2.1.2. Les recettes de la DPNP et leur évolution
Le point récapitulatif des recettes et leur
évolution se présente comme ci-après : Graphique
5: Point récapitulatif des recettes de la DPNP
MONTANT
45 000 000
40 000 000
50 000 000
35 000 000
30 000 000
25 000 000
20 000 000
15 000 000
10 000 000
5 000 000
RECETTES VISION
TAXES CIRCULATION VEHICULE AMODIATION
PERMIS DE CHASSE REDEVANCES D'ABATTAGE
PERMIS DE PECHE PERMIS MAREYEURS
P
PERMIS DE REVENDEUR TRANSACTIONS
0
2005-2006 2006-2007 2007-2008 2008-2009
L'analyse de cette graphique indique une tendance
haussière régulière des différentes sources de
recettes de la DPNP, mais le niveau reste encore faible quant aux
potentialités dont regorge la RBP.
Les recettes issues de la vente des produits touristiques et
divers, constituent un fonds de roulement pour la commande des produits
touristiques dans le cadre de la promotion du tourisme.
Les stratégies de gestion mises en place par les
autorités de la DPNP et leurs partenaires sociaux produisent des
résultats susceptibles d'amélioration.
2.1.2.1. Les activités externes à la REP
et leurs impacts
Chaque réserve dispose d'une aire de coopération ou
zone périphérique au sein de laquelle, normalement, les
populations s'adonnent à leurs activités productives
habituelles.
Ainsi, la gestion des espaces doit, désormais,
s'articuler avec les pratiques locales dont le caractère durable a
été reconnu, et qui peuvent alors constituer un véritable
outil de conservation. L'activité prédominante exercée par
les populations riveraines de la RBP est l'agriculture, ensuite le commerce
dans une certaine mesure et accessoirement l'artisanat.
2.1.2.1.1. L'agriculture, source d'alimentation et de
revenus des populations
Les principaux produits cultivés sont : le maïs,
le fonio, le petit mil, le sorgho, le niébé, le voandzou,
l'igname, le riz, le manioc, l'arachide, le sésame, le tabac et le coton
qui est une culture consommatrice d'espace. Mais à côté de
ces cultures, des produits maraîchers tels que le gombo, la tomate et le
piment connaissent un essor non négligeable.
Les acteurs locaux, du fait de la raréfaction
progressive des ressources naturelles dans les espaces déjà
occupés, se tournent vers les aires de transition des réserves de
biosphère en exerçant une forte pression à leur
périphérie ou en effectuant des incursions illégales
à l'intérieur des aires centrales.
L'évolution des superficies emblavées, au cours des
quatre dernières campagnes agricoles se présente comme suit :
Graphique 6: Superficies emblavées (ha)
des principales cultures
SUPERFICIE (en Ha)
4000
6000
5000
3000
2000
1000
0
CULTURES MAIS LOCAL MAIS AMELIORE MAIS
SORGHO PETIT MIL RIZ IGNAME
NIEBE / HARICOT VOUANDZOU TOMATE GOMBO
/CAMPAG OLE
COTON ARACHIDE TABAC
2006-2007 2007-2008 2008-2009 2009-2010
De l'analyse de ce tableau, il ressort une tendance
baissière de l'évolution des superficies emblavées, d'une
campagne agricole à une autre. Cette tendance est beaucoup plus
accentuée au niveau des cultures principales que sont les produits
céréaliers et les cultures de rentes.
Le Responsable de la CeCPA explique cette situation par
l'impact des changements climatiques qui ont provoqué un
dérèglement significatif du calendrier des semis avec une
alternance de pluies précoces et tardives que la recherche peine
à maîtriser.
Ce qui explique la non atteinte permanente des
prévisions de superficies à emblaver au cours de chaque campagne
agricole en raison de la précipitation des travaux champêtres
qu'engendre ce phénomène occasionnant la rareté de la main
d'oeuvre agricole ou lorsqu'elle existe est chère et à la
portée de peu d'agriculteurs.
A cela s'ajoute, pendant les phases de floraison et de
fructification, la pluviométrie excessive qui rend inefficace les
traitements phytosanitaires et l'utilisation des engrais avec pour
conséquence la baisse de la production.
