2.6. Problématique
Certains rapports entre les individus qui vivent en prison
sont faits de pouvoir. Ceux- ci sont normés et régis par un
nombre de règles strictes. La prédéfinition des
emplacements (travail, lieu de repas, rencontre avec les proches, etc.)
à heure fixe, et les types de relations (rencontre avec la psychologue,
etc.) en font partis.
Les rapports non normés restent dans l'ombre. Les
expériences des détenus lors de contacts affectifs sont peu
relatées aussi bien oralement que par écrit.
Malgré des reportages journalistiques et visuels, les
thèmes de l'affectivité et de la sexualité, en
général, sont encore tabous pour la majorité d'entre nous.
Ces sujets sont la plupart du temps fantasmés et pas souvent
objectivés.
En ce qui concerne le sujet qui nous intéresse plus
particulièrement c'est-à-dire la prison, nous avons
constaté que la société, la plupart du temps, ne peut pas
concevoir que les détenus puissent avoir une affectivité ou une
sexualité en prison. En effet, comme il y a eu délit, acte
sanctionné, les prisonniers sont privés de quasiment tous leurs
droits. Ils sont ainsi également dépossédés, en
quelque sorte, de leurs droits à avoir une vie affective, à avoir
des échanges.
Nous avons pu lire dans divers ouvrages que la plupart du temps,
l'affectivité et la sexualité sont niées en prison par la
majorité du personnel surveillant.
De plus, selon le gardien rencontré, il n'y a pas
d'échanges affectifs car il n'en a jamais vu. Cependant, il a
également dit qu'il se doutait qu'il devait y avoir des
expériences affectives.
Lors de préventive, les détenus ont peu de moments
de partage qui est de leur ressort.
Les échanges authentiques peuvent se faire la plupart du
temps uniquement lors des promenades.
Normalement, la préventive dure moins d'une
année. Cependant, il existe des prévenus qui vivent plus d'une
année en préventive car souvent leur jugement est en attente ou
en perspective d'un transfert après un jugement.
Ils sont obligés parfois de vivre jusqu'à quatre
en cellule alors qu'initialement cette dernière était concue pour
deux personnes. Un espace d'échange est là, mais la cohabitation
semble difficile.
Quant aux détenus effectuant une longue peine, ils ont
le droit à l'intimité lors des week-ends car les cellules sont
ouvertes et peuvent se déplacer comme ils le veulent sur l'étage
(selon entretien avec le surveillant interrogé, cité
auparavant).
Cependant, même si les portes ne sont pas
verrouillées, les gardiens font leur travail de contrôle, leur
regard est présent puisqu'ils sont obligés, de par leur cahier
des charges, de surveiller le quotidien des détenus.
Finalement, le système pénitentiaire peut
souvent être percu comme un endroit totalitaire. Parallèlement,
pour nous, il peut y avoir des espaces d'existence comme nous allons l'aborder
dans le corpus théorique.
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