1.4. Les limites de la théorie du capital humain
Pour J.-E. Charlier, la théorie du capital humain a
été définie aux Etats-Unis après la seconde guerre
mondiale pour répondre aux besoins en mains d'oeuvre qualifiées
et permettre aux entreprises d'évoluer vers des modes de production plus
rentables. Elle atteste de rendements privés et sociaux
élevés. Malgré les nombreuses critiques, << cette
théorie a gardé une prégnance inouïe dans les
organisations internationales et est utilisée pour justifier ou non de
l'investissement dans l'enseignement » (Charlier 2010-2011). Il pose la
question suivante : << Si cette théorie est valable dans les pays
développés du fait de l'existence d'un marché du travail,
qu'en est-il dans les pays en développement ? Dès l'instant
où il y a la certitude d'avoir un emploi sans faire des études,
cette théorie ne tient plus. Dès l'instant où il n'y a pas
de marché de l'emploi, cette théorie ne tient plus non plus sauf
pour que les enfants se rendent compte qu'il est bon de faire des études
» (Charlier 2010-2011). Ainsi, les écoles formelles issues de la
colonisation << ont
commencé à être critiquées au moment
où le ralentissement des recrutements dans la fonction publique a
étranglé ses débouchés naturels >> (Charlier,
2004a : 167).
Pour J. R. Minnis (2006), l'augmentation des niveaux
d'éducation requis pour occuper certaines fonctions est la
conséquence d'une compétition entre groupes sociaux et non la
conséquence d'une augmentation des connaissances technologiques et
intellectuelles requises pour occuper certains emplois. L'éducation des
jeunes filles et des femmes est essentielle pour le développement
économique des pays en développement mais s'il n'y a pas
d'opportunité d'emplois dans le secteur formel, il n'y a aucune raison
que les parents envoient leurs filles à l'école.
Comme déjà mentionné plus haut,
l'école publique coloniale permettait l'insertion vers des postes de la
fonction publique. Cette situation n'est plus vraie aujourd'hui. L'exemple
récent des diplômés demandeurs d'emploi de l'Afrique du
Nord est un autre exemple de la nécessité de faire évoluer
conjointement éducation et marché du travail.
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