2/ Réaction des autorités
monétaires
Dès août 2007, les tensions observées sur
le marché interbancaire ont conduit la Fed et la BCE à
infléchir leur politique monétaire : l'Eurosystème a
fourni pendant quelques jours des liquidités en quantités
illimitées au jour le jour, avant d'allonger la durée des
opérations de refinancement. La Fed a, pour sa part, étendu de un
à trente jours la maturité maximale de sa facilité
d'emprunt permanente. Le montant total de refinancements accordés aux
banques par l'Eurosystème a dépassé les 960 milliards
d'euros contre 450 milliards avant l'éclatement de la bulle. À la
fin de l'année 2007, les banques centrales ont renforcé leur
coopération comme cela avait été le cas en septembre 2001.
Ainsi, en décembre 2007, la Fed, la BCE et la Banque nationale suisse
ont pris des mesures permettant notamment un financement à un mois en
dollars.
L'agitation financière causée par la faillite de
Lehman Brothers à l'automne 2008 a par la suite induit un changement de
règle monétaire avec des actions sans précédent
tant par leur ampleur que par leur diversité et le recours aux mesures
non conventionnelles étant devenu inévitable. Afin d'assurer la
liquidité du marché interbancaire et de permettre à chaque
établissement bancaire de se refinancer, les banques centrales ont
ajusté leur politique de taux d'intérêt et d'intervention
sur les marchés suivant quatre modalités :
· En premier lieu, les banques centrales ont choisi de
baisser sensiblement leurs taux directeurs, la baisse la plus importante ayant
été enregistrée aux États-Unis, où la cible
du taux directeur a été ramenée à une cible
comprise entre 0 et 0,25 % en décembre 2008 contre 5,25 % en août
2007. De la même manière, la Banque centrale européenne a
fait le choix, en mai 2009, d'abaisser son taux de refinancement à
niveau sans précédent de 1 %.
· En deuxième lieu, les banques centrales ont
décidé d'allonger graduellement la maturité des
facilités de financement jusqu'à douze mois. Les modalités
techniques d'adjudication ont également été
profondément modifiées en octobre 2008 au sein de la zone euro :
les banques ont désormais accès en quantité
illimitée à taux fixe aux prêts de l'Eurosystème, y
compris pour des opérations de refinancement à plus long terme
qui peuvent aller jusqu'à six mois.
· En troisième lieu, les banques centrales ont
graduellement élargi la gamme des contreparties et des
collatéraux éligibles en contrepartie des financements
auprès des banques centrales. Le potentiel de collatéral
mobilisable en contrepartie des financements auprès des banques
centrales était ainsi estimé, fin octobre 2008, à 1 700
milliards d'euros, alors que le montant ne dépassait pas 200 milliards
d'euros à la fin du mois de septembre 2008.
· En quatrième lieu, la coopération
internationale a été renforcée, en particulier par des
accords de swaps permettant, par exemple, aux banques européennes de
bénéficier de refinancements en dollars et en francs suisses pour
des durées pouvant aller jusqu'à 84 jours. Preuve de ce
renforcement de la coopération internationale, certaines baisses de taux
ont été réalisées de manière
concertée. Ainsi, le 8 octobre 2008, un assouplissement des conditions
monétaires a été décidé au niveau mondial,
la Banque du Canada, la Banque d'Angleterre, la Banque centrale
européenne, la Fed, la Banque de Suède et la Banque nationale
suisse ayant baissé le même jour leurs taux directeurs.
Au fur et à mesure que la crise bancaire et
financière s'est aggravée, toutes « les grandes banques
centrales ont mis en oeuvre des mesures non conventionnelles dans le cadre
d'une politique d'assouplissement quantitatif du crédit, ayant pour
objectif de neutraliser directement le durcissement des conditions du
crédit au secteur non bancaire et d'assouplir les conditions de
financement. Cette politique d'assouplissement quantitatif a consisté,
d'une part, à octroyer des fonds aux entreprises, en vue
d'améliorer la liquidité et de réduire les primes de
risque sur certains segments ciblés, et, d'autre part, à
réaliser des achats fermes de titres du secteur public, afin influencer
plus généralement les rendements de référence. En
effet, en janvier 2009, elle s'est ainsi engagée, à racheter
d'ici la fin de l'année jusqu'à 1 450 milliards de dollars de
titres adossés à des créances immobilières et des
créances émises par les agences de refinancement
hypothécaire.
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