4-Un management méthodique : « Mercedes
Kultur »
La culture d'entreprise est devenue un thème à
la mode; cela ne signifie pas qu'il ne soit que cela, c'est-a-dire un peu
superficiel, passager. Au contraire : aux Etats-Unis, par exemple, deux auteurs
a succès, Peters et Waterman, insistent sur les variables
«douces», individuelles ou organisationnelles, qui explicitent,
parallèlement a des facteurs « durs » tels les structures et
les systèmes de gestion formalises, le succès des entreprises.
D'autres, en particulier Lodge et Vogel, de Harvard, démontrent que la
compétitivité des nations est dépendante des
idéologies dominantes qui les marquent, pour une période longue.
L'histoire ne s'efface pas d'un mouvement de la manche ; elle marque au
contraire durablement les mentalités.
« Nul pays ne peut progresser s'il méprise son
propre passe, lequel détermine le cours ultérieur de son
développement» affirme quant a lui le Japonais Michiko Morishima en
analysant 1'influence des religions sur la vie économique et sociale, ou
si 1'on préfère, le fonctionnement du couple capitalisme et
confucianisme, technologie occidentale et éthique japonaise. Le passe
véhicule des croyances, des valeurs, des habitudes qui imprègnent
les esprits et les comportements ; elles ne sont pas neutres. Pour 1'Allemagne,
une enquête récente menée par Kruger, de Giessen, a essaye
de mesurer plus précisément 1'impact de cette « culture
». Il est fort, surtout pour les entreprises qui réussissent ; par
contre celles qui connaissent des difficultés ont tendance à ne
pas en tenir compte suffisamment.
Mais que faut-il donc entendre au juste par ce terme un peu
magique et flou de « culture d'entreprise » ? Les spécialistes
s'accordent a reconnaitre la possibilité de la décrire selon
plusieurs volets :
D'abord 1'histoire de 1'entreprise, sa tradition (en
Allemagne c'est un facteur important) ;
En second lieu les métiers qu'elle pratique et par
cela, 1'image de 1'activité que se font le personnel et public (en RFA
cette image est en général très positive)
Ensuite le système de valeurs auquel 1'entreprise se
Fédère :
· les valeurs affichées dans les discours et
écrits des responsables : excellence, qualité, écoute du
client, professionnalisme, droit a 1'erreur, solidarité, ...
· les valeurs véhiculées par les
pratiques : recrutement, intégration, récompenses, promotion des
individus, ...
· les valeurs qui sous-tendent les comportements :
laxisme ou rigueur, ordre un peu rigide ou souplesse, flexibilité,
débrouillardise, responsabilité ou non, attachement ou
indifférence, etc. (le Germain est sensible a la «
Grundlichkeit », a tout ce qui est sérieux, profond,
complet),
· et aussi, en fin de compte, les signes, les
symboles, les rites, les mythes, les tabous. Les Allemands y sont tres
sensibles.
Ces aspects sont plus ou moins visibles, dits ou sous^
entendus. ils s'apprécient notamment par le truchement des langages
utilises, de I' agencement de 1'espace des bureaux ou ateliers, de
l'Esthétique, de I' habillement, de la presse d'entreprise, de
1'ambiance de la cantine, de la qualité de l'accueil ou du standard
téléphonique, du soin apporte au courrier, etc. bref une
variété d'indicateurs « parlants ».
Cet ensemble d'éléments qui définit la
culture d'entreprise trouve ses racines dans l'environnement
caractérisant chaque nation, plus précisément dans le
cadre idéologique qui lui sert de référence. C'est ainsi
que l'idéologie mettra 1'accent sur l'intérêt et
l'épanouissement de 1'individu ou au contraire sur les besoins du
groupe, d'une communauté ; que 1'on accordera le primat a 1'initiative
individuelle ou au rôle de 1'Etat; que l'on privilégiera la
formation d'une élite ou l'éducation des masses, la
propriété privée ou la gestion collective, la
régulation par le marche ou la planification publique.
Il faut reconnaitre que ces options extrêmes sont
rarement appliquées. La réalité concrète impose le
panachage des choix. Les systèmes socio-économiques deviennent
trop compliques pour être pilotes d'une manière uniforme, absolue.
Les exigences aussi sont variées ; un mélange d'initiatives et de
contrôles s'impose. Un peu partout on s'achemine vers une concurrence
organisée.
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