PARTIE 3 :
LES POLITIQUES DE
SOUTIEN A L'EXPORT ET
LES ENJEUX DE
L'AVENIR
1) La culture française est-elle compatible avec
l'idée de l'export ?
Pour Richard Yung, la dégradation des performances
frangaises a l'étranger est le fruit de deux raisons principales
:
- La réticence a exporter loin de la
France
- Le manque d'agressivité des PME
En effet, les exportations sont essentiellement
tournées vers l'Europe, voire même en majorité pour les PME
des pays frontaliers, et pas suffisamment vers l'Asie et plus
généralement les marchés a forte croissance. Ainsi, 50%
des PME indépendantes exportent exclusivement vers des marchés
intégrés a l'Europe, et l'importance de la Belgique et de la
Suisse montre bien a quel point les marchés ayant une culture assez
proche de la notre sont privilégiés. De même, on peut
déduire de la place du Maghreb la sécurité de la langue et
de celle des Etats-Unis celle de la culture occidentale. On note ainsi que
seules une PME indépendante sur quatre exporte vers des pays
émergents lointains, et que globalement, elles travaillent par zone
géographique : une PME qui exporte en Suede sera plus ouverte a exporter
plus largement dans les pays nordiques qu'au Maghreb.
Egalement, le manque de démarcation de nos
produits, liée, comme cité précédemment, a leur
coat, a leur qualité etc...inhibe la confiance de leurs porteurs et
réduit leur capacité a etre agressif et
compétitifs.
Ce constat peut etre soutenu exclusivement par les
logiques économiques exposées : manque de Recherche et
Développement, adaptation différente a la mondialisation par
rapport a l'Allemagne, produits peu démarqués de leur concurrence
et montée en puissance des marchés émergents sont a
l'origine de ce déclin relatif. Mais il convient d'ajouter une dimension
culturelle et psychologique a cette dégradation relative.
Tout d'abord, historiquement, la France se tourne vers
des marchés maitrisés et connus, et ce de maniere
exagérée en période de crise. Si tant est que ces crises
soient comparables, et que les contextes sont fort éloignés, pour
illustrer ce propos, il convient de regarder l'évolution du commerce
extérieur de la France avec ses colonies durant les années 1930
:
Part en % des importations et exportations avec les colonies
françaises
Année
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Import
|
Export
|
1913
|
10%
|
15%
|
1929
|
20%
|
17%
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1939
|
26%
|
31%
|
Ce phénomene de repli a été
largement généralisé durant cette crise, ce qui d'ailleurs
a pour beaucoup contribué a l'accentuer, mais il a été
particulièrement fort pour la France, ce qui lui a permis
d'échapper en apparence a la crise, mais en fait de la subir sur une
plus longue période en ne s'adaptant pas au marché
mondial.
Ensuite, le peuple frangais n'est pas un peuple qui
voit l'avenir avec un grand optimisme. Comme l'explique Dominique Moisi dans
son livre La géopolitique de l'émotion, l'Europe est un
continent en déclin relatif et qui par conséquent voit l'avenir
dans la peur de ne plus etre a la hauteur. Les frangais sont de tres bons
symboles de ce sentiment : la peur. La peur des pays émergents, la peur
de quitter
les premieres places économiques mondiales, la
peur du recul général de l'Europe, la peur de la Chine. Ce
sentiment est tellement présent que depuis une dizaine d'années
de nombreux ouvrages ont été consacrés a ce sentiment :
Nicolas Baverez La France qui tombe, Alain Chaffel Le déclin
Francais mythes ou réalité ?
Dans ce sentiment général,
exacerbé évidement par la crise actuelle et la montée des
extremes, l'export est réalisé avec une confiance qui peut etre
fortement altérée.
Une introduction de l'INSEE dans un rapport sur l'export
publié en 2008 montre bien cette réticence :
« Les chefs d'entreprise de l'industrie
estiment assez largement que le développement a linternational est tres
important pour l'économie française. Toutefois, ils sont
nettement moins nombreux a émettre cette opinion pour leur propre
entreprise. »
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