3.5. Les mécanismes de gestion du capital
économique
Au-delà des problèmes sociaux, les survivants
de la violence sexuelle étaient également confrontés
à des graves problèmes de manque de revenus liés à
la destruction des infrastructures économiques de base, au pillage de
leurs biens et ressources par les agresseurs et d'autres formes d'exactions
consécutives au conflit. Elles ont perdus des biens de valeur : des
maisons ont été incendiées, des champs abandonnés,
des fonds de commerce pillés. Cette situation aggrave davantage leur
état de pauvreté : difficultés à nourrir,
à scolariser, à soigner et à vêtir les personnes
à leur charge. Avant la guerre il n'y avait pas celles là qui
avaient un capital économique de moins de 10$ mais après la
guerre cela représentait 40%. Avant la guerre celles qui avaient un
capital économique entre 50 et 100$ représentaient 71%, mais
après la guerre cela avait chuté jusqu' 3%.
Suite à cette situation la question que l'on peut se
poser est celle-ci : Quel est, dans l'ensemble, l'impact des violences
sexuelles sur l'économie au Sud-Kivu ?
Les différents types d'Activités
Génératrices des Revenus exercés par les ONG
rencontrées sont : le petit commerce, le microcrédit, la
gestion des petites activités d'élevage et agricoles. Cependant
toutes les ONG organisent des formations mais la majorité ne dispose pas
d'un classement des rapports des formations réalisées. Tous les
intervenants font un appui financier et matériel sur les
Activités Génératrices des Revenus mais la majorité
des bénéficiaires n'épargnent pas. Presque tous les
intervenants ne possèdent pas des outils de suivi et d'évaluation
élaborés dès la conception des projets. Aucune ONG ne
dispose d'agents compétents et disponibles pour suivre et évaluer
les projets sur terrain. Les difficultés rencontrées par les
gestionnaires des projets de réinsertion économique des
survivants des violences sexuelles sont des différents ordres : les
bénéficiaires n'appréhendent pas les projets comme siens,
absence d'un personnel qualifié dans les notions commerciales, les
projets sont conçus en Europe ou à Kinshasa sans tenir compte des
contextes des aires d'intervention ; les bailleurs des Fonds ne financent
pas des projets à long terme car ils sont souvent d'urgence. La
politique interne des bailleurs de Fonds ne serait-elle pas à la base de
cette situation ?
Les outils de suivi et évaluation ne sont pas
conçus car selon les intervenants cela demande du temps et des moyens
financiers. Un personnel compétent et permanent sur terrain pour le
suivi des activités manque presque dans toutes les ONG. Autre
difficulté rencontrée est que à cause de la
pauvreté beaucoup des femmes se déguisent en victimes d'où
taux élevé des faux cas.
L'insécurité dans les milieux d'intervention est
aussi évoquée. Ceci étant, quelques propositions ont
été soumises par les femmes interrogées : recycler
des intervenants dans la gestion des projets et l'aspect éthique.
Certaines d'entre elles pensaient que pérenniser les actions par des
projets à long et moyen terme serait une solution. Qu'il fallait former
les gestionnaires des projets dans la gestion des Activités
Génératrices des Revenus. La prime d'encouragement pour les
animateurs de terrain serait un atout. Les projets devraient être
conçus en collaboration avec les bénéficiaire des AGR
devraient être consultées sur le choix des AGR. Finalement la
communauté devrait être sensibilisée sur le respect de la
personne violée et que le gouvernement devrait stabiliser les aires
d'intervention.
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