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L'éducation primaire comme levier de développement. Analyse critique à  partir de l'Objectif OMD 2: « Assurer l'éducation primaire pour tous »

( Télécharger le fichier original )
par Corinne STEPHENNE
Université catholique de Louvain - Master 120 en sciences de la population et du développement,  2011
  

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VI. Conclusion générale

Le mémoire avait pour objectif de se questionner sur les effets de l'éducation de base sur le développement. Cette analyse a été circonscrite aux effets de l'éducation primaire sur le développement à un niveau macro à partir de la mise en oeuvre de l'Objectif OMD 2 d' <<Assurer l'éducation pour tous » dans les pays en situation d'extrême pauvreté et particulièrement en Afrique subsaharienne.

Deux hypothèses de départ ont été formulées. La première hypothèse relevait le caractère inapproprié de l'objectif pour les pays et les populations en situation d'extrême pauvreté. Elle a été partiellement vérifiée car l'impact potentiellement positif est contrecarré par de nombreuses pressions inhérentes à la réalisation même de l'objectif et à des facteurs externes. La deuxième hypothèse conditionnait les effets de l'éducation primaire sur le développement à la nécessité d'atteindre des niveaux minimaux de qualité. Elle s'est révélée particulièrement pertinente.

A la question initiale << l'éducation produit-elle du développement ? », la pertinence de l'investissement éducatif dans les pays en situation d'extrême pauvreté n'est en soi pas à remettre en question au regard des nombreuses finalités liées à l'éducation et de ses effets potentiellement positifs pour chaque personne. Il s'agit plutôt d'y apporter davantage d'adéquation et d'efficience. Nous entendons par adéquation, un rapprochement entre l'offre de service et la demande d'éducation ainsi qu'une meilleure intégration dans le paysage local au niveau économique, culturel et social. Par efficience, nous entendons une équité qualitative renforcée autour de seuils minimaux d'acquis d'apprentissage. Un rapprochement significatif devrait ainsi être décidé entre une politique à visée universelle et la réalité quotidienne des populations. Cela passe par une réflexion pédagogique contextualisée au côté d'une stratégie de gestion et d'une conformité à un ordre global. Il s'agit aussi d'opérer un rééquilibrage entre l'équité, les moyens et les objectifs.

L'objectif 2 des Objectifs du Millénaire pour le développement pourrait être redéfini en fonction de ces différents éléments. Il ne s'agit donc pas de le supprimer mais de le réorienter. Il est difficile en effet, voire contreproductif, d'aller à l'encontre d'un déploiement de systèmes éducatifs en référence à des normes devenues internationales et de ne pas l'inscrire dans l'économie de la connaissance. Celle-ci est

déjà une réalité dans les pays les plus pauvres. Toutefois, le chemin pour y arriver, à titre individuel, comme au niveau d'un pays, devrait être plus flexible, plus qualitatif et diversifié. Il devrait impérativement s'inscrire dans le long terme.

En conclusion, ce premier état des lieux sur la problématique de l'éducation primaire en lien avec le développement et la pauvreté en Afrique subsaharienne, nous porte vers de nouvelles pistes de réflexion pour l'école africaine d'aujourd'hui et de demain.

A partir de la question posée par J.-Ph. Peemans (17 janvier 2011) « Quels savoirs pour quel développement ? », les pistes d'investigation pourraient s'orienter vers les thèmes suivants :

- les connaissances génériques et les savoirs locaux, le référentiel de durabilité en éducation (Charlier 2010-2011), le développement endogène / territorial (Peemans, 2002) et le développement socio-économique local;

- le capital humain africain et l'économie de la connaissance.

Toutefois, penser en ces termes n'est pas suffisant. De notre point de vue, il serait aussi nécessaire de se pencher sur la gouvernance des politiques. De cet état des lieux, deux autres grands constats ont aussi émergés : le manque de multidisciplinarité dans la définition des politiques de développement et d'éducation au niveau global ainsi que le besoin d'ouverture et de régulation des systèmes d'éducation à un niveau régional ou local pour une meilleure insertion ou évolution tout au long de la vie des bénéficiaires.

Enfin, force est de constater qu'au XXIème siècle, la démocratisation de l'accès à l'enseignement n'a pas encore été rendue possible pour tous. C'est pourquoi, à l'instar des effets de l'invention de l'imprimerie sur le déploiement des systèmes d'éducation au XVème siècle, il nous paraît nécessaire d'intégrer dans la réflexion le potentiel qui pourrait émerger d'un recourt accru aux nouvelles technologies de l'information et de la communication.

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