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L'instabilité d'un pays. Une opportunité ou une menace pour les initiatives et les PME

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par Marc Bassil
Université Saint Joseph Liban - Master entreprenariat  2009
  

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2-L'ALLEMAGNE BENEFICIE D'UNE EXPERIENCE INDUSTRIELLE ROBUSTE

Elle lui vaut des structures performantes, un tissu industriel dense, un savoir-faire qui résiste, un management et une culture d'entreprise efficaces.

2.1Un beau tissu industriel; le grand succès des petits

L'histoire a crée un tissu industriel dense et harmonieux. L'Allemagne aime son Industrie ; elle en est fière, elle en parle, elle la présente a la télévision : pas seulement a 1'occasion de troubles (grèves...) ou de difficultés (fermetures d'usines, chômage, mouvements du dollar...), mais aussi pour souligner des réussites .signature de gros contrats, conquête de nouveaux marches, modernisation de processus de production...).

L'industrie fait partie du paysage urbain et rural; elle est largement répandue sur tout le territoire. Ou l'on se trouve, on n'est jamais loin d'une cheminée l'usine, d'une zone industrielle, d'un part d'activités.

Les grands de 1'industrie ont accentue le prestige de leur raison sociale en prêtant leur nom a des Fondations -- Volkswagen, Bosch, Grundig... -- qui affectent leurs ressources, souvent considérables, a des missions d'intérêt général, sans retombée économique immédiate ou directe, tels la protection de 1'environnement, la promotion de manifestations culturelles, le développement de Part, le soutien a l'éducation par des bourses attribuées aux étudiants, aux chercheurs, etc.

Le tissu industriel allemand peut aussi être qualifie d'harmonieux dans la mesure où il se caractérisé par des proportions judicieuses de grandes entreprises (motrices), d'entreprises moyennes (tissu conjonctif fondamental d'une économie de marche) et de petites entreprises (source de renouvellement du système productif et support d'initiatives originales).

Les grandes entreprises, devenues bien souvent de puissants groupes industriels et financiers, sont des vecteurs privilégies de 1'expansion internationale et des supports efficaces des politiques de restructuration industrielle ou de 1'innovation «lourde ». Elles ont à la fois la capacité d'assumer des risques importants et le pouvoir de négociation qui s'impose dans des conditions de plus en plus difficiles. Comme des locomotives elles « tirent » beaucoup d'autres entreprises, de différentes manières :

-- en les associant à la réalisation de contrats, par le biais de la Co-traitance ou de la sous-traitance

-- en contribuant au développement du chiffre d'affaires des entreprises livrant des approvisionnements (en Allemagne, en raison même de la variété et de la densité du tissu industriel, les relations d'interdépendance sont particulièrement fortes),

-- en commercialisant à 1'étranger une fraction des produits des PME.

Cet aspect de la coopération entre entreprises est peu connu. Il se rapproche des pratiques japonaises en ce sens que les grands groupes industriels allemands ont crée en leur sein des sociétés de commerce international (SCI) ressemblant aux fameuses sogo srio-shas. Ces SCI ne commercialisent pas seulement le: produits du groupe (parmi les plus connus de ces groupes a vocation commerciale internationale : Thyssen, Bab-cock & Wilcox, Klockner, GHH, Krupp, Mannesmann BASF, Bayer) mais aussi ceux des PME qui s'adressent: a elles, soient parce qu'elles n'ont pas de réseau de vent. Propre a 1'étranger, soit pour mener une affaire de « compensation » (troc plus ou moins sophistique), soit encore pour supprimer leur risque de change,

en soutenant des initiatives de création d'entreprise: nouvelles : les grands groupes sont assimiles a des incubateurs,

En participant activement a la formation de cadres d'ouvriers professionnels susceptibles de travailler dans d'autres entreprises,

En organisant, par le biais de puissantes associations professionnelles, des structures conformation et d'organisation de la profession vigoureuse. Les « lobbies » industriels font du bon travail.

Les petites et moyennes entreprises occupent quant à elles une place importante dans 1'économie en termes participation au PIB et de contribution au volume 1'emploi. Depuis 1977, ce sont les petites entreprises, moins de 20 salaries qui ont crée 87 % des nouveaux emplois. A 1'inverse, les grandes entreprises (de plus 1 000 salaries) sont responsables de 86 % des suppressions d'emplois. Les entreprises moyennes quant a les occupent une position médiane : les créations et suppressions d'emplois leur reviennent respectivement raison de 13 et 14 % du total. Elles ont cependant cree deux fois et demie plus d'emplois qu'elles n'en y suppriment. Les entreprises moyennes allemandes ont aussi largement tournées vers 1'exportation et les avertissements productifs à l'etranger notamment aux Etats-Unis et en France.

