2.2-L'entrepreneur «par nécessité
» : mobiliser les plus défavorisés
Le chômage massif, la diminution des prestations de
chômage et autres transferts sociaux et le manque de débouches
pour les demandeurs d'emploi de certaines régions sont a 1'origine de
1'accroissement des créations d'activités indépendantes ou
de petites entreprises a 1'initiative de chômeurs et/ou de personnes a
faible revenu. L'apparition de ce nouveau type d'entrepreneur résulte
directement de toute la gamme des politiques actives de main-d'oeuvre mises en
place au cours des années 80 dans certains pays de l'OCDE en vue de
lutter contre le chômage et d'encourager 1'esprit d'entreprise. Dans le
passe, il y a toujours eu quelques chômeurs qui ont crée leur
propre entreprise. Le fait nouveau, qui a façonné ce nouveau type
d'entrepreneur, c'est que dans certains pays, tels que le Royaume-Uni ou la
France, des milliers de personnes sont passées de 1'état de
chômeur a celui de petit entrepreneur ou travailleur indépendant,
avec le soutien délibère des pouvoirs publics. L'exemple
qu'offrent des dispositifs comme les
«chômeurs-créateurs» en France et Y Enterprise Allowance
Scheme (HAS) au Royaume-Uni a été suivi par d'autres pays.
2.3-Les facteurs qui influencent la création
d'entreprises
La création de nouvelles entreprises est tributaire de
nombreux facteurs, dont beaucoup sont spécifiquement lies aux
décisions prises par des entrepreneurs potentiels. Sur un plan plus
général, l'environnement macro-économique global exerce
sans doute une certaine influence, encore qu'il reste à
déterminer si les créations sont plus nombreuses en
période de reprise ou en période de récession. La nature
de la demande potentielle portant sur le nouveau produit, ainsi que la facilite
d'accès de l'entreprise au support technologique nécessaire sont
évidemment susceptibles de jouer un rôle important.
Néanmoins, d'autres facteurs - tels que l'offre locale de
compétences entrepreneuriales, de capitaux a risque et de main-d'oeuvre
hautement qualifiée, ainsi que des facteurs intermédiaires et la
possibilité d'accéder a un réseau de distribution efficace
permettant d'élargir les débouches - ont aussi un grand poids
dans la création d'entreprises.
2.4-Croitre ou ne pas croitre
L'entreprise ne se développe pas à la
manière d'un être humain. Comme le dit David Birch (1987) :
«Contrairement aux enfants et aux arbres, une entreprise jeune et petite
ne grandit pas nécessairement. Et toutes les entreprises anciennes et
grandes ne sont pas forcement vouées au déclin». S'appuyant
sur des données empiriques, il affirme que les entreprises nouvelles se
rangent en deux grandes catégories :
2.4.1) Le modèle le plus répandu est celui du
«substituteur de revenu», c'est-a-dire les petites entreprises qui
atteignent rapidement leur taille définitive (généralement
avec un ou deux salaries) et s'en tiennent la, leur fondateur cherchant
essentiellement à s'assurer un revenu satisfaisant ;
2.4.2) Le modèle du «bâtisseur», ou
l'entrepreneur est pousse des le début par 1'ambition de marquer le
monde des affaires d'une empreinte originale et durable.
Analysant les données collectées par Dun et
Bradstreet sur les entreprises américaines, le Professeur Birch conclut
que les entreprises du type «bâtisseur » sont celles qui
influent le plus sur la création d'emplois. Plus des quatre
cinquièmes de 1'ensemble des emplois crées par de nouvelles
entreprises sont imputables aux quelques-unes qui grandissent rapidement et
créent de nouveaux produits et de nouveaux marches. La croissance des
entreprises nouvelles dépend dans une très large mesure des
capacités fortes de leurs chefs, capables d'occuper un ou plusieurs
créneaux laisses vacants par les grandes entreprises et de survivre aux
fortes turbulences des années de mise en route décrites au
début de ce chapitre.
Les études récentes consacrées a la
dynamique des créations d'entreprises font ressortir ce qu'on a
appelé l'idée de seuil, a savoir que les chances de survie
commencent à l'emporter a partir d'un chiffre d'affaires minimum
d'environ 500 000 dollars (avec une moyenne de 50 000 a 60 000 par salarie et
par an) et progressent nettement une fois franchie la barre du million de
dollars de ventes annuelles. Si une entreprise ne parvient pas, au bout
d'environ quatre ans, a réaliser plus d'un demi-million de dollars de
chiffre d'affaires, cela veut dire ou bien qu'elle est fragile et
vulnérable a la concurrence, ou bien qu'elle n'a pas su se concentrer
sur de réelles potentialités. Mais il se peut aussi que le chef
d'entreprise ne recherche pas la croissance.
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