5.3.2. Les raisons évoquées pour se fixer
à Niamey
De la lecture du tableau 4, il ressort une multitude de raisons
qui expliquent le choix des citadins quant à leur volonté de se
fixer définitivement à Niamey.
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Raisons ne pas retourner
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Nb.cit
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Rupture de contact avec le village
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18
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Mariage en ville
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9
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Scolariser en ville
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15
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A cause de leur activité en ville
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11
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Difficulté du village
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18
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Dépendance parent
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12
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Ne connaissant même pas le village
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17
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TOTAL
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100
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Tableau 4: Les raisons évoquées pour se fixer
à Niamey (source notre enquête)
Ainsi, bon nombre (18%) optent pour ce choix car nés ou
grandis à Niamey. En plus, ils n'ont même pas de contacts avec
leurs villages souvent. D' où un fort désir de continuer à
vivre dans cette ville où ils mènent leur activité. Aussi,
il faut ajouter que c'est surtout les difficultés (en matière
d'alimentation, d'emploi, d'opportunité économique) de la vie au
village qui font que les gens (18%) sont réticents à se fixer.
Ainsi, il préfère vivre en ville malgré leur
précarité que de rentrer au village. Car selon eux, la ville
offre beaucoup d' avantages et d' opportunités comme l' illustre le
propos d' un vieux qui l' explique en ces mots « A Niamey si tu as
100f tu peux acheter du gari et manger, alors qu'au village avec ton argent tu
peux manquer de quoi manger ». Ces propos traduisent tout simplement
une réelle prise de conscience de ces citadins quant aux
bénéfices qu'on peut tirer de la vie en ville.
L'autre aspect qui influe sur la fixation des jeunes à
Niamey est naturellement l'école. Elle est la raison
évoquée par (15%) des personnes interrogées pour justifier
leur choix de se fixer en ville. En effet, les parents disent avoir plus
confiance à l'enseignement en milieu urbain malgré les
dérapages qu'à celui des villages ; alors que certains villages
n'ont pas de collège ou de lycée pour accueillir ces enfants.
5.3.3. Perspectives sur l'habitat précaire à
Niamey
On retient sur la base des analyses que les 3/4 des enfants
des personnes interrogées préfèrent se fixer
définitivement à Niamey contre 1/4 qui compte retourner au
village. A partir de ce constat, on peut dégager des perspectives sur
l'habitat précaire à Niamey. Ce qui nous amène à
dire que l'installation définitive de ces personnes aura des
conséquences multiples pour la ville. En effet, tant qu'il existe des
foyers de pauvreté à Niamey, tant que la crise du monde rural
persiste; les ruraux n'auront aucun choix que de rejoindre leurs parents en
ville à travers les réseaux relationnels. Ce qui contribue
à grossir les foyers de pauvreté, accentuer la crise de logement
et le recours à l'habitat précaire.
La solution pour réduire l'habitat précaire
passe donc par la recherche d'alternatives crédibles aux
problèmes du monde rural. Elle doit être envisagée en amont
c'est à dire au niveau des villages. L'objectif est de fixer ces ruraux
dans leurs terroirs en leur proposant d'autres alternatives crédibles
qui les dissuadent de quitter.
En ville, la solution passe par une politique courageuse et
réelle de logement. Celle-ci doit viser les plus pauvres, de sorte que
même les plus démunies n'auront pas besoin de recourir à
l'habitat précaire. Cette solution doit être
précédée par une bonne politique d'emplois et d'insertion
des jeunes pour permettre à chaque citadin d'avoir des revenus
substantiels. Enfin, il faut une bonne maitrise de l'anarchie qui
caractérise la question foncière.
Il est vrai que les déguerpissements et la
spéculation foncière réduisent du jour au jour le nombre
de cases à Niamey et la marge de manoeuvre des squatters. Mais, c'est
pour autant qu'ils mettront fin à la prolifération des cases.
Elles ont plutôt tendance à apporter des solutions provisoires au
problème. Car après une opération de
déguerpissement ; les déguerpis sont le plus souvent
recasés sur un autre site en attendant d'être rattrapées
par le front urbain. Néanmoins, il faut reconnaitre au
déguerpissement une certaine efficacité car du fait de sa
fréquence ; cette opération arrive à contenir et à
gérer les foyers de pauvreté de sorte qu'elle réduit le
risque de développement de l'habitat précaire dans une ville en
forte croissance. La solution définitive pour résoudre la
prolifération de l'habitat précaire passe par une politique de
logements touchant les plus démunis. Ce sont tous ces aspects que le
projet « Niamey gnala » doit prendre en compte pour qu'il soit
à la hauteur de ses ambitions.
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