La dynamique des PME ne se réduit pas a des données quantitatives. Plus qualitativement, ces entreprises se caractérisent en général par une productivité élevée, un taux d'innovation élogieux, de bonnes relations sociales (internes et externes), un sens de la responsabilité qui soutient un climat général de liberté économique mais aussi-politique, une grande flexibilité et une faculté d'adaptation rapide aux besoins exprimes ou en gestation.

Deux auteurs américains très en vogue, Charles Sabel et Michael Piore, sortis tous deux du prestigieux moule de référence, Harvard et MIT, ont étudie avec beaucoup d'attention ce tissu industriel allemand en le comparant en particulier a celui de 1'Italie et des Etats-Unis. Leur diagnostic est favorable : quelle chance pour 1'Allemagne de pouvoir compter sur un partenariat entre PME et grands groupes ! Le Bade-Wurtemberg est un modèle au genre, avec Mercedes-Benz et Bosch par exemple. Ces entreprises irriguent de commandes 1'industrie régionale par un réseau de sous-traitance, imposent avec beaucoup d'exigence des prestations de qualité et de précision a leurs fournisseurs, suggèrent des innovations, prescrivent des méthodes modernes de production et de management, avec 1'utilisation, pour tous les fournisseurs du groupe, de logiciels de conception, de fabrication ou de gestion compatibles si ce n'est identiques. Cette nouvelle société duale («Industrial Divide ») fonctionne bien, chacun y trouve son compte : alors que la production de masse est en crise, que la décentralisation de la fabrication s'impose, les « grands » conquièrent par ce système une flexibilité qu'ils avaient perdue. Us deviennent moins vulnérables et plus compétitifs. Les « petits » ont 1'occasion de mettre a profit leur spécialisation et peuvent s'appuyer sur des compétences complémentaires. Us sont branches sur 1'évolution, intégrés, informes, conseilles. Us peuvent ensuite faire valoir ces avantages d'une manière autonome, sur de nouveaux marches.

Des PME en bonne santé s'avèrent désormais indispensables ; on leur reconnait un peu partout, aux Etats-Unis, au Japon, en Italie, beaucoup de mérites. En Allemagne les Pouvoirs Publics 1'ont compris depuis longtemps ; pour eux les PME sont 1'objet d'un volet important de leur « politique structurelle ». Cette expression un peu mystérieuse, qui a sans doute des vertus d'asepsie auprès des autorités de Bruxelles, si soucieuses de détecter les mesures pouvant ouvertement réduire les conditions d'exercice d'une concurrence «pure et parfaite », vaut aux PME d'être choyées. Pour soutenir une classe d'entreprises moyennes («Mittelstand»), Bund et Lander rivalisent d'imagination en matière de financements, dispositifs d'aides en faveur de la création d'entreprises, aides fiscales, aides a la recherche, au développement de programmes « microélectronique », « productique », « maitrise des technologies de 1'information», etc. il ne s'agit pas de tout donner aux grandes entreprises qui savent si bien constituer des dossiers de demandes de subvention et faire valoir leur intérêt pour 1'économie du pays. Siemens donne le ton. Les Pouvoirs Publics se veulent désormais plus équitables.

Dans ce placenta nourricier du tissu industriel allemand, il ne faut pas oublier le rôle des Universités et les nombreux instituts de recherche déjà évoqués. Un partenariat multilatéral en quelque sorte soutient un système productif riche de tradition et s'efforce de le faire évoluer. L'IAM de Braunschweig en Basse-Saxe institut fur angewandte Mikroelektronik, Institut de promotion des applications microélectroniques) est à cet égard une illustration exemplaire d'un partenariat Public-privé, associant entreprises et Pouvoirs Publics régionaux dans le but de développer la recherche, le conseil et la formation en matière d'électronique appliquée. Des dizaines d'institutions de coopération ou de transfert technologie entre centres de recherche, grandes entreprises et PME peuvent être citées en Bavière : a Erlangen-furemberg, a Munich, a Bayreuth, ou en Bade-Wur-mberg : a Stuttgart, a Ulm, a Karlsruhe ou ailleurs. Foisonnement fécond d'initiatives.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo