3.3 Le coût de la scolarisation : une influence
certaine sur le devenir scolaire des orphelins.
La scolarisation, avions nous dit, est un concept dont il
n'est pas toujours aisé de saisir les contours tant il s'imbrique et
entretient des similitudes avec des concepts voisins tels que
l'éducation. Au delà de ce fait, la compréhension la plus
simpliste revient à penser qu'il regroupe l'ensemble des moyens mis en
oeuvre pour permettre à un enfant de pouvoir fréquenter une
institution scolaire. Cette nécessité, si elle a une forte
connotation économique, demeure aussi ancrée dans son aspect
social qui s'appréhende par le regard que l'on se fait d'abord de
l'institution, des profits que l'on entend en tirer, en somme, de la vision que
l'on s'en fait.
3.3.1 La vision de l'école.
L'école est de nos jours perçue comme une bonne
chose. Ce point de vue est unanime pour l'ensemble des
enquêtés. C'est aussi le constat fait par PALENFO A.A65
(2006)
63 Selon les résultats de l'Enquête
Prioritaire sur les conditions de vie des ménages, le revenu moyen
annuel d'un ménage de 7,8 personnes en moyenne est estimé
à 532.045 F CFA, soit un revenu moyen annuel de 68.210 F CFA par
tête. A Toma où la taille moyenne des ménages est de 6,17
personnes, ce revenu moyen annuel est de 420.861 F CFA (source: SAGEDEC,
monographie de la commune de Toma, rapport définitif, DREP/BM, juillet
2000, 136p)
64 Femme ménagère de 41 ans
65 PALENFO Akpéba Annabelle: stratégie
de scolarisation et représentation de l'école chez les familles
lobi et birifor vivant à Ouagadougou, mémoire de Maitrise,
Université de Ouagadougou, UFR/SH, 2006, p47
pour qui « l'école est importante pour
l'avenir des enfants dans la mesure où elle permet d'une part d'avoir
une promotion et d'autre part, d'acquérir des connaissances permettant
d'éviter l'analphabétisme et d'avoir une ouverture sur le
monde» Certains enquêtés n'hésitent pas à
parler d'obligation. Obligation pour eux parents d'y envoyer leurs enfants,
obligation pour les enfants d'y aller. Des divergences de point de vue
n'apparaissent que quand l'on se met dans la dynamique de son utilité,
c'est-à-dire ce à quoi elle doit servir.
Tableau n° 17 : Vision de
l'école des chefs de ménages en fonction de leur niveau
d'instruction
Utilité de
l'école niveau
d'instruction
|
Comprendre le français
|
Avoir des connaissances
|
S'ouvrir au monde
|
Travailler
|
Totaux
|
Aucun
|
6
|
2
|
3
|
18
|
29
|
Primaire
|
2
|
11
|
4
|
17
|
34
|
Secondaire
|
-
|
1
|
14
|
2
|
17
|
Totaux
|
8
|
14
|
21
|
37
|
80
|
L'entendement premier que les enquêtés ont de
l'école est qu'à long terme, elle doit conduire à
l'emploi. Tout niveau scolaire confondu, c'est près de la moitié
des enquêtés (46,25% soit 37 personnes) qui s'inscrivent dans
cette logique, avec cependant de légères différences selon
toujours le niveau d'instruction. En effet, plus le niveau
s'élève (c'est-à-dire que quand l'on passe d'un sans
niveau à un niveau secondaire), moins l'on attribut cette tache à
l'école. Pour ceux qui pensent que l'école à pour but
l'insertion professionnelle, plus de la moitié (48,64% soit 18
personnes) n'ont aucun niveau, et seulement 5,4% (soit 02 personnes) ont un
niveau secondaire.
Aussi, l'école représente toujours une
fascination qui semble être l'apanage des personnes sans niveau
d'instruction. 75% des personnes qui n'ont aucun niveau pensent que
l'école a pour objectif de permettre à l'enfant de comprendre le
français, à
l'image de T.I.A.66, pour qui :
au moins, on peut avoir des enfants qui comprennent français, lisent
et écrivent nos lettres (...) comme nous on n'a pas eu cette chance
d'aller à l'école >. Pour beaucoup de personnes, tout se
résume aujourd'hui à l'école. A ce propos,
T.F.67, dira : un enfant qui est allé
à l'école vaut toujours mieux qu'un enfant qui n'y est pas
allé >. K.E.68, pour nous prouver
combien pour elle l'école est d'une importance, ira jusqu'à nous
raconter son anecdote : un jour je suis allée à
l'hôpital pour voir un malade. Comme je ne connaissais pas où
était la chambre du malade, je suis rentrée par hasard dans le
bureau d'un médecin. Cela ne lui a pas plu et il m'a dit : c'est
bête ça ! Ne sachant pas ce qu'il a dit j'ai répondu oui
oui ! Celui qui était avec lui m'a alors expliqué qu'en fait il
m'a insulté. Si j'avais été à l'école,
j'aurai compris ce qu'il a dit ! >
Enfin, pour 17,5% des personnes qui ont majoritairement un
niveau primaire (78,57%), l'école permet aux enfants d'avoir des
connaissances alors que 26,25% d'entre eux voient en elle le moyen pour
l'enfant de s'ouvrir au monde. Cette dernière categorie est
dominée par ceux qui ont un niveau secondaire (66,66%).
En somme, on constate une vision à dominance positive
de l'école. Cela devrait influencer positivement la décision des
ménages d'y envoyer leurs enfants. C'est l'avis aussi de
F.J.69, quand il affirme : c'est un
problème de moyens, sinon personne ne doit laisser son enfant sans le
mettre à l'école >. L'expression «manque de
moyens» confirme la variante économique de la demande
d'éducation. On est tenté de se poser la question suivante :
combien coûte la scolarisation d'un enfant?
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