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Etude de l'influence du lac Nokoué et du chenal sur les inondations dans la ville de Cotonou au Bénin

( Télécharger le fichier original )
par Liliane Philippine ASSOGBA
Université d'Abomey- Calavi Bénin - Diplôme d'ingénieur de conception en aménagement et protection de l'environnement  2010
  

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6.1. Cartographie dynamique de l'occupation du sol comme outil de compréhension

6.1.1. Dynamique de l'occupation du sol de Cotonou

La cartographie dynamique de l'occupation du sol est une édification de carte représentant l'occupation du sol sur plusieurs années.

Les cartes d'occupation du sol 1, 2 et 3 délimitent chacune les zones de la ville de Cotonou suivant leur occupation. On retrouve en couleur rose, les agglomérations, en bleu le lac Nokoué, le chenal et l'océan Atlantique, en gris maillé la plage, en jaune la mosaïque de cultures et jachères, en jaune maillé la mosaïque de cultures et jachères à palmiers, en vert moins foncé les plantations, en vert plus foncé les formations marécageuses, en bleu finement maillé les prairies et en bleu grossièrement maillé les mangroves.

Les cartes 1, 2 et 3 présentent respectivement l'occupation du sol de Cotonou en 1982, en 1994 et en 2007.

CARTE 1. OCCUPATION DU SOL DU DEPARTEMENT DU LITTORAL (COTONOU) EN 1982

Source : ASSOGBA (2010)

CARTE 2. OCCUPATION DU SOL DU DEPARTEMENT DU LITTORAL (COTONOU) EN 1994

Source : ASSOGBA (2010)

CARTE 3. OCCUPATION DU SOL DU DEPARTEMENT DU LITTORAL (COTONOU) EN 2007

Source : ASSOGBA (2010)

Sur un total de 74 hectares cartographiés, chacune des unités d'occupation (agglomérations, plage, prairie, etc.), occupe un pourcentage de surface donné.

Le tableau 6 présente pour les années 1982, 1994 et 2007 la superficie et le pourcentage de chaque unité d'occupation du sol par rapport à l'ensemble de la superficie cartographiée.

Tableau 6. Superficie et pourcentage des unités d'occupations du sol en 1982, 1994 et 2007

1982

Unité d'occupation

Superficie(Ha) et pourcentage

1994
Superficie(Ha) et pourcentage

2007
Superficie(Ha) et pourcentage

Agglomérations

68020
91,91%

70883
95,79%

71372
96,46%

Cultures et Jachères

132
0,18%

85
0,11%

15
0,07%

Cultures et Jachères sous palmier

218
0,3%

77
0,1%

7
0,004%

Plantations

160
0,22%

100
0,16%

55
0,051%

Plans d'Eau

4057
5,42%

2205
3%

2118
2,85%

Mangroves

153
0,25%

48
0,01%

8
0,005%

Formations marécageuses

118
0,16%

102
0,14%

92
0,12%

Plage

340
0,46%

280
0,39%

280
0,4%

Prairies humides

802
1,1%

220
0,3%

53
0,04%

Totale

74000
100%

74000
100%

74000
100%

Source : Adapté des cartes d'occupation du sol

 
 
 

Il ressort de ce tableau qu'en 1982 déjà l'occupation du sol était dominée par les établissements humains ; les agglomérations représentaient en effet 91,91%. A partir de 1982, les évolutions suivantes ont été observées :

i' la superficie occupée par les agglomérations est passée de 68020 ha en 1982 à 70883 ha en 1994 puis à 71372 ha en 2007.

i' la superficie occupée par les prairies est passée de 802 ha en 1982 à 220ha en 1994 puis à 53ha en 2007.

i' la superficie occupée par les formations marécageuses est passée de 118 ha en 1982 à 102ha en 1994 puis à 92ha en 2007.

i' la superficie occupée par les mangroves est passée de 153 ha en 1982 à 48ha en 1994 puis à 8ha en 2007.

Il s'ensuit que le développement urbain s'est accompagné d'une diminution des zones humides que sont les prairies, les marécages et les mangroves avec une rapide évolution entre 1982 et 1994 soit un gain de 3,88% de la superficie totale; de 1994 à 2007 l'évolution des établissements humains a été plus lente (0,67%).

On peut également remarquer une densification du réseau routier. 6.1.2. Discussions

Comme l'a remarqué aussi LAVALIN (1998), la population de la ville de Cotonou devenant de plus en plus nombreuse exerce une forte pression d'occupation sur le sol. L'augmentation de la population va donc de pair avec l'utilisation du sol urbain (TRIBILLON, 1982).

La ville de Cotonou s'est étalée surtout vers le Nord, le Nord-est et le Nord-ouest en s'avançant progressivement vers les rives du lac et de la lagune et les zones basses humides. Les populations en quête d'espace vital s'installent dans ces zones pour la plupart de façon anarchique (AGBO, 1985). Elles réduisent ce faisant les réceptacles naturels des eaux pluviales, obstruent les couloirs d'écoulement des eaux pluviales et augmentent leur vulnérabilité aux risques d'inondation. C'est ce que confirme SAINT-LAURENT et al. (2008).

En réalité, plus près les habitations sont du lac et du chenal, plus élevé est l'aléa auquel les populations sont exposés. Lorsque survient la crue du lac Nokoué, les populations en bordure du lac et du chenal sont rapidement envahies par les eaux et elles le sont d'autant plus rapidement qu'elles sont plus proches du lit mineur de ces plans d'eau. L'eau de crue qui remonte à travers la nappe phréatique affecte également les quartiers en zones basses.

De plus l'obstruction de couloir d'écoulement des eaux pluviales par certaines habitations entraîne une stagnation de ces eaux en amont.

Les habitations et les routes de plus en plus nombreuses diminuent la surface d'infiltration du sol par les eaux pluviales qui, après les fortes pluies qui s'abattent souvent sur la ville, envahissent les agglomérations.

En définitive, l'expansion qu'a connue la ville de Cotonou de 1982 à 2007 s'est accompagnée d'une augmentation du risque d'inondation et en particulier celui lié aux crues du lac Nokoué et du chenal.

Par ailleurs, pour pouvoir ériger leurs habitations dans ces lieux les populations procèdent au remblai avec la plupart du temps, des ordures ménagères acquises auprès des collecteurs d'ordures. A cela s'ajoutent les déchets produits par ces ménages et ceux provenant des marchés riverains (Dantokpa, Gbogbanou, etc.). Lorsque surviennent les inondations, il s'échappe de ces immondices, de nombreux éléments nocifs à la santé des habitants. Il faut signaler que ces déchets, contiennent des éléments qui sont à la base de la pollution organique et inorganique du lac et du chenal ainsi que de la nappe phréatique, comme en témoignent les résultats d'ACCROMBESSY (1988). Comme l'ont montré WONGLA (2005) et SOSSOUKPE (2008) cette pollution est à l'origine d'une baisse considérable de la quantité et de la qualité des produits halieutiques de ces plans d'eau.

Ainsi ces cartes nous permettent de mieux comprendre comment la situation géographique de la ville, son hydrographie et l'occupation de l'espace favorisent le phénomène d'inondation à Cotonou.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle