CONCLUSION
La décentralisation en Côte-d'Ivoire est un
processus en permanente mutation avec ses acquis, ses insuffisances et ses
espoirs, et n'a pas encore atteint sa maturation. Les conseils
généraux et les conseils de districts, derniers nés des
collectivités ivoiriennes dans un contexte de crise sociopolitique qui
perdure, sont encore à la recherche de leurs marques.
La planification à long terme de leurs activités
de développement local s'est avérée comme leur
véritable talon d'Achille malgré les outils mis à leur
disposition par l'Etat.
Mais l'importance de cette planification devrait pousser
l'état à appuyer d'avantage les conseils généraux
dans ce processus par la prise de dispositions réglementaires plus
contraignante en la matière et la création de conditions plus
favorables à la mobilisation de ressources financières propres.
C'est surtout ce manque de visibilité concernant les ressources propres
des conseils généraux qui entrave le processus de planification
à long terme par ces collectivités.
Cependant, contrairement aux communes, les marges de
manoeuvres des départements en matière de mobilisation de
ressources propres sont très limitées. Ils vivent pour
l'essentiel des subventions de l'Etat et des rétrocessions des taxes
qu'ils ont en partage avec celui-ci. Mais dans un contexte de rareté de
ressources pour l'Etat lui-même, il serait utopique d'espérer une
augmentation de ces subventions à cout terme.
Il importe donc pour l'Etat de trouver d'autres alternative
pour appuyer les départements dans leur recherches de ressources
additionnels tels que la négociation de ressources extérieures
pour le financement de projets départementaux à l'image des
projets PDM (Projet de Développement Municipal, 1990-1995) et PACOM
(Projet d'Appui à la conduite d'opérations municipales, 1998) en
faveur des communes.
L'Etat devrait également créer les conditions
nécessaires à l'accès direct des conseils
généraux au marché national et international des capitaux
pour financer des projets productifs et des services publics de base issus de
plans stratégiques de développement dont les impacts sur la
population seront plus visible.
L'espoir est encore permit avec la sortie définitive de
la crise sociopolitique par l'organisation des élections
générales et le désarmement des belligérants cette
année. En plus, avec l'atteinte courant 2010 du point
d'achèvement de l'initiative PPTE (Pays Pauvres Très
Endettés), l'Etat bénéficiera sur les cinq prochaines
années d'environ 3,8 milliards d'euros pour mettre en oeuvre sa
stratégie de réduction de la pauvreté. Cela permettra
sûrement d'augmenter les subventions aux collectivités
territoriales.
C'est à ce prix que l'élaboration de plans
stratégiques de développement par les conseils
généraux du pays de manière participative aura un sens et
permettra un développement local efficace, sinon les immenses besoins
exprimés par les populations resteront toujours au stade d'idées
de projets dans les tiroirs des bureaux.
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