3.3.3 Coût de la scolarisation et devenir
scolaire
Le devenir scolaire des orphelins est fortement lié aux
moyens financiers à mobiliser pour assurer leur scolarisation. Plus les
coûts seront élevés, moins les personnes responsables des
enfants seront en mesure de les maintenir à l'école, et surtout
si le chef de ménage ne reçoit pas de la part des
associations/structures un appui pour le payement des frais de scolarité
et l'achat du matériel didactique
Pour ce faire, nous avons croisé deux (2) variables: la
profession des chefs de ménage et les raisons possibles d'une
déscolarisons précoce de l'orphelin. Les résultats sont
consignés dans le tableau ci-dessous :
77 Des voies s'élèvent
déjà pour remettre en cause cette gratuité de
l'école qui considère qu'elle conduira à la construire un
système à double vitesse : l'un bon et performant pour ceux qui
comprennent et qui ont les moyens et l'autre inefficace et moribond pour le
reste. Sources: Eugène Ilboudo, observateur n°7008 du 09 au 11
Novembre 2007
78 LOKPO komla, Conditions socio-économiques et
rendement scolaire des élèves sous tutorat à Ouagadougou:
une approche des relations entre la famille "tutorale" et les résultats
à l'école. Université de Ouagadougou, Mémoire de
Maitrise, FLASHS, 1999, p 64
Tableau n° 20 : Relation entre la
profession chefs de ménages et la raison susceptible de pousser à
une déscolarisation de l'orphelin
Raison
Profession
|
Manque de moyens financiers ou absence d'appui
de structure
|
Mauvaises performances/ abandon
scolaires
|
Totaux
|
Cultivateurs
|
47
|
4
|
51
|
Ménagères
|
7
|
1
|
8
|
Employés
|
1
|
3
|
4
|
Retraités
|
3
|
2
|
5
|
Commerçants
|
8
|
4
|
12
|
Totaux
|
66
|
15
|
80
|
Le tableau nous fait ressortir que pour 82,25% des cas, la
présence de moyens financiers demeure une condition sine qua non pour
que les enfants puissent aller à l'école. Des diversités
apparaissent cependant au sein des différentes catégories de
profession. Si le manque de moyens pourrait être la cause d'une
déscolarisation pour 92,15% des cultivateurs ou 87,5% des
ménagères, cette raison est évoquée par seulement
un tiers (1/3) des employés.
Conclusion partielle : la demande d'éducation
s'imbrique dans un ensemble de perceptions que l'on a vis-à-vis de
l'institution scolaire. Ces perceptions sont ancrées dans les
retombées sociales que les populations attendent de leurs efforts de
scolarisation. Cependant, arriver à scolariser un enfant requiert un
investissement qui a un coût. Pour 82,25% des personnes
interrogées (toutes professions confondues) la question de moyens
financiers pourrait constituer la cause de déscolarisation, les familles
comportant plusieurs enfants étant encore plus
défavorisées.
En effet, force est de reconnaître que les personnes en
charge des orphelins pourraient être contraints à des choix
dictés par la limite des moyens. Face au nombre élevé
d'enfants à scolariser, ils devront envoyer seulement
une partie à l'école. Même s'il nous parait difficile de
prévoir les critères de sélection des chefs de
ménages, trois (03) schémas pourraient s'offrir à eux :
une sélection par les performances scolaires, « en ne
scolarisant que les enfants les plus aptes à aller à
l'école » (Rémi CLIGNET)79, une
sélection par les coûts (c'est-à-dire que seulement les
enfants dont les frais de scolarité sont les moins chers iront à
l'école), ou une sélection par filiation. Si ce dernier cas se
devait d'être la base du choix de celui qui a l'orphelin à sa
charge, avec dix neuf (19) vivant chez l'un des parents géniteurs, c'est
un pourcentage de 23,75% qui pourraient être mieux lotis, contre la
grande majorité de 76,25% qui ne sera pas considérée comme
choix prioritaire.
En somme, la capacité financière de la plupart
des chefs de ménages n'est pas en mesure de leur permettre de
répondre aux besoins de scolarisation des orphelins. Cet état de
fait, les chefs de ménages en ont pleine conscience et certains essayent
de trouver les solutions palliatives auprès des structures et autres
associations d'aide à l'enfance.
79 CLIGNET Remi, La demande d'éducation :
aspects sociologiques. Afrique contemporaine (FRA), 1994, N°
spécial, p112
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