2.1.3.1. Intermédiation sociale des AVIGREF et
leurs retombées
Les populations locales, par le biais des AVIGREF, appuient
les gestionnaires de la RBP dans la surveillance et le contrôle. Elles
ont à leur actif la mise en place d'une dynamique associative sans
précédent mais aussi l'appropriation progressive de la gestion de
leur patrimoine.
Les AVIGREF réclament une plus grande implication des
acteurs locaux dans les différentes décisions prises concernant
la RBP mais aussi une clé de répartition concernant les revenus
générés. Elles comptent en leur sein des femmes et des
hommes qui s'impliquent dans la gestion de la réserve qui leur procure
des retombées aussi bien financières que non
financières.
2.1.3.1.1. Les retombées financières de la
gestion de la RBP
Elles découlent des droits d'adhésion, des
cotisations, des activités de tourisme, de chasse, de pêche mais
aussi des appuis financiers des bailleurs de fonds. L'effectif des
différentes AVIGREF se présente comme suit à fin
Août 2009 :
Graphique 9: Effectifs des membres AVIGREF (Aout
2009)

EFFECTIFS
250
200
150
100
50
0
Membres inscrits Août 2009 Effectif total Membres inscrits
Août 2009 Femmes
Membres à jour Août 2009 Effectif total Membres
à jour Août 2009 Femmes
VILLAGES RIVERAS
De l'analyse de cette figure, on note plus d'effort de
dynamisme associatif au niveau des femmes inscrites qui respectent au mieux
leurs cotisations comparativement aux hommes plus nombreux et concernés
par les activités illégales qui s'opèrent dans la RBP.
Au niveau de la RBP, les AVIGREF s'investissent pour que les
populations se sentent davantage concernées par la conservation et la
gestion de la réserve de biosphère. Les recettes issues des
activités traditionnelles de la RBP sont réparties entre la DPNP
et les populations riveraines. En dehors de la quotte part (30% des recettes
des activités de chasse et de pêche de la DPNP) perçue par
ces dernières, la viande de chasse est vendue aux populations et les
recettes de cette opération renforcent les ressources destinées
à la réalisation d'infrastructures communautaires et à
leur fonctionnement. Rappelons qu'elles bénéficient
également des appuis financiers des bailleurs de fonds qui
s'investissent pour un ancrage qualitatif de la cogestion en vigueur.
Le point des recettes issues de la distribution de viande de
chasse pour la saison 2008-2009 se présente comme suit :
Tableau 8: Distribution viande campagne
2008-2009
N°
|
Villages
|
Total poids
|
Estimation des ventes (70%)
|
Estimation des recettes
|
Prix de vente du kilo
|
1
|
Batia
|
586
|
410
|
123 000
|
300 F le kg
|
2
|
Collégou
|
390
|
273
|
81 900
|
300 F le kg
|
3
|
Sangou
|
637
|
446
|
133 800
|
300 F le kg
|
4
|
Tchafarga
|
430
|
301
|
90 300
|
300 F le kg
|
5
|
Tanongou
|
504
|
353
|
105 900
|
300 F le kg
|
6
|
Tchatingou
|
518
|
362
|
108 600
|
300 F le kg
|
7
|
Pessagou
|
518
|
363
|
108 900
|
300 F le kg
|
8
|
Tchanwassaga
|
589
|
412
|
123 600
|
300 F le kg
|
9
|
Nanèbou
|
510
|
357
|
107 100
|
300 F le kg
|
10
|
Bourgniessou
|
590
|
413
|
123 900
|
300 F le kg
|
11
|
Kaobagou
|
436
|
305
|
91 500
|
300 F le kg
|
12
|
Porga 6
|
382
|
267
|
80 100
|
300 F le kg
|
13
|
Porga 7
|
545
|
382
|
114 600
|
300 F le kg
|
14
|
Daga
|
586
|
410
|
123 000
|
300 F le kg
|
15
|
Sétchendiga
|
550
|
385
|
115 500
|
300 F le kg
|
16
|
Pouri
|
400
|
280
|
84 000
|
300 F le kg
|
17
|
Nagasséga
|
307
|
215
|
64 500
|
300 F le kg
|
18
|
Dassari
|
483
|
338
|
101 400
|
300 F le kg
|
19
|
Wantéhoun
|
591
|
414
|
124 200
|
300 F le kg
|
20
|
Kani
|
428
|
300
|
90 000
|
300 F le kg
|
21
|
Mamoussa
|
355
|
249
|
74 700
|
300 F le kg
|
22
|
Tiélé
|
436
|
305
|
91 500
|
300 F le kg
|
23
|
Sépounga
|
539
|
377
|
113 100
|
300 F le kg
|
24
|
DPNP
|
599
|
419
|
251 400
|
600 F le kg
|
25
|
Mairie de Tanguiéta
|
210
|
147
|
88 200
|
600 F le kg
|
26
|
Mairie de Matéri
|
150
|
105
|
63 000
|
600 F le kg
|
27
|
Tribunal Natitingou
|
72
|
0
|
|
Viande non vendue
|
|
Totaux
|
12 341
|
8 588
|
2 777 700
|
|
Source : Rapport AVIGREF,
2009.
