VI. Conclusion générale
Le mémoire avait pour objectif de se questionner sur
les effets de l'éducation de base sur le développement. Cette
analyse a été circonscrite aux effets de l'éducation
primaire sur le développement à un niveau macro à partir
de la mise en oeuvre de l'Objectif OMD 2 d' <<Assurer l'éducation
pour tous » dans les pays en situation d'extrême pauvreté et
particulièrement en Afrique subsaharienne.
Deux hypothèses de départ ont été
formulées. La première hypothèse relevait le
caractère inapproprié de l'objectif pour les pays et les
populations en situation d'extrême pauvreté. Elle a
été partiellement vérifiée car l'impact
potentiellement positif est contrecarré par de nombreuses pressions
inhérentes à la réalisation même de l'objectif et
à des facteurs externes. La deuxième hypothèse
conditionnait les effets de l'éducation primaire sur le
développement à la nécessité d'atteindre des
niveaux minimaux de qualité. Elle s'est révélée
particulièrement pertinente.
A la question initiale << l'éducation
produit-elle du développement ? », la pertinence de
l'investissement éducatif dans les pays en situation d'extrême
pauvreté n'est en soi pas à remettre en question au regard des
nombreuses finalités liées à l'éducation et de ses
effets potentiellement positifs pour chaque personne. Il s'agit plutôt
d'y apporter davantage d'adéquation et d'efficience. Nous entendons par
adéquation, un rapprochement entre l'offre de service et la demande
d'éducation ainsi qu'une meilleure intégration dans le paysage
local au niveau économique, culturel et social. Par efficience, nous
entendons une équité qualitative renforcée autour de
seuils minimaux d'acquis d'apprentissage. Un rapprochement significatif devrait
ainsi être décidé entre une politique à visée
universelle et la réalité quotidienne des populations. Cela passe
par une réflexion pédagogique contextualisée au
côté d'une stratégie de gestion et d'une conformité
à un ordre global. Il s'agit aussi d'opérer un
rééquilibrage entre l'équité, les moyens et les
objectifs.
L'objectif 2 des Objectifs du Millénaire pour le
développement pourrait être redéfini en fonction de ces
différents éléments. Il ne s'agit donc pas de le supprimer
mais de le réorienter. Il est difficile en effet, voire contreproductif,
d'aller à l'encontre d'un déploiement de systèmes
éducatifs en référence à des normes devenues
internationales et de ne pas l'inscrire dans l'économie de la
connaissance. Celle-ci est
déjà une réalité dans les pays les
plus pauvres. Toutefois, le chemin pour y arriver, à titre individuel,
comme au niveau d'un pays, devrait être plus flexible, plus qualitatif et
diversifié. Il devrait impérativement s'inscrire dans le long
terme.
En conclusion, ce premier état des lieux sur la
problématique de l'éducation primaire en lien avec le
développement et la pauvreté en Afrique subsaharienne, nous porte
vers de nouvelles pistes de réflexion pour l'école africaine
d'aujourd'hui et de demain.
A partir de la question posée par J.-Ph. Peemans (17
janvier 2011) « Quels savoirs pour quel développement ? », les
pistes d'investigation pourraient s'orienter vers les thèmes suivants
:
- les connaissances génériques et les savoirs
locaux, le référentiel de durabilité en éducation
(Charlier 2010-2011), le développement endogène / territorial
(Peemans, 2002) et le développement socio-économique local;
- le capital humain africain et l'économie de la
connaissance.
Toutefois, penser en ces termes n'est pas suffisant. De notre
point de vue, il serait aussi nécessaire de se pencher sur la
gouvernance des politiques. De cet état des lieux, deux autres grands
constats ont aussi émergés : le manque de
multidisciplinarité dans la définition des politiques de
développement et d'éducation au niveau global ainsi que le besoin
d'ouverture et de régulation des systèmes d'éducation
à un niveau régional ou local pour une meilleure insertion ou
évolution tout au long de la vie des bénéficiaires.
Enfin, force est de constater qu'au XXIème
siècle, la démocratisation de l'accès à
l'enseignement n'a pas encore été rendue possible pour tous.
C'est pourquoi, à l'instar des effets de l'invention de l'imprimerie sur
le déploiement des systèmes d'éducation au XVème
siècle, il nous paraît nécessaire d'intégrer dans la
réflexion le potentiel qui pourrait émerger d'un recourt accru
aux nouvelles technologies de l'information et de la communication.
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