Chapitre V- DISCUSSION
La présente discussion apporte un éclairage
nouveau à la suite de l'analyse principale, effectuée au chapitre
précédent. A titre de rappel sur le point méthodologique
de cette étude, particulièrement sur la méthode de
traitement et d'analyse des données, ce chapitre constitue l'analyse
secondaire, qui, par définition, s'effectue en fonction des facteurs
contrôlés et non contrôlés de l'étude. Dans le
cadre de cette discussion, il s'agira précisément des facteurs
dits « non contrôlés », car n'ayant pas
été pris en compte au départ par la question et les
objectifs de recherche.
Le premier facteur (section A) est celui de l'influence
méme du cadre global togolais sur la situation de Gboto
Zévé.
Le deuxième facteur est celui de la pertinence des
modèles de développement communautaire (section B). En effet, il
existe plusieurs types de développement communautaire dont la pertinence
et l'efficacité doivent être au préalable analysées,
puis adoptées en fonction du niveau de la décentralisation, des
capacités institutionnelles, organisationnelles, économiques et
sociales de la communauté. Un exposé de ces différents
modèles de développement communautaire sera fait dans cette
section, avant l'indication (dans les recommandations) du modèle
approprié pour ce cas d'étude.
Enfin, une conclusion partielle en guise de synthèse
(section C), à cette partie concernant l'analyse et
l'interprétation des résultats de l'étude, ouvrira la voie
au dernier chapitre (chapitre VI) qui traitera essentiellement des principales
recommandations formulées à l'endroit des parties prenantes.
A- INFLUENCE DU CADRE GLOBAL
1- Similitude des problèmes au niveau local et au
niveau national
Il est certes vrai que la gouvernance locale n'est jamais la
transposition à une échelle territoriale réduite de la
régulation globale.
Mais, à voir de près, il apparait d'une part
que, la plupart des problèmes rencontrés dans la phase du
diagnostic communautaire de Gboto Zévé, sont les mêmes que
les différentes contraintes du Gouvernement togolais en matière
de santé. D'autre part, les obstacles à l'atteinte des OMD, tels
que relevés dans la première partie théorique
(confère << contraintes et perspectives >>, et OMD 4, 5, 6 ;
pages 14, 15 et 16). L'arbre à solutions avait déjà en
quelques sortes identifié ces similitudes, en faisant ressortir des
responsabilités partagées entre acteurs étatiques et
locaux.
Ainsi, au nombre de ces similitudes, l'on peut retenir entre
autres :
> l'absence de déclinaison des politiques
sectorielles au niveau local, qui peut à juste titre justifier l'absence
de déclinaison locale du Plan National de Développement
Sanitaire. Il n'existe pas un Plan Local de Développement Sanitaire
à Gboto zévé ;
> l'insuffisance des ressources humaines et de la
qualité du plateau technique qui entraîne des faiblesses dans la
qualité des prestations sur le terrain. De même, l'arbre à
problèmes de Gboto Zévé révèle que
l'insuffisance des infrastructures (matériels d'analyse, latrines, etc.)
est l'une des causes du dysfonctionnement ;
> le faible revenu des ménages qui limite la
fréquentation des structures sanitaires (le taux national de
fréquentation des structures sanitaires étant de 30%). Une
similitude au niveau local de Gboto Zévé (toujours
conformément à l'arbre à problèmes), est
l'endettement de certaines malades au niveau du centre de santé. Ces
derniers se soignent << à crédit >> et sont souvent,
pour certains, dans l'impossibilité de payer leur facture par la
suite.
A l'analyse, ceci semble aller à l'encontre du
questionnement de base de la problématique, recherchant le lien entre
gouvernance locale et développement communautaire, tant l'influence de
la régulation globale est visible. Au départ, il était
question de mettre en relation la gouvernance locale et la dynamique de
développement communautaire. Mais à ce niveau, de nouvelles
interrogations jaillissent, et l'on peut se demander finalement si la faible
fréquentation du centre de santé de Gboto Zévé est
logiquement la conséquence d'un système tout entier ou uniquement
l'inertie des populations locales.
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