La gestion des réserves de biosphère renferme un
aspect alimentaire car lorsqu'elle est rationnelle, elle offre aux populations
riveraines une quantité non négligeable de protéines
issues des produits de la chasse sportive. Des études ont montré
que, pour la RBP la redistribution des bénéfices issus de la
chasse aux AVIGREF a eu un impact réel sur l'accroissement des revenus
des communautés locales.
L'évolution de la quotte part des recettes de la DPNP
perçue par les AVIGREF se présente comme ci-après :
Tableau 9 : Synthèse des retombées
(30%) de 2001 à 2009
ANNEE
|
MONTANT
|
2001-
|
2002
|
15
|
551
|
500
|
2002-
|
2003
|
22
|
549
|
800
|
2003-
|
2004
|
16
|
813
|
500
|
2004-
|
2005
|
22
|
203
|
000
|
2005-
|
2006
|
22
|
101
|
000
|
2006-
|
2007
|
27
|
891
|
000
|
2007-
|
2008
|
28
|
146
|
000
|
2008-
|
2009
|
28
|
990
|
500
|
TOTAL GLOBAL
|
184
|
246
|
300
|
Source : Rapport AVIGREF, 2009
On note une amélioration progressive des
retombées financières issues des activités de la DPNP.
Cette tendance peut être renforcée mais nécessite
l'implication totale des populations dont les intérêts parfois
contradictoires aux objectifs de la conversation se traduisent par des actes
illégaux, réducteurs de leur bien-être.
2.1.3.1.2. Les retombées non financières et
leur importance
Les retombées issues des activités de la RBP sont
également non financières. Les populations riveraines
exploitent les produits végétaux issus de la cueillette (feuilles
et fruits), du ramassage de bois mort, du fauchage de l'herbe et de la
paille. Ces produits
rentrent dans la consommation alimentaire et le traitement
sanitaire de ces communautés rurales. Leurs usages se diversifient ce
qui favorise leur valorisation. Mais, en dehors des besoins vitaux dont ils
sont l'objet, ces produits deviennent progressivement un fonds de commerce pour
les communautés locales.
Selon le Chef Service Surveillance les
prélèvements importants s'opèrent au niveau des villages
riverains et concernent principalement la paille et les espèces
ligneuses comme le Karité. Elles rentrent dans l'alimentation humaine et
animale, servent de produits médicaux et s'utilisent comme produits
cosmétiques. L'huile extraite du karité est consommée,
soigne les maladies de peau et est fortement demandé en période
d'harmattan.
Le prélèvement de paille permet le
renouvellement des cases. Les cases en paille constituent l'essentiel de
l'habitat dans ces villages. Nous avons observé plusieurs toitures de
cases renouvelées et il faut, selon un villageois interrogé une
quantité non négligeable de paille pour la construction d'une
case. Selon les Responsables de l'UAVIGREF, il faut pour une case moyenne
« environ six à dix fagots de paille pour la construction et le
prix unitaire varie entre 1 000 et 1 200 FCFA ».
Ainsi, les zones périphériques ne peuvent pas
fournir toute cette quantité de paille d'où le
prélèvement clandestin, de plus en plus, important dans la RBP.
Il faut signaler qu'en plus des besoins pour la construction des cases il y a
le renouvellement des greniers et la commercialisation de la paille dans
d'autres villages, notamment ceux éloignés de la
réserve.
Les éleveurs opèrent également des
prélèvements de fourrage dans l'aire centrale à
défaut de faire paître directement le bétail dans les zones
humides. Il y a enfin des prélèvements en produits de cueillette
pour la satisfaction des besoins immédiats des populations, notamment en
période de soudure. Ces prélèvements peuvent concerner, de
façon plus restreinte, les tradithérapeutes. Ceux-ci, dans le
cadre de leur profession, opèrent des prélèvements
clandestins d'espèces végétales diverses au niveau de
l'aire centrale.
Ces activités de cueillette constituent une source
importante de la pression exercée sur la réserve. Les villages
contigus à la réserve de biosphère ont le même
profil et par conséquent les mêmes formes de pression notamment le
prélèvement de ressources végétales.
Dans la RBP, les prélèvements en bois, en
fourrage, en produits de cueillette et en pharmacopée se font de
manière non négligeable et le plus souvent sans autorisation de
l'administration forestière. Ce comportement alimente l'antagonisme
entre populations locales et autorités de la DPNP.
2.1.3.1.3. Alternatives à la réduction de
la pression des populations sur la RBP
2.1.3.1.3.1. Les initiatives des acteurs traditionnels de
la RBP
En vue de réduire la pression des populations
riveraines sur le patrimoine de la RBP à la quête de moyens de
survie, des initiatives ont été prises par les AVIGREF
appuyées par la DPNP et les bailleurs de fonds principalement la GTZ
pour le développement d'activités alternatives qui à terme
réduiraient les impacts négatifs de l'agriculture.
Ces initiatives fondées sur le développement de
micro-projets agricoles, de pêche et de transformation ont
bénéficié de mesures d'accompagnement telles que : la mise
en place de micro crédits et la constitution d'un fonds pour le
dédommagement des paysans en cas de destruction de leurs cultures par
les animaux.
De 2001 à 2004, des efforts importants ont
été consentis pour le développement d'autres
activités susceptibles de renforcer les revenus des populations. Au
nombre de ces efforts figurent les appuis financiers au profit de groupements
de femmes, d'hommes ou mixtes pour la mise en oeuvre de leurs microprojets.
Pour la mise en oeuvre de ce programme, la Cellule d'Action Villageoise a
été mise en place par la GTZ. Elle s'occupe du montage des
dossiers et du suivi des prêts octroyés.
Les types de prêts octroyés sont les
crédits de campagne, de stockage, de production maraîchère,
de transformation, d'élevage d'aulacode et de porcs, d'apiculture,
d'équipements pour la culture attelée, d'équipements pour
la pêche puis la restauration. La situation des crédits mis en
place se présente comme suit à fin 2009 :
Tableau 10 : Situation des crédits mis
en place de 2001 à 2004
Rubriques
|
Montant des crédits
|
Montant échu
|
Montant remboursé
|
Taux de remboursement
|
Encours de crédits en des
impayés
|
Indicateurs
|
113 279 345
|
123 387 464
|
50 083 285
|
40,59%
|
73 304 179
|
Source : Rapport d'activité
U-AVIGREF, 2009.
Ces indicateurs témoignent clairement de l'échec
du programme. De plus, le rapport indique que des actions ont été
menées pour le recouvrement des créances sans succès.
Aussi avons-nous relevé des décisions prises par le Comité
d'Orientation et de Décision relatives à l'annulation de certains
crédits. Au titre des raisons évoquées nous pouvons citer
<< la pêche n'a pas été productive pour les zones ou
sites choisies et le matériel est complètement
détérioré » ou << le cheptel d'aulacode
complètement détruit » ou << le rendement au niveau
des bas fond est souvent insignifiant malgré l'aménagement
».
Ce type de décision annule le sens de la
responsabilité qui constitue un élément clé de
l'efficacité de l'activité de crédit. Car les emprunteurs
doivent savoir qu'ils sont tenus de rembourser, et ce indépendamment de
l'emploi fructueux ou infructueux du crédit dont ils sont
bénéficiaires.
Pour y remédier, un partenariat a été
conclu avec une institution de financement professionnel, la Banque
Régionale de Solidarité (BRS) sur la base d'un fonds de garantie
de 20 000 000FCFA. Mais aucun crédit n'a pu être mis en place par
cette institution ; la raison évoquée par les responsables des
AVIGREF est la question des garanties matérielles demandées par
l'institution aux promoteurs qui n'en disposent pas. Un nouveau partenariat est
en cours d'étude avec une autre IMF pour la poursuite du programme.
Concernant le fonds de soutien, son montant
s'élève à 1 500 000FCFA constitué par l'UAVIGREF et
la DPNP. Il est nécessaire de réfléchir à son
renforcement.
2.1.3.1.3.2. Les collectivités
territoriales
Le processus de décentralisation amorcé avec la
mise en place des Communes confère des compétences à ces
entités décentralisées. Au nombre de ces
compétences, on peut noter que :
? La commune concourt avec l'Etat et les autres
collectivités à l'administration et à l'aménagement
du territoire, au développement économique, social, sanitaire,
culturel et scientifique ainsi qu'à la protection de l'environnement et
à l'amélioration du cadre de vie » (Article 82 de la loi
97-029) ;
? Au nombre des 3 commissions obligatoires chargées de
la gestion des affaires communales, instituées par l'article 36 de la
loi 97-029, figure la commission des affaires domaniales et
environnementales.
A ce titre, la décentralisation impose un
rééquilibrage des Conseils d'Administration des
différentes structures à charge de la gestion de la RBP. Cela
justifie la place de l'administration territoriale dans le système de
gestion aussi bien en termes d'actions que de retombées perçues.
Ainsi, les Maires des communes riveraines de la RBP sont membres des instances
d'orientation et de décisions des AVIGREF où ils participent
à la définition de la politique de gestion mise en oeuvre par le
Secrétariat Exécutif qui leur rend compte.
De l'entretien avec le Maire de la Commune de
Tanguiéta, il ressort que « les collectivités territoriales
ont vocation à devenir des acteurs privilégiés par leur
implication directe ». Or la cogestion entreprise avec les AVIGREF, qui
sont des associations, a démarré bien avant la réforme de
l'administration territoriale et les résultats obtenus sont non
négligeables. Il faut souligner que les collectivités
territoriales ont la responsabilité de dynamiser la vie associative
d'où l'intérêt de la recherche d'une symbiose entre les
Mairies, la DPNP et les AVIGREF.
Les communes riveraines bénéficient des
retombées financières issues des activités de la DPNP.
L'U-AVIGREF attribue 20% du montant obtenu de la DPNP aux collectivités
territoriales riveraines à savoir les Communes de Tanguiéta et de
Matéri. Ces fonds permettent de renforcer les ressources
destinées à la réalisation d'infrastructures
communautaires. Ainsi, un accord de partenariat a été
signé entre la Mairie de Matéri et l'U-AVIGREF, ce qui lui a
permis d'encaisser chaque année sa quotte part.
Quant à la Commune de Tanguiéta, cet accord
demeure encore à l'étape de discussion car le problème
central réside au niveau de la justification des fonds perçus.
Les autorités communales perçoivent leur inclusion dans ce
partenariat, beaucoup plus, comme une recherche de soutien politique que
d'engagement au même titre que les AVIGREF. Or l'implication insuffisante
des populations et des collectivités locales dans la gestion
engendrerait les pressions de plus en plus grandissantes sur la RBP.
La Commune de Tanguiéta a entrepris un projet
touristique dénommé « la case de l'habitat » dans le
village de Tanougou. Il consiste à recevoir les touristes qui
séjournent
dans les habitats traditionnels tout en s'intégrant
dans leur milieu d'accueil. D'autres activités telles que le circuit
pédestre et l'observation des plongeurs au niveau des chutes sont
menées. Ce projet attire un certain nombre de touristes et
génère des retombées financières reparties entre la
Mairie et les populations locales.
A ce titre la Mairie a été
récompensée aux Trophées de la décentralisation
<< Prix meilleur initiative de développement économique
local » par << le Municipal ». Mais cette initiative ne s'est
pas opérée dans un cadre intégratif qui favoriserait sa
plus grande visibilité car la plus grande porte d'entrée des
touristes demeure la DPNP.
|