5.2. Etude des modifications intervenues dans les
précipitations dans le temps
La figure 17 présente l'évolution des
pluviométries annuelles par trentenaire d'années de 1953 à
2010
Figure 17. Evolution des
pluviométries annuelles par trentenaire de 1953 à 2010 et moyenne
mobile lissée sur chaque 30 ans
Source : ASSOGBA (2010)
Il ressort de cette figure, une variation entre les deux
series (1953-1982 et 1981- 2010) du point de vue des hauteurs de pluie. Il
semble que la grande saison de pluie soit plus arrosée au cours de la
première trentenaire qu'au cours de la seconde trentenaire qui par
contre est plus arrosée à la petite saison de pluie que la
première trentenaire.
Soit à tester au seuil de 5% et pour chaque mois
(janvier, février, mars, avril, mai, juin, juillet, août,
septembre, octobre, novembre, décembre), l'hypothèse H0 contre
l'hypothèse H1 telle que :
+ H0 : Les hauteurs moyennes mensuelles de pluie sur les
périodes 1953-1982 et 1981-2010 sont égales ;
+ H1 : il y a une différence entre les hauteurs moyennes
mensuelles de pluie des périodes 1953-1982 et 1981-2010.
Selon les résultats obtenus avec le logiciel Minitab (voir
Annexe 3), seule la probabilité associée au mois de septembre
soit p=0,027 est inférieure à 0,05.
Alors à un seuil de 5%:
- H0 est acceptée pour les mois de janvier,
février, mars, avril, mai, juin, juillet, août, octobre, novembre,
décembre et on conclut qu'il n'existe statistiquement pas de
différence significative entre les pluviométries moyennes de ces
mois sur les périodes 1953-2010 et 1981-2010.
- H0 est rejetée, H1 est acceptée pour le mois
de septembre et on conclut qu'il y a une différence significative entre
les pluviométries moyennes du mois de septembre sur les deux
périodes 1953-2010 et 1981-2010.
La figure 18 présente la variabilité
interannuelle et les fluctuations pluriannuelles des pluviométries du
mois de septembre qui est celui du démarrage de la petite saison
pluvieuse à Cotonou.
Figure 18. Evolution des hauteurs
de pluies du mois de septembre avec une moyenne mobile de 3 ans
Source : ASSOGBA (2010)
Il ressort de cette figure qu'à partir de 1985, les
précipitations du mois de septembre sont relativement plus
importantes.
5.3. Discussions
La faible crue de mai à juin du lac Nokoué
survient pendant la grande saison des pluies au sud du Bénin mais les
hauteurs importantes de pluies de mai à juin ne remontent que
très peu le niveau du lac. Les précipitations locales influencent
donc très peu la variation des hauteurs d'eau du lac.
Alors que les effets de la grande saison pluvieuse se sentent
à peine sur le lac, de nombreux quartiers sont pris d'assaut par les
eaux de pluie. La faible pente de la ville relevée par I.A.S. (1998) et
les déficiences des ouvrages d'assainissement, relevées par CAPO
(2008) ne favorisent en effet pas l'écoulement correct des eaux
pluviales vers ce réceptacle qu'est le lac.
La forte crue du lac Nokoué correspond aux mois de
septembre à novembre où les précipitations locales sont
relativement moins importantes. Ce phénomène ne s'explique donc
pas par les précipitations locales, mais par les apports en eaux des
cours d'eau qui alimentent le lac. Cette période coïncide en effet
avec la grande saison des pluies au Nord-Bénin et les eaux pluviales du
nord drainées par le fleuve Ouémé viennent donc se
déverser dans le lac Nokoué. Dans le cours du fleuve
Ouémé, Bonou se trouve en amont par rapport au
lac Nokoué, c'est ce qui explique que les écoulements au niveau
de cette portion du fleuve précèdent les variations du niveau du
lac.
Lorsque le lac Nokoué est gonflé par les eaux
septentrionales, il quitte son lit et inonde les populations des quartiers
riverains qui sont établis sur des sites qui ne sont rien d'autres que
des plaines inondables ; c'est le cas des quartiers comme Ladji, Djidjè,
Agbato. D'autres quartiers outre ceux en bordure du lac et du chenal sont
également affectés par la crue. L'eau remonte à ces
endroits par effet de siphon à travers le réseau d'assainissement
ou sature la nappe dans les zones basses. Les quartiers comme Agla,
Fijrossè sont ceux qui font face à ce phénomène.
Comme l'ont aussi remarqué AFOUDA et HOUANYE (2004),
c'est durant cette période de crue du lac Nokoué que survient la
petite saison pluvieuse à Cotonou. Le réceptacle que constitue le
lac pour les eaux pluviales de Cotonou étant à cette
période occupé par les eaux pluviales drainées du nord du
Bénin, le lac n'arrive plus à contenir toutes les eaux pluviales
de Cotonou qui restent dans les agglomérations.
Les crues du lac Nokoué et du chenal de Cotonou,
constituent de ce fait une cause importante d'inondation dans la ville de
Cotonou.
Par ailleurs, la nappe phréatique de Cotonou
déjà relevée par les eaux de la grande saison pluvieuse
(Mars à Juillet), est rapidement saturée lors de la petite saison
pluvieuse. Le surplus en eau stagne en surface aggravant ainsi les inondations
à l'intérieur des agglomérations.
De septembre à novembre, la hauteur du lac
s'élève de 356,7 mm en moyenne et il tombe en moyenne une hauteur
de pluie de 296,22 mm (ASECNA, 2010). Cette période de l'année
(septembre à novembre) où le lac Nokoué est en crue et qui
correspond également à la petite saison pluvieuse est donc pour
les populations de Cotonou en général et celles en bordure du lac
et du chenal en particulier une période bien difficile encore que depuis
1985 les pluviométries de septembre ont une tendance à la
hausse.
Le présent chapitre va présenter les
différentes cartes réalisées pour un suivi de
l'évolution de l'occupation de la ville de Cotonou dans le but d'une
meilleure compréhension de l'évolution des zones inondables. Ces
cartes permettront de mieux comprendre le phénomène des
inondations afin de mieux orienter les solutions à apporter au
problème.
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