II.4 ASPECT DES LESIONS
ELEMENTAIRES EN GASTROSCOPIE
Les classifications se heurtent aux problèmes de
terminologie. Nous proposons ici une classification des aspects anormaux
rencontrés par l'endoscopie indépendamment de toute donnée
histologique, car les anomalies apparemment bien différentes peuvent
correspondre à un statut histologique identique.
1. l'aspect hémorragique : il est exceptionnel de
rencontrer une muqueuse saignant en nappe sauf dans les troubles majeurs de la
coagulation. Plus fréquentes sont les lésions
pétéchiales ou purpuriques, confluentes ou
disséminées. Les causes d'erreurs sont possibles, qu'il s'agisse
de traumatismes liés au fibroscope lui-même, aux aspirations par
sonde. Le diagnostic avec l'angiomatose est plus facile; les
éléments sont plus violets que rouge, discrètement
surélevés et aux contours moins régulièrement
cerclés.
2. L'aspect catarrhal : caractérisé par un
changement de coloration de la muqueuse qui devient rouge, parfois luisante.
Cet aspect peut être diffus sur l'ensemble de l'estomac ou se localiser
sur le fundus ou l'antre. Mais bien souvent la disposition est plus
précise, réalisant un aspect en bande au sommet des plis
fundiques ou irradiant en rayons de roue à partir du pylore. A cet
aspect rouge de la muqueuse s'associent des modifications du mucus épais
et louche et des exsudats collés à la paroi ou disposés de
façon réticulaire. Les causes d'erreurs sont rares sauf la stase
gastrique.
3. La muqueuse blanche = la coloration de la muqueuse est
blanc-jaunâtre. Elle laisse voir alors en transparence les vaisseaux
sous-muqueux capillaires et veineux. Ces aspects correspondent dans près
de 85 % à une atrophie histologique. Causes d'erreurs = syndrome
anémique.
4. Les érosions = l'érosion correspond à
une perte de substance superficielle entourée ou non d'un bourrelet mais
d'un halo congestif. Le fond peut être net détergé ou au
contraire recouvert d'un enduit fibreux donnant alors un aspect aphteux ou
nécrotique. Lorsque, perdant leur forme arrondie et leur topographie
disséminée les érosions sont irrégulières,
confluentes, elles posent un problème diagnostique avec les
hémopathies surtout lymphoïdes.
5. Les surélévations : elles se
présentent sous deux formes que d'habitude permet le plus souvent de
reconnaitre :
- La première est la surélévation
ombiliquée ou polyploïde. Il s'agit d'un nodule surmonté
d'une dépression détergée, ou découverte par une
membrane aphtoide ou nécrotique, de nombre variable. Le diagnostic
différentiel en est aisé dans la forme diffuse, mais lorsque ces
surélévations sont peu nombreux, plus volumineuses, elles feront
discuter les polypes gastriques, qu'ils soient fibro-inflammatoires ou
hyperplasiques.
- La seconde où la surélévation est
simple, plus blanche que la muqueuse de voisinage correspond aux
métaplasies intestinales à forme surélevée. Elle
est soit unique soit multiple, réalisant alors l'aspect en pierres de
jardin japonais.
6. Les gros plis : pour admettre et retenir en endoscopie
le terme de « gros plis »; il faut, comme pour l'examen
radiologique, obtenir une bonne distension de la cavité gastrique et
utiliser l'insufflation forcée. Les plis du corps gastrique ont une
épaisseur normale de 10 mm plus ou moins et se disposent de
manière parallèle. Deux anomalies sont donc possibles :
épaississement des plis et perte de leur disposition longitudinale
parallèle. La muqueuse qui les recouvre peut être de coloration
normale ou congestive de manière diffuse ou sous forme de bandes rouges
au sommet des plis. Le diagnostic différentiel est difficile. Il se pose
avec la maladie de MENETRIER, les varices de la grosse
tubérosité, les hémopathies et en particulier le lymphome
dans sa forme diffuse, avec le cancer surtout infiltrant de type linite, fixant
les plis.
7. Les rigidités : la rigidité est
caractérisée en endoscopie par la fixité des plis, soit au
niveau du fundus où ils ne sont pas effacés par l'insufflation
forcée soit au niveau de l'antre où leur direction, leur forme ne
sont pas modifiées par le péristaltisme. Le diagnostic est celui
des cancers infiltrants. (15,18).
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