L'évolution des productions par culture, au cours des
quatre dernières campagnes agricoles se présente comme suit :
Graphique 7: Production (en Tonnes) des
principales cultures
PRODUCTION (en Tonnes)
45000
40000
25000
20000
35000
30000
15000
10000
5000
0
CULTURES MAIS LOCAL MAIS AMELIORE MAIS
SORGHO PETIT MIL RIZ IGNAME
NIEBE / HARICOT VOUANDZOU TOMATE GOMBO
ODE/CAM RICOLE
COTON ARACHIDE TABAC
2006-2007 2007-2008 2008-2009 2009-2010
Il ressort de l'analyse de cette graphique, une baisse
significative de la production dans son ensemble, en dehors de l'igname, du riz
et de quelques produits maraîchers qui ont connu une amélioration
significative. Le coton et le maïs ont subi une baisse drastique au cours
de la campagne 2009-2010 contre l'émergence d'autres cultures telles que
le soja et le riz.
Or, la filière coton n'a pas manqué de
volonté politique susceptible d'induire son développement. Mais
on note, de plus en plus, la réticence des agriculteurs qui, en tant
qu'agent économique, sont tentés de se retourner vers des
spéculations plus porteuses telles que le riz, le maïs, le soja et
ceci dans le contexte de la crise alimentaire.
Avec le Programme d'Urgence d'Appui à la
Sécurité Alimentaire (PUASA), l'Etat a procédé
à la mise en place gratuite des semences améliorées et
des engrais vivriers au profit des producteurs.
Ce qui a constitué une échappatoire pour le
producteur de coton. Les excédents céréaliers
relevés, ces deux dernières années, ont été
obtenus, semble-t-il au détriment du coton.
Aussi avons-nous noté la suprématie de la
production du maïs amélioré sur celle du maïs local du
fait de l'introduction d'innovations. Mais, l'introduction de
variétés améliorées, la gestion de la
fertilité des sols, l'octroi de crédits agricoles et le contact
avec certains projets de développement agricole qui sont quelques unes
des technologies ne sont pas sans conséquence car << cette offre
de technologies modernes porteuse de développement ne constitue toujours
pas des gages de durabilité pour les sociétés rurales
» (. BACO et al, 2007). Ils précisent que << l'introduction
des variétés améliorées de maïs a conduit
à l'abandon des variétés locales à Tchaourou et
à N'dali », dans le Département du Borgou.
En effet, la livraison des semences, gratuitement, aux
producteurs par les services publics d'encadrement ou par les projets de
développement enlève à cette ressource toute valeur
monétaire et on assiste à son utilisation irrationnelle
(pourritures, vente illicite, mauvais entretien, etc.). C'est le cas, par
exemple, du coton qui reste la seule culture bénéficiant, au
Bénin, d'un système semencier formel.
La recherche des terres fertiles implique la mise en oeuvre
des techniques culturales extensives et itinérante sur brûlis ;
dans un contexte de limitation de la zone d'exploitation agricole
imposée par l'existence de la réserve de la biosphère. Les
outils utilisés pour la préparation des sols sont rudimentaires.
Il s'agit essentiellement de la houe. Toutefois, l'U-AVIGREF s'atèle
à la mise à disposition des villages riverains des tracteurs afin
de réduire la pénibilité du travail manuel.
Les paysans installent leurs champs dans la zone d'occupation
protégée (ZOC) et sur les berges des cours d'eau. Ce dernier
conduit à la destruction de la forêt galerie et donc le comblement
des cours d'eaux.
Ainsi, pour y remédier, l'autorité a
procédé à la soustraction d'une bande de deux (02)
Kilomètres (Km) de la zone cynégétique de la Pendjari
(Zone d'Occupation Contrôlée) sur l'axe Tanguiéta-Porga et
d'une bande de trois (03) kilomètres (Km) sur l'axe
Tanguiéta-Batia. Cependant, << le constat est que les champs sont
à des profondeurs supérieures à celles citées et
qui sont de 5,9 Km à Dassari, 4,4 Km à Pouri et 4,2 Km à
Tiélé » (Sokpon et al, 2001 ; cité par AYIHOUENOU,
2005).
Sous la pression démographique, les superficies
emblavées augmentent à un taux inquiétant. Une analyse
de cette situation indique l'utilisation peu rationnelle des superficies qui
sont gérées de
façon inefficiente. Selon AMADOU (2008), << la
pression à la périphérie des réserves de
biosphère est l'expression d'une régression progressive des
ressources naturelles et productives des populations riveraines qui est
malheureusement doublée d'un accroissement des effectifs des personnes
et du bétail ». D'où, les ressources naturelles que renferme
la réserve de biosphère deviennent alors des ressources rares et
nécessaires pour les usages multiples des populations.
Selon les membres d'AVIGREF, ce mode opératoire induit
des problèmes de manque de terre d'où les occupations
frauduleuses de terres dans la zone protégée. Mais l'argument du
manque de terre est rejeté par les autorités de la DPNP qui
préconisent l'intégration des techniques culturales intensives et
l'introduction d'autres cultures à forte valeur ajoutée telles
que le coton biologique et les produits maraîchers.
Appuyée par la GTZ et HELVETAS en collaboration avec le
CENAGREF et la DPNP, l'expérimentation du coton biologique
dénommé << ALAFIA » (coton biologique et
équitable) a démarré en 2008 dans les villages riverains
de la RBP. Selon les Responsables locaux de ces structures, cette phase a
enregistré un effectif de 220 Paysans volontaires à raison de 1/4
d'hectare par paysan avec une production globale d'environ 15 Tonnes. Cette
initiative est portée par les AVIGREF d'où la
nécessité d'être membre avant toute adhésion au
programme.
La campagne suivante a enregistré 310 Paysans avec une
possibilité d'extension des surfaces cultivées et la production
s'élève à 37 Tonnes. Cette culture est
caractérisée par sa pénibilité et le rendement
faible de la production. Mais ces facteurs sont compensés par la valeur
du produit dont les questions de débouchés sont
réglées par les partenaires stratégiques, dans un
élan de solidarité avec ceux des pays voisins. Ce qui explique
les initiatives d'élargissement de la culture biologique à
d'autres produits comme le sésame et le soja, dont les
débouchés sont déjà identifiés, selon les
Responsables.
Toutefois, ils ont déploré la moindre
implication des techniciens de la CeCPA, ce qui ne faciliterait pas, à
terme, l'appropriation du projet et son extension dans toute la zone à
travers la maîtrise de l'itinéraire technique de production.
Il est envisagé la mise en place de mesures
d'accompagnement au profit des paysans volontaires telles que l'octroi de
crédits de campagne à compter de la prochaine campagne agricole
par le biais d'une IMF professionnel identifié.
Les impacts attendus de ce projet sont :
? La biodiversité dans la RBP et la santé humaine
sont épargnées des effets néfastes des pesticides et
autres produits chimiques de synthèse ;
? Les producteurs de coton biologique et équitable (y
inclus les produits de rotation) augmentent leurs revenus et améliorent
leur cadre de vie par rapport à la production du coton conventionnel
dans la ZOC.
La pertinence de toutes les actions mises en oeuvre dans le
cadre de la conservation se justifie davantage par la taille de la population
agricole dont les activités ont un impact direct sur la RBP.
L'évolution de la population agricole se présente comme suit :
Tableau 7 : Récapitulatif population
agricole
|
Année
|
1992
|
2002
|
Divisions administratives
|
Nombre Ménages
|
Population
|
Nombre Ménages
|
Population
|
Commune Matéri
|
8 168
|
56 954
|
11 060
|
79 719
|
Commune Tanguiéta
|
5 216
|
36 120
|
6 877
|
46 621
|
Total Communes
|
13 384
|
93 074
|
17 937
|
126 340
|
Arrondissement Dassari
|
1 716
|
12 319
|
2 535
|
18 969
|
Arrondissement Tanougou
|
533
|
4 798
|
793
|
6 833
|
Arrondissement Tanguiéta
|
1 455
|
10 360
|
1 815
|
12 583
|
Total Arrondissements
|
3 704
|
27 477
|
5 143
|
38 385
|
Villages Riverains Matéri
|
1 275
|
9 108
|
1 931
|
14 397
|
Villages Riverains Tanguiéta
|
1 166
|
9 218
|
1 638
|
12 540
|
Total Villages Riverains
|
2 441
|
18 326
|
3 569
|
26 937
|
Source : INSAE, 2002
Malgré toutes ces dispositions, il demeure que
l'accès et l'appropriation des ressources naturelles de la RBP se
heurtent à une législation rigoureuse et inflexible malgré
l'impérieuse nécessité des populations riveraines. Ce jeu
d'acteurs se matérialise à travers des oppositions, voire des
conflits incessants mais aussi des avancées non négligeables dans
la prise de conscience locale de ces populations.
PRIX MOYENS
400
600
200
800
700
500
300
100
maïs sorgho riz local voandzou haricot Arachide igname
tomate
0
Dantokpa
Malanville
2006
Natitingou
Tanguieta
MARCHES
Dantokpa
Malanville
2007
Natitingou
Tanguieta
Dantokpa
Malanville
2008
Natitingou
Tanguieta
2.1.2.1.2. Le commerce
Ce secteur d'activité implique une grande partie de la
population féminine. Les villages riverains à la RBP sont tous
dotés d'un marché qui s'anime une fois par semaine. Les produits
agricoles y sont commercialisés et les acheteurs proviennent du chef
lieu de la Commune ou d'autres villes plus éloignées, à
des fins spéculatives.
En effet, on assiste, lors des périodes de
récoltes, à un bradage systématique des productions, ce
qui expose les populations à l'insécurité alimentaire. De
ce fait, ces populations se retournent vers ces commerçants
véreux, au cours de la période de soudure, pour s'approvisionner
en ces mêmes produits à des prix très élevés,
souvent à crédit remboursable à partir des récoltes
futures. En conséquence, cette pratique renforce la paupérisation
des producteurs en faveur des commerçants qui, de mieux en mieux, avec
l'appui des institutions de micro finance plus tournées vers le
financement des activités d'achat/vente, s'organisent pour disposer de
ressources financières nécessaires à la conduite de leurs
activités.
Le comportement des prix au niveau des différents
marchés illustre l'attitude rationnelle des commerçants qui juste
après les récoltes envahissent les villages aux fins
spéculatives.
Selon les Responsables de la CeCPA, cette situation est
renforcée par le retard qu'accuse la mise en place des fonds
destinés au programme de constitution du stock de sécurité
de l'ONASA démarré depuis l'avènement de la crise
alimentaire.
L'évolution des prix des produits sur le marché
local et les marchés d'écoulement se présente comme suit
:
Graphique 8: Prix moyens annuels en FCFA/kg de
2006 a 2008
De l'analyse de cette figure, on observe une
amélioration des prix, d'année en année, de bon nombre de
produits aussi bien au plan local que national. La tendance haussière
des prix entre le marché local et les autres ci-dessus
présentés constitue un élément motivateur des
commerçants qui sont préoccupés par la réalisation
du profit. Il est important de préciser que le comportement du prix de
la tomate, au niveau local, témoigne de sa rareté alors que les
possibilités de développement de la filière
maraîchère existent.
Le petit commerce au sein des villages riverains n'est pas du
tout développé. Ces petits marchés servent surtout dans la
vente de la bière locale à base de sorgho communément
appelée « Tchoucoutou ». Les produits de base tels que les
condiments, les produits de toilette et autres proviennent, majoritairement,
des villes principales. Le principal marché de la région est
celui de Tanguiéta. Les produits issus du braconnage qui tend à
devenir transfrontalière sont prisés et ils sont
écoulées de façon clandestine dans les villes ou
destinées parfois à la consommation domestique.
2.1.3. Intermédiation sociale des AVIGREF et des
Autorités communales : les retombées de la cogestion
Les autorités de la DPNP, avec l'appui des bailleurs de
fonds ont mis en place un dispositif de gestion axé sur une bonne
organisation des acteurs locaux dans les aires périphériques.
Ainsi, ces populations pratiquent par le biais des dynamiques associatives des
activités génératives de revenus ou alors tirent des
revenus substantiels du tourisme et des activités de chasse dans les
zones cynégétiques. Ces revenus sont répartis entre toutes
les parties prenantes.
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