0.2. Problématique
C'est interpellé par des injustices graves et des abus
de pouvoir dans notre monde d'aujourd'hui que nous écrivons cet essai
consacré au droit de résistance aux abus de pouvoir dans
l'oeuvre de John Locke, le second traité du gouvernement civil.
En effet, dans ses Traités du gouvernement civil, John Locke
réfléchit sur les problèmes de la vie sociale dans la
Cité ; problèmes qui d'ailleurs se posent depuis que l'homme vit
en société. Il nous livre sa théorie issue d'une
expérience vécue sur la vie des hommes, sur la gestion de la
chose publique, sur la participation du citoyen à cette gestion. Ainsi
propose-t-il ce qui, pour lui, semble être le meilleur type de
gouvernement. Nous sommes là devant une pensée politique qui a su
brandir des valeurs nouvelles de l'époque moderne telles : la
liberté, le pouvoir du peuple, la laïcité, la
citoyenneté. Il y a une remise en question très
déclarée du pouvoir absolu.
Il ne s'agit pas pour John Locke de congédier la
royauté pour instaurer une révolution anarchique mais
plutôt, instaurer une monarchie constitutionnelle conjuguant l'exercice
du pouvoir avec des exigences de la rationalité en vue de
protéger les intérêts de tous et garantir la
propriété, en maintenant l'ordre grâce au respect des lois.
C'est un appel à la légitimité.
La société politique, née d'un «
pacte social », d'une convention où les hommes décident de
vivre ensemble et de confier leur pouvoir à un magistrat ou à un
groupe d'hommes, doit se maintenir et poursuivre le but pour lequel elle a
été créée. Cependant, les abus peuvent survenir ;
cette société politique peut perdre son harmonie ; son
unité peut être menacée si le pouvoir se détourne de
ses attributions principales pour des intérêts privés.
Ayant conçu un système politique basé sur
une séparation des pouvoirs et sur le respect des lois, John Locke
prévient les abus de pouvoir. Et si jamais ceux-ci arrivaient à
prendre place dans le chef des gouvernants, il y a moyen de faire recours au
droit de résistance pour rétablir l'ordre et garantir la
sécurité de tous. Nous comprendrons alors, avec John Locke, que
si les hommes quittent l'état de nature, c'est pour éviter
l'arbitraire dans le règlement de leurs différends et
protéger leur propriété.
Quand on considère ce qui a présidé
à la création de la société politique, le pouvoir
absolu arbitraire, loin d'apparaître une garantie contre l'état de
guerre, représente lui-même un état de guerre entre les
princes et le peuple. C'est pourquoi, la transgression par les pouvoirs publics
des limites de leur autorité constitue un acte de guerre ou de
rébellion contre
lequel le peuple peut légitimement exercer un droit de
résistance à l'oppression4. C'est de la
