Premier pas : Etude de la notion de groupe idéal
et dégagement des éléments idéologiques
organisateurs
Nous avons repris les expériences de Moliner (1992) et
Rateau (1995) étudiant la représentation sociale du groupe
Idéal chez les étudiants, en les appliquant à des cadres
d'entreprise, des travailleurs sociaux et des sujets appartenant à des
communautés religieuses.
Alors que pour les étudiants, les individus d'un groupe
idéal n'entretiennent pas de relations hiérarchiques
(élément du noyau central de la RS) et peuvent avoir des
intérêts divers (élément
périphérique), pour les sujets des trois autres populations, nous
avons observé que la présence d'un chef dans le groupe et la
présence d'un but commun étaient deux conditions de son
idéalité.
EXPERIENCE
On présente aux sujets le texte qui a servi à P.
Rateau comme texte inducteur de la représentation du groupe idéal
(qui pour lui était le groupe d'amis idéal) :
Pierre, olivier, Jean-Jacques, François et Marc
forment un groupe. Lorsqu'on les rencontre, ils donnent l'impression
d'être bien ensemble. Chacun d'eux déclare d'ailleurs être
plutôt content d'appartenir à ce groupe.
pour une part d'entre eux, on ajoute la phrase :
Dans ce groupe il existe une hiérarchie clairement
établie
pour une autre part on ajoute la phrase :
Ils n'ont pas du tout les mêmes
intérêts
et on demande à chacun
Quelle est votre opinion sur cette situation ? (Entourez le
numéro de votre réponse)
1. c'est un groupe très typique
2. c'est un groupe assez typique
3. ce n'est pas un groupe mais ça y ressemble
4. ce n'est pas un groupe et ça n'y ressemble pas.
Résultats: identification d'un groupe idéal
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Etudiants
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Cadres d'Entreprise
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Association sociale
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Communauté
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Hiérarchie
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22%
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75%
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75%
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100%
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Intérêts différents
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85%
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10%
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51%
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2%
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La représentation sociale du groupe idéal comme
groupe d'amis est significativement affectée par le groupe
d'appartenance. Elle ne correspond à la forme de
l'idéalité que pour un groupe : celle mobilisée par les
étudiants.
L'analyse des différences affectant le noyau central
nous amène à penser que l'idéalité du groupe
dépend d'une part des différences de représentations des
relations idéales entre les sujets (la hiérarchie met en cause
l'égalité). Cette hypothèse suppose alors qu'il existe un
lien de subordination entre l'idéalité des relations et la
conception même du sujet humain.
D'autre part, les différences observées au sujet
de la poursuite d'un intérêt commun (versus l'intérêt
personnel) mettent en cause le rapport des sujets à son groupe. Nous
aurions là un autre lien de subordination, c'est-à-dire la
subordination de la notion d'intérêt (personnel versus commun)
à l'idéalité dans les rapports du sujet à son
groupe d'appartenance (l'individu premier par rapport au groupe ou
inversement).
De ces deux inférences, nous permettant de disposer
d'éléments de cognition sociale conditionnant, autrement dit
organisant de manière structurelle les expressions idéologiques
de surface, nous proposons l'hypothèse suivante :
La représentation du groupe idéal est d'une
part commandée par la représentation sociale du sujet humain et
d'autre part par la représentation sociale du rapport du sujet à
son groupe d'appartenance.
Pour tenter d'élucider les éléments
organisateurs des représentations sociales, nous avons poursuivi et
approfondi le travail sur les déterminants de la prise de
décision (Michit, 1995) en suivant trois phases.
La première analyse la position de sujets par rapport
à la représentation de leur groupe professionnel au regard des
typologies groupe d'amis idéal versus groupe productif.
La deuxième phase analyse les déterminants de
l'insatisfaction des sujets qui présentent une différence entre
ceux qui désireraient un groupe professionnel différent de celui
dans lequel ils travaillent.
La troisième phase, interroge les guides des
décisions professionnelles des sujets satisfaits de la forme de leur
groupe.
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