5.5.2. Analyse de la séquence
Nous allons commencer par une vue d'ensemble de cet extrait
puis par une description et une analyse linéaire de cette
séquence. On peut dire que le rythme de la conversation est tonique et
rapide car les enchainements de tours de paroles sont presque tous sans pauses
et il y a plusieurs chevauchements. Cela exprime certainement une certaine
tension au vu du contexte de la discussion que nous avons préalablement
décrite. Les tours de parole de Max apparaissent plus longs que ceux de
Eric, lui donnant ainsi l'occasion de développer à voix haute sa
pensée, alors que Eric fonctionne plus par des interjections et des
phrases courtes. On peut alors dire que Eric est tout au long de la
conversation à l'écoute de Max, sanctionnant, qualifiant ou
prolongeant les dires de son interlocuteur.
11
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Max
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Bon au début ça a été difficile aussi
à Laika:: ça a pas été non plus Si:: simple que
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ça (.) mais après euh:: deux mois de fonctionnement
c'est là que ça s'est mis à:::
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13
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(.)=
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Eric
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=[XXX (inaudible)=
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Max
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=[Ë avoir de la facilité (.)=
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19
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Eric
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=[Parce que=
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20
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21
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Max
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=La Réalité fini tous par nous rattraper Ah Ah Ah
(rire cynique) =
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22
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23
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Eric
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=Non mais tu vois sur des trucs j'ai pas envie qu'elle nous
rattrape quoi sur des
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26
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trucs euh:: (.) j'ai pas envie qu'on prenne une décision
une fois qu'y a un gamin qui est éclaté=
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27
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Max
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=Non non non=
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28
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29
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Eric
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=Tu vois=
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30
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31
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Max
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=Mais mais j'dis ça dans le sens oü ya d'la
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réalité euh=
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32
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33
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Eric
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=Ouais=
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Max amorce cette discussion avec Eric en faisant état
de la situation à Mumba par le biais d'une comparaison. En effet, il
invoque le déroulement d'une mission MSF proche en termes de temps et
d'espace, soit celle de Laika. Il se présente donc comme porte-parole de
la situation à Laika, une mission qui se déroule aussi dans la
région du Nord -Kivu et dont il est aussi le superviseur. En faisant
cela, on peut avancer que Max effectue un travail de normalisation de la
situation présente. En normalisant la situation, Max exprime le fait que
ce type de situation (assez tendue) est connu et habituel chez MSF. Ainsi comme
c'est une situation normale, cela renvoie à une réponse normale
de la part de MSF, donc à ce que fait MSF et comment l'organisation agit
dans ce cadre-là. En conséquence, si l'on considère que
l'action d'un acteur a vocation de refléter une partie de ce qu'est cet
acteur, nous sommes donc face à un travail de construction identitaire
et donc de ce qu'est MSF habituellement et itérablement.
La situation présente est qualifiée de difficile
par Max << Bon au début ça a été difficile
aussi à Laika:: ça a pas été non plus Si::
simple que ça (.)È (lignes 11-12). En suivant le fil de cette
comparais on, il signifie toutefois à Eric que la situation
présente tend à l'amélioration après un certain
temps. Il dit ainsi, de la ligne 12 à 17, << mais après
euh:: deux mois de fonctionnement c'est là que ça s'est mis
à::: [É] à avoir de la facilité (.) È. On
peut ainsi supposer qu'en invoquant une mission équivalente à
celle dont Eric à la charge à Mumba, il souhaite le rassurer et
l'encourager. Il conclut son tour de parole en disant : <<La
Réalité finit tous par nous
rattraper>> (ligne 21), ce qui devrait s'apparenter
donc, pour Max, à une note d'espoir pour Eric et une issue positive de
l'accomplissement de sa mission. Du latin res qui signifie la chose,
la réalité désigne communément ce qui est
réel, ce qui existe vraiment par opposition à ce qui est
rêvé ou imaginaire.
L'interaction aurait pu s'arrêter là si Eric
avait acquiescé, mais il enchaine par un << =Non>> (ligne
23) et poursuit en disant qu'il ne souhaite pas avoir à faire face
à la réalité car pour lui, cette réalité
pourrait être la mort d'un enfant: << j'ai pas envie qu'on prenne
une décision une fois qu'y a un gamin qui est
éclaté=>> (lignes 24-25). Il semble donc y avoir une
mécompréhension entre Max et Eric sur ce qu'ils entendent par le
mot réalité. Max reprend la parole et ajoute des
éléments à son argumentation pour permettre à Eric
de suivre sa pensée entre les lignes 31 à 41. Il
défin»t donc ce que signifie pour lui la réalité,
c'est à dire des faits, du concret, des actions posées :
<<C'est à dire du concret ? en faisant les ?choses que:::
que au fur et à mesure que::: qu'ils finissent par se rendre compte
d'eux même hein >> (lignes 35- 3 6). Les propos de Max portent
à croire ici qu'il y a une sorte de vérité omnisciente,
qui n'est connue que des acteurs de MSF et qui apparaitrait donc par le biais
de leurs actions. Les membres de MSF, représentés par le <<
on >> (ligne 37), sont donc positionnés comme ceux qui savent, par
opposition à <<eux >> (lignes 36 et 38), les partenaires,
qui ne savent pas (les hôpitaux, les centres de santé, les
représentants de ces structures). La réalité c'est aussi
ce que l'on fait et ce qu'on ne peut pas faire, comme on peut le constater dans
l'interaction, des lignes 37 à 46 :
35 Max =C'est à dire du concret en faisant les
choses que::: que au fur età mesure
36 que::: qu'ils finissent par se rendre compte d'eux même
hein et puis c'est normal
37 que:: on leur fait changer beaucoup de choses on
réorganise plein de choses
38 donc euh ça les euh et donc c'est confrontant pour eux
hein c'est normal:: quoi
39 on peut pas:: Et puis on peut pas leur présenter le
truc à chaque fois en leur
40 disant:: tout est croche votre truc faut tout refaire parce
que c'est::: ils s'en
41 prennent plein la gueule quoi [et:::
42
43 Eric [Ouais nan mais en même temps on le fait pas
44 comme ça tu vois
4 5
46 Max Non voilà on le fait pas comme ca mais cÕest
pour ca que ca prend du temps cÕest
47 pour ca que ca prend plusie- ca prend des discussions et que
parfois cÕest chiant et
48 que Ah Ah Ah ( rire gene) mais bon cÕest:::
49
50 (3.0)
51
52 Max Et cÕest partout pareil hein
52
53 Eric Ah bein ouais ouais
Ë la ligne 37, MSF, par lÕintermédiaire de
Max, est présenté comme lÕinitiateur de changements et de
reorganisation dans le cadre de ses partenariats. Max signifie toutefois que de
telles actions peuvent etre inquiétantes pour les partenaires de MSF,
tout en disant aussi que cette inquietude est comprehensible, comme on peut le
constater à la ligne 38 : Ç cÕest confrontant pour eux
hein cÕest normal:: È. MSF justifie donc la resistance au
changement et lÕintegre dans son action et dans sa normalité.
Ë la ligne 39, il poursuit en disant deux fois « on peut pas »,
invoquant par cela un certain principe de respect du partenaire, principe
quÕil est, selon lui, nécessaire dÕappliquer dans le cadre
de lÕaction. Au niveau identitaire, on peut donc avancer quÕen
parlant de la sorte, Max met indirectement de lÕavant certaines valeurs
qui définirait MSF et son action, autrement dit, des valeurs de respect
vis-à-vis des partenaires avec qui lÕon travaille. Nos actions
mettent en scene nos paroles, il faut donc transmettre une certaine image par
nos actions qui est en totale correlation avec nos propos.
En suivant cette idée, faire cÕest donc etre, au
même titre que Ç dire cÕest faire È selon Austin
(1991). Il faut donc faire les choses et parler en adéquation avec nos
valeurs, nos principes, valeurs et principes qui définissent ce que nous
sommes et donc notre identité. Les paroles dÕEric aux lignes
43-44 sÕapparentent donc à une affirmation identitaire, presentee
comme une sorte dÕévidence implicite. Eric semble alors
rétorquer à Max que ce respect du partenaire ne doit pas aller
jusquÕà remettre en cause les pratiques de MSF, ou du moins la
vision quÕil en a. Max lui répond alors
: << Non voilà on le fait pas comme ça
mais>> (ligne 46), il marque donc son désaccord par rapport
à cette vision et, par l'emploi du <<mais >>, annonce la
venue d'un argument plus fort. On note donc une légère
confrontation entre eux, c'est à dire deux membres de MSF, par rapport
à ce que fait leur organisation dans ce type de situation. Il s'agit
donc d'un travail identitaire oü l'on voit que cette identité est
en tension.
Poursuivant son propos, Max insiste alors sur les notions de
temps et de discussions qui sont pour lui des conditions à la
réussite de la mission. Aux yeux de Max, la réalité est
donc le résultat d'un processus qui va dans le sens de l'action de MSF,
c'est à dire que le but de la mission de MSF se réalise gr%oce
à plusieurs facteurs qu'il présente et développe dans
cette interaction. Il y a donc le facteur temps avec : << mais
après euh:: deux mois de fonctionnement c'est là que ça
s'est mis à::: [É] à avoir de la facilité (.)
>> (lignes 12-17) et<< ça prend du ?temps >> (ligne
46). Il y a aussi l'action et le travail avec: << en faisant les
?choses >> (ligne 35) et << C'est enrageant mais en même
temps bein:: tu fais quand même ? avancer les ?choses tu finit
quand même? par avoir accès aux gens tu finis quand
même? par faire c'que tu veux faire>> (lignes 82-84). Et pour
finir, il y a un facteur déterminant dans ce processus: la parole avec:
<< ça prend des discussions>> (ligne 47), <<les
discussions>> (ligne 56), << des heu::res et des heu::res de
discussions qui aboutissent ja:mais (.) tu recommences>> (lignes 61-62)
et <<c'était cinq heures de discussions>> (ligne 64).
Le travail de normalisation de Max par le biais des
invocations appara»t clairement à ligne 52: << Et c'est
partout pareil hein >>. Ainsi, la norme est affirmée implicitement
par l'effet de répétition qu'il présente. On voit donc que
Max plaide pour un travail à long terme, voulant dire que si toutes ces
discussions peuvent être
considérées comme a priori une perte de temps,
sur le long terme, ce genre de négociations et de tergiversations
payent. Max en appelle donc à une certaine persévérance,
persévérance qui finit par porter ses fruits et qui, d'une
certaine manière, est présentée comme normale et
attendue au sein de MSF, marquant donc aussi son identité.
Ë la suite de ces mots, il poursuit son argumentation en évoquant
d'autres missions MSF comme il l'a fait en donnant l'exemple de Laika. Il
évoque ainsi des anecdotes passées de missions MSF auxquelles il
a participé au Darfour, au Soudan et au Tchad.
56 Max C'est:: euh et Ici ca va encore (.) parce que au
Soudan putain les discussions
57 foua:::: ((il bouge sa tête de gauche à
droite)) j'te dit pas hein
58
59 Eric Ah ouais j'ai fait le Nigeria aussi ca va aussi
[c'était pas mal
Ah Ah Ah
60
61 Max [Et là tu voit c'est des heu::res et des
62 heu::res de discussion qui aboutissent ja:mais (.) tu
recommences euh:: et là
63 encore tu vois encore pour se déplacer c'est nos
propres infos qu'on prend avant
64 de bouger au Darfour au Soudan c'était euh::
c'était cinq heures de discussions
65 pour pouvoir prendre la route pour euh pour faire une heure de
route (.) à chaque
66 fois à chee à tous les jours Ah Ah Ah
ça prenait l'autorisation le p'tit tampon le
67 machin (.) du AC à chaque fois qu'on faisait
euh:: qu'on se déplaçait pour aller à
68 l'appel des populations=
69
70 Eric =Et situ te déplaces sans ça ?
71
72 Max Ah tu te déplaces pas sans ça (.) Ah Ah Ah
Tu te déplaces pas sans ça
73
74 Eric Y t'arrête y t'arrête
75
76 Max Ah ouais y t'arrête (.) si t'as pas le tampon du
gouverneur du mec du AC ça prenait
77 quatre tampons à chaque arrivée dans
chaque ville fallait aller se refaire
78 tamponner parce qu'on arrivait et là c'était
trois heures de tampons euh:::
79
80 (3.0)
81
82 Max C'est enrageant mais en même temps bein:: tu fais
quand même avancer les
83 choses tu finis quand même par avoir
accès aux gens tu finis quand même
84 par faire c'que tu veux faire (.) et ça était le
bordel avec les histoires de vaccins
85 on voulait faire campagne vacci on arrive à Genina
((avec une voix grave)) Vous
86 n'avez pas l'autorisation de ramener vos vaccins euh::
Pardon Ah Ah ( rire jaune )
87 Pas de vaccination euh::Pardon Ah Ah Ah (rire
jaune) Parce que là ya 25 000
88 personnes dans le camp euh:: Ah Ah Ah (rire gene)
On peut donc dire que l'identité se construit à
l'aide du passé, par le biais d'expériences qui sont par la suite
exprimées dans des interactions par le biais de la narration, à
l'aide d'histoires et d'anecdotes à raconter à ses
interlocuteurs. L'identité d'une organisation se construit donc dans le
temps. Ainsi, en parlant de ses expériences au cours de missions
passées, Max communique ainsi un savoir de MSF
à Eric, car ce n'est pas lui seul qui a
été l'acteur de ses histoires, mais bien des équipes MSF.
C'est donc l'histoire de Médecins Sans Frontières qui est
contée à Eric afin que celui-ci s'y inscrive dans le
présent et l'avenir. Max appara»t donc dans un rTMle de formateur
vis-à-vis de Eric qui est son subalterne au niveau hiérarchique
de l'organisation ou cela peut tout simplement être une transmission du
savoir-faire organisationnel d'un collègue à un autre. Ajoutons
qu'à travers ses mots, Max semble être en train de construire une
image de son organisation, une image qu'il négocie avec Eric au cours de
l'interaction.
90 (4.0)
91
92 Eric Mais à la fin t'as réussi
93
94 Max Ë la fin on a réussi
95
96 Eric Au Nigeria on a pas réussi=
97
98 Max Ah Ah Ah ( rire jaune )=
99
100 Eric Eux ils sont pas mal aussi (.) Ah Ah Ah en
discussion=
101
102 Max =Ah ouais les soudanais et les nigériens
apparemment ils sont pas mal (.) au
103 Tchad ils ont été pas mal aussi par moment
euh
104
105 (6.0)
106
107 Max Tu vas voir le plus p'tit tu vas voir le plus grand tu
vas voir le plus grand des chefs
108 le p'tit chef Ah Ah Ah (rire a gacé)
109
110 (5.0)
111
112 Max Nous ça va encore tu vois on disait que
l'administ- qu'à l'administration du
113 territoire ils étaient chiant finalement ils nous font
pas trop chier depuis qu'on est
114 là quoi
On note que les histoires que racontent Max apparaissent comme
des symboles de réussite. Il dit à ligne 94: Ç Ë la
fin on a réussi È. Ces histoires semblent être
invoquées à titre d'arguments dans le but de convaincre l'autre
afin qu'il s'identifie, comme dans les morales des histoires pour enfants.
Ainsi,
implicitement, Max est en train de présenter et de
mobiliser une image de MSF quisemble être résiliente,
une organisation patiente et persévérante. En effet, les
histoires que raconte Max montrent que malgré tous les
obstacles bureaucratiques, MSF finit par obtenir ce qu'elle veut et à
réussir sa mission, cela à force de patience,
de diligence et gr%oce à sa détermination, trois
valeurs qui sont implicitement mises de l'avant ici.
C'est une sorte de récompense face à son
obstination et celle de ses acteurs, il dit : Ç C'est enrageant mais en
méme temps ben:: tu fais quand mémeavancer les
choses tu finis quand mémepar avoir accès
aux gens tu finis quand mémepar faire c'que tu veux faireÈ
(lignes 82-84). Ainsi, MSF est présentée comme une organisation
résiliente face aux difficultés qui sont présentes dans
son environnement. De fait, méme si cela n'est pas dit dans
l'interaction, on pourrait avancer que Max laisse entendre (ou ventriloquise)
que c'est le type d'attitude ou de comportement qui est attendu de la
part des acteurs de l'organisation. Les exemples et anecdotes que Max raconte
à Eric au cours de cette interaction servent donc à communiquer
cette vision. Ces outils servent donc à lui dire que la normalité
au sein de leur organisation est synonyme, certes, de difficulté, mais
aussi de réussite.
De plus, Max finit par une note positive aux lignes 112
à 114 en relativisant le comportement de l'administration de la RDC par
rapport aux autres pays oü les deux hommes ont accompli des missions pour
le compte de MSF. Donc à travers cette discussion, Max véhicule
le fait qu'il est important que MSF, par le biais de ses acteurs, garde son
calme et continue à discuter parce qu'à la fin elle obtient ce
qu'elle veut, soit l'aboutissement de sa mission. De facon purement
spéculative, on peut ajouter qu'à travers ce travail d'anecdotes,
donc de répétition, Max met en acte un certain leadership en
tentant d'inculquer les valeurs et pratiques de MSF à Eric ou, du moins,
la vision qu'il en a, et ce afin de renforcer son identification et de le
convertir à sa vision. Il est nécessaire à ce stade de
rappeler que Max est chef de mission, tandis qu'Eric est Responsable terrain.
Ainsi, Max, préche, en quelque sorte, par l'exemple pour qu'Eric adopte
sa vision, sa facon de voir les choses, afin
de faciliter la conduite de son travail. Car si Eric voit la
réalité comme Max la voit, il changera sans doute son approche
avec le directeur de l'hôpital, méme si celui-ci semble assez
sceptique lorsqu'il déclare à la ligne 96: << Au Nigeria on
n'a pas
réussi= È.
Pour conclure, il semble que Max et Eric communiquent deux
visions différentes de leur organisation, correspondant ainsi à
deux types de profils de membres de MSF. D'un coté il y a Eric, pour qui
MSF est une organisation avec certains protocoles, certaines manières de
faire et un but à atteindre sans perte de temps, en somme un
idéal, mais qui n'est pas toujours accompagné par la
réussite, loin s'en faut. De l'autre coté on retrouve Max, qui
semble se présenter comme la voix d'un certain compromis, d'une certaine
pragmatique de l'action humanitaire, qui considère qu'il faut composer
avec les autres, comprendre leurs perspectives, pour finalement atteindre son
objectif et réussir sa mission. En somme, c'est donc la confrontation et
la négociation de deux acteurs de MSF et semble-t-il de deux visions de
leur organisation: celle des principes, incarnées par des hommes comme
Eric qui paraissent démunis face aux réalités du terrain
et celle d'une organisation plus à l'aise et plus consciente de ces
mémes réalités, incarnées par des hommes comme Max.
Cette interaction nous a donc montré qu'il y a donc aussi, au sein de
l'organisation, une négociation pour répondre aux simples (mais
non forcement évidentes) questions: << Qui sommes nous ? È
Et donc << Qu'est ce que c'est MSF? È Ainsi, pouvons-nous dire
qu'au sein d'une organisation, les acteurs sont non seulement le produit de
leurs pratiques mais aussi définis par les principes et les valeurs
organisationnelles qui sont censés gouverner ces mémes
pratiques.
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