2) La compétitivité : salariés et
coût du travail
A) PRODUCTIVITE HORAIRE ET TEMPS DE TRAVAIL
Comme le montre le tableau ci-dessus issu d'un rapport
du sénat datant de 2009, sur une période de sept années,
la France a créé plus d'emplois que l'Allemagne en valeur
relative. En parallèle, la productivité horaire frangaise a
progresser plus vite qu'en Allemagne : une amélioration de 21% depuis
1999 pour la France, contre 14% pour l'Allemagne. Enfin, les deux pays
connaissent une diminution générale du temps de travail, plus
important pour l'Allemagne que pour la France.
Il existe en fait un lien entre la diminution du temps
moyen de travail et la croissance de la productivité horaire : le
partage du travail permet a de plus nombreux séniors et non
qualifiés de travailler, et par conséquent la «
qualité » moyenne des travailleurs diminue. Il est donc logique que
la productivité frangaise progresse plus vite que la productivité
allemande. Ainsi les arguments qui consistent a mettre en avant la loi sur les
35h comme fondamentales dans le ralentissement de la croissance frangaise, et
donc de ses exportations, sont a nuancer.
D'après Martine Aubry, un ouvrier de
l'industrie allemande travaille en moyenne 150h* de moins par an qu'un ouvrier
frangais. On pourrait donc conclure que l'industrie allemande travaille moins
vite, et moins longtemps que l'industrie frangaise. Ce n'est donc pas cet
aspect qui explique les meilleurs résultats de l'Allemagne.
*En réalité la durée hebdomadaire
du temps de travail des salariés a temps plein en France et en Allemagne
connait un écart de 18 minutes en faveur de l'Allemagne en 1990 qui a
augmenté jusqu'à 2h12 en 2002, lors de l'apogée des 35
heures, pour se stabiliser a 1h12 en 2010. D'après Laurence Parisot,
«1h12 par salarié par semaine par année, c'est
considérable en capacité et effort de production. La durée
du travail a toujours un effet sur la compétitivité de notre pays
et le nier revient a refuser de voir la réalité en face.* Cet
écart important ne concerne toutefois que les salariés a temps
complet. Car, en intégrant ceux a temps partiel (2 % des emplois en
Allemagne, contre 13,3% dans l'Hexagone), un actif occupé travaille 164
heures de plus par an en France. Et ce malgré une productivité
horaire du travail, bien qu'en baisse depuis 2003, encore supérieure a
celle de l'Allemagne.
B) LE COUT DU TRAVAIL
D'après Francois Fillon, le coat du travail
était plus faible en France qu'en Allemagne, mais le dépasse
depuis peu et se place en moyenne 20% au-dessus de la moyenne de la zone Euro
suite a une forte augmentation depuis 2003.
Laurence Parisot également parle beaucoup de
l'évolution du coat du travail entre la France et l'Allemagne, un
paramètre directement lié a la durée du travail et crucial
en matière de compétitivité. D'après elle,
l'avantage serait nettement en faveur de l'Allemagne : alors que le coat
horaire de la main-d'ceuvre - «en intégrant les allégements
de charges», était inférieur de 2 euros en France en 1990,
il a dépassé celui de l'Allemagne après la mise en place
des 35 heures, en 2003, pour atteindre 37,20 euros en 2010, contre 30,2 outre-
Rhin. Soit «un écart de 23%».
Martine Aubry, quand a elle renie tout problème
lié au coat du travail. Qu'en est-il réellement ?
D'après l'INSEE, en 2008, la France et
l'Allemagne avait 21 centimes d'écart dans le coat horaire du travail
moyen des industries manufacturières : 33,16€ pour la France,
33,73€ pour l'Allemagne.
Un exemple frappant qui prouve bien que quoi qu'il en
soit le coat du travail n'est pas le nceud réel du problème
est l'évolution de ce dernier dans le secteur automobile : avant les
années 2000, la France avait continuellement un coat du
travail inférieur a l'Allemagne dans ce
secteur. Depuis 2000, la différence s'est érodée et s'est
même inversée. Pour autant, personne n'osera affirmer que c'est la
raison pour laquelle l'industrie Automobile frangaise est moins performante, la
raison se trouve plutôt du côté de la stratégie
industrielle des groupes, et probablement également de leurs
produits.
Enfin, le coat du travail a continuellement
diminué en France jusqu'en 1996, stagné ensuite et raugmente
depuis une dizaine d'année, plutôt plus vite qu'en UE (2,2% en
moyenne en 2011 pour 3,8% en France). Cela mis en avant, on ne peut renier
l'implication du coat du travail dans les problèmes de
compétitivité. C'est la raison pour laquelle le gouvernement
précédent souhaitait réaliser des réformes telles
que la TVA dite sociale, ou d'offrir la possibilité aux employeurs de
laisser les salaires et ou le temps de travail flexibles en fonction des «
carnets de commandes » des entreprises. Bien sur, en période
d'élections ces sujets clivant sont compliqués a mettre en oeuvre
rapidement, et ont même été largement abandonnés
avec la victoire de Francois Hollande.
Finalement, le coat du travail est un problème
qui est très largement accentué par un manque de
démarcation des produits frangais. En gardant l'exemple de l'industrie
automobile, la comparaison avec l'Allemagne est pertinente : La France a perdu
en coat du travail relatif ces dernières années, et n'a pas su
compenser par une montée en gamme ou une hausse de la
productivité. Elle a opté pour une stratégie inverse de
celle de l'Allemagne. Quand cette dernière s'est
spécialisée dans le haut de gamme pour se démarquer des
pays émergents, la France a baissé en gamme, se positionnant
essentiellement sur des produits de moyenne gamme.
En réalité, le couple coat du
travail/compétitivité doit être analysé ensemble
pour être pertinent : le problème de la France ne réside
donc pas nécessairement dans son coat du travail, raisonnable ou dans sa
compétitivité (les salariés frangais sont a la
troisième place en termes de compétitivité dans le monde)
mais dans une dégradation du couple coat/compétitivité :
le coat du travail augmente plus rapidement que la
productivité.
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