2.8. L'évaluation de
programme en milieu paysan
L'évaluation est une appréciation rigoureuse et
indépendante des activités réalisées ou en cours
visant à déterminer leur niveau de réalisation des
objectifs fixés et de contribution à la prise de décision.
Les évaluations, de la même manière que le suivi, peuvent
être appliquées à plusieurs domaines tels qu'une
activité, un projet, un programme, une stratégie, un sujet, un
thème, un secteur ou une organisation. La principale différence
entre les deux réside dans le fait que les évaluations sont
effectuées indépendamment dans le but de fournir un suivi des
objectifs aux responsables et au personnel leur permettant de savoir s'ils sont
sur la bonne voie. De plus, les évaluations sont plus rigoureuses dans
leurs procédures, élaboration et méthodologie et
impliquent généralement une analyse de plus grande envergure.
Néanmoins, l'évaluation et le suivi ont tous deux des
finalités très similaires : fournir des informations pouvant
aider à renseigner les décisions à prendre,
améliorer la performance et réaliser les résultats
fixés. En évaluant l'efficacité du développement,
le suivi et l'évaluation visent à mesurer le point suivant :
La pertinence des programmes et projets destinés
à combattre la pauvreté par l'augmentation des revenus
agricoles.
2.9. Analyse
systémique des parties prenantes dans le processus de la planification,
de suivi et d'évaluation
2.9.1. Principes de la planification, du suivi et de
l'évaluation axés sur les résultats dans le secteur
agricole
Cette partie aborde certains de ces principes que les lecteurs
devraient garder à l'esprit tout au long du processus de planification,
suivi et évaluation dans son intégralité.
A. Premier principe : Appropriation du programme par les
paysans
Afin de réaliser les résultats efficaces et
viables dans le secteur agricole, l'appropriation est fondamentale lors de la
formulation et de la mise en oeuvre de programmes et projets. Il existe deux
principaux aspects de l'appropriation dont il faut tenir compte :
· Le degré ou niveau d'appropriation du programme
par les paysans
· L'ampleur de l'appropriation du programme par les
paysans
A.1. Le degré d'appropriation du programme par les
paysans:
Souvent, les différents organismes et ONG locales
accomplissent un processus de planification pour répondre aux exigences
de leurs organes de gouvernance ou de direction, tels que les Conseils de
direction, les sièges ou les bailleurs de fonds. Quand c'est le cas, les
plans, les programmes ou les projets ont alors tendance à être
soigneusement préparer avant soumission mais les exécutants de
cette planification retournent à leurs occupations habituelles une fois
les exigences remplies. Lorsque ces plans sont formulés de
manière à répondre à une exigence et qu'ils ne sont
pas exploités pour diriger les mesures de gestion en cours, les
organisations courent alors davantage le risque de ne pas réaliser les
objectifs établis par les plans des programmes.
En effet, l'appropriation est également fondamentale
lorsqu'il s'agit de mener une activité de suivi et d'évaluation
planifiée et de relier l'information générée par le
suivi et l'évaluation à l'amélioration des programmes
à venir et à l'apprentissage des paysans.
A.2. L'ampleur de l'appropriation du programme par les
paysans
Deux questions se posent quant à l'ampleur de
l'appropriation du programme par les paysans: qui est responsable de l'avantage
ou de l'impact d'un programme de développement ? Et, est ce qu'un
nombre suffisant des paysans ressentent une appropriation du programme ou
projet ?
Toutefois, l'un des principaux objectifs de la gestion
axée sur les résultats est que l'appropriation s'étende
au-delà de quelques paysans et qu'elle touche le plus grand nombre de
parties prenantes possible. C'est la raison pour laquelle le suivi et
l'évaluation des activités et des résultats d'une part,
les recommandations ainsi que les enseignements tirés des
évaluations continues et périodiques d'autre part, devraient
être pris en main par ceux-là même qui sont responsables des
résultats et plus à même d'en faire usage.
B. deuxième principe : Engagement des paysans et
d'autres parties prenantes
Il est crucial, pendant toutes les phases de planification,
suivi, évaluation, bilan et amélioration, d'impliquer les paysans
et d'autres parties prenantes, de gagner leur adhésion et d'obtenir
leur engagement, et enfin, d'encourager la prise d'actions.
Un bon processus de gestion axée sur les
résultats doit inciter les paysans à réfléchir de
la manière la plus ouverte et créative possible sur les objectifs
qu'ils voudraient atteindre dans la production agricole et les encourager
à s'organiser en conséquence, notamment par la mise en place d'un
processus de suivi et d'évaluation des progrès accomplis et
l'exploitation des informations ainsi recueillies pour améliorer la
performance du programme par rapport aux feedbacks paysans.
C. Troisième principe : Se concentrer sur les
résultats des programmes
Les processus de planification, de suivi et
d'évaluation doivent viser la réalisation des résultats et
non la réalisation de la totalité des activités et
l'obtention de tous les résultats selon le calendrier
arrêté. Le champ de recevabilité des organismes tant
nationaux qu'internationaux qui interviennent dans le secteur agricole n'est
pas toujours clairement défini, et par conséquent les domaines
sur lesquels ils devraient se concentrer également. Il est quelques fois
suggéré qu'en raison du caractère modeste de leurs
initiatives, de leur impact limité, et de leur non-recevabilité
quant à l'amélioration du niveau de vie des paysans ou encore de
l'accroissement des revenus agricoles, les activités des organismes
devraient se concentrer sur les résultats de leurs interventions dans
le secteur agricole.
D. Quatrième principe : L'efficacité des
actions de développement dans le secteur agricole: une
priorité
La gestion axée sur les résultats implique
également d'atteindre l'objectif d'efficacité des actions de
développement dans le secteur agricole. Pour obtenir des
résultats significatifs et durables en matière de
développement dans le secteur agricole, il faut aller au-delà
d'une planification générale des réalisations, des
produits et des activités. Ainsi, par exemple, la planification, le
suivi et l'évaluation doivent être axés sur la
durabilité.
De la même manière, à présent
l'accent est mis sur l'égalité entre les sexes dans la
planification, le suivi et l'évaluation des programmes initier dans le
secteur agricole. De nombreux projets et programmes n'atteignent souvent pas
leurs objectifs à cause d'une analyse et d'une attention insuffisante ou
défaillante prêtée aux rôles et aux besoins
différents des hommes et des femmes dans les milieux paysans. Les
inégalités, les pratiques discriminatoires et les rapports de
pouvoir déséquilibrés entre groupes sociaux sont
généralement au coeur des problèmes de
développement et de l'amélioration des conditions de vie des
paysans.
En effet, lorsque les paysans trouvent un
intérêt personnel à quelque chose, c'est-à-dire
lorsqu'ils se l'approprient, il en découle davantage de fierté et
de satisfaction, une meilleure disposition à défendre le
programme après l'appropriation et un engagement accru dans la
résolution des problèmes agricoles. L'application concrète
de ces principes à la planification, au suivi et à
l'évaluation revient à concevoir ces processus de façon
à ce qu'ils soient en mesure de:
E. Cinquième principe : Garantir ou promouvoir
l'appropriation totale par les paysans
Garantir le fait que les processus soient, le cas
échéant, mis en oeuvre par, ou menés conjointement avec
les réalisateurs et les paysans, et que tous les plans, programmes,
projets, ainsi que les activités de suivi et d'évaluation aient
pour objectif premier de soutenir les efforts nationaux pour la promotion de
l'agriculture plutôt que de répondre aux exigences des bailleurs
de fonds. Parmi les questions essentielles à poser dans le cadre de la
gestion des programmes initier dans le secteur agricole : « Les
paysans qui sont les destinataires de ce programme ou projet sont-elles
impliquées dans le processus de planification, de suivi et
d'évaluation ? »; « Ont-ils le sentiment d'être parties
prenantes de ce processus?»; et « Se sont-ils appropriés ces
processus ainsi que le plan ou programme ? »
F. Sixième principe : Promouvoir le renforcement
des capacités paysannes
Pendant la planification et l'exécution du programme
dans le secteur agricole, il faut toujours se demander, tout au long du
processus : « ce programme sera-t-il durable? »; « Peut-on
utiliser ou améliorer les systèmes que nous avons en place?
» ; « Quels sont les potentialités paysannes existantes dans
ce domaine de la recherche des solutions aux problèmes ruraux ? » ;
« Sommes-nous en train de prendre en compte l'environnement favorable,
l'organisation ou l'institution ainsi que les capacités individuelles
paysannes ? » ; et « Comment pouvons-nous nous engager dans les
activités de suivi et d'évaluation pour aider à renforcer
les systèmes de S&E dans ce processus ensemble avec les paysans ?
»
G. Septième principe : Promouvoir le principe
d'inclusion, l'intégration d'une démarche d'égalité
entre les sexes et l'autonomisation des femmes dans les programmes
Il fut toujours chercher dans les milieux paysans à
garantir que les hommes, les femmes et les groupes traditionnellement
marginalisés soient impliqués dans les processus de
planification, de suivi et d'évaluation. Par exemple, se poser des
questions telles que : « Ce problème ou ce résultat, tel que
nous l'avons posé ou défini, reflète-t-il les
intérêts, les droits et les inquiétudes des hommes, des
femmes et des groupes marginalisés ? » ; « Avons-nous
analysé cette question depuis la perspective des hommes, des femmes et
des groupes marginalisés ,en termes de rôles, de droits, de
besoins et d'inquiétudes propres à chacun ? » ; et«
Disposons-nous de données ventilées par sexe suffisantes pour le
suivi et l'évaluation ?
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