgré sa
volonté affichée (problème). Ce qui fait que les
marchés de Lokossa n'ont pas encore bénéficié d'un
mode de gestion efficace des services publics ; ce qui ne rentabilise pas les
recettes. Il se contente d'approvisionner les agents collecteurs des
marchés en valeurs inactives réglementaires et à rendre
compte au chef C/DRR. Ce dernier à son tour le fait au receveur
percepteur. Les marchés de la Commune sont gérés à
la fois par un comité de gestion et un comité d'investissement
où le C/DGEM occupe le poste de rapporteur dans les deux comités,
selon un arrêté7 (atout). En référence au
dit arrêté, le comité de gestion de chaque marché
est composé d'un président qui est le CA de l'Arrondissement qui
abrite le marché, d'un rapporteur qui est le C/DGEM et des membres qui
sont des notables et des usagers des marchés. Mais le constat fait est
que, non seulement il y a un manque de concertation entre les membres du
comité de gestion, mais que les CA affichent leur indisponibilité
pour accompagner cette gestion (problème) ; des membres nommés
n'y sont plus (décès, départ de la ville), sans
actualisation de l'arrêté. Ce qui justifie le fait que le C/DGEM
est pratiquement le seul, face à la gestion des marchés et
à gérer les occupants des domaines publics ; ce qui
7 Arrêté n°
96/010/CL/SG-SAF portant composition et attribution du comité de gestion
et du comité d'investissement des marchés de la commune de
Lokossa.
Problématique de la gestion efficace des marchés
de la Commune de Lokossa.
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réduit sensiblement son efficacité. Il
se dégage que le comité de gestion n'est pas si fonctionnel.
Ainsi, les attributions de ce comité stipulées par
l'article 38 de l'arrêté ne sont pas exercées. Quant au
comité d'investissement des marchés, il s'agit d'un seul
comité qui assure l'investissement dans tous les marchés de la
Commune. Ce comité est composé du Maire comme président,
du PA comme vice-président, du DSF ou du C/DDEM comme rapporteur et des
membres constitués du CA du marché bénéficiant de
l'investissement, du receveur percepteur et du Directeur des services
techniques. Selon l'article 4 du même arrêté, le
comité d'investissement est chargé de définir un programme
cohérent et réaliste d'investissement et d'élaborer le
budget annuel d'investissement des marchés ; ce qui ne se fait
pas réellement. De plus, il est chargé de faire une
gestion transparente des fonds destinés aux investissements et de
contrôler l'exécution des tâches du comité de gestion
des marchés et des agents chargés de la perception des taxes. Que
se soit le comité de gestion ou le comité d'investissement, ils
maîtrisent à peine la gestion de l'ensemble des affaires
liées aux délégations des services publics industriels et
commerciaux (problème).
Dans l'exécution de leur tâche, l'organe des
marchés (comités, comme agents collecteurs) est confronté
à un manque de matériels et de mobiliers, de moyens de
déplacement et d'outils adéquats ainsi que de primes d'essence
(problème) ; ce qui rend difficile le travail malgré le
dévouement affiché par des agents qui utilisent parfois leurs
propres moyens. La vétusté de l'arrêté d'attribution
et son défaut de réactualisation, l'absence et
l'indisponibilité de certains membres, sont autant de difficultés
auxquels le comité est confronté. Les agents collecteurs sont
laissés à eux-mêmes et ils profitent de cette situation
pour majorer les droits de place dans les marchés (problème).
L'émission des
8 Selon l'article3 du présent arrêté, le
comité de gestion placé sous l'autorité du maire est
chargé de :
- Approvisionner les agents collecteurs en valeurs inactives ;
- Déployer judicieusement les agents collecteurs sur le
marché ;
- Contrôler les opérations de perception ;
- Faire payer des amendes allant de 2000 à 20000 FCFA aux
usagers pour le refus de payement des
taxes, altercation, violence, trouble à l'ordre public ou
tout autre agression dans le marché ;
- Assurer la police du marché et proposer sa
médiation en cas de litige ;
- Faire en fin de journée le point des recettes et dresser
le procès verbal des opérations.
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de la Commune de Lokossa.
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tickets parallèles par les agents collecteurs et
même la corruption exercée sur eux, expliquent le manque
de suivi rigoureux des agents collecteurs par le comité et
l'insuffisance de sensibilisation des marchands sur l'importance du paiement
légal des droits de place et loyers. L'inexistence d'un statut
des collecteurs, leurs insatisfactions par rapport au 15% de ristourne et le
défaut d'assistance en cas de dangers et de maladies sont des facteurs
qui freinent la collecte des taxes et droits de place dans les
marchés.
Conclusion séquentielle : le fonctionnement
irrégulier des comités chargés d'assurer la gestion et
l'investissement des marchés nous a permis de dire que le cadre
organique des marchés est inopérant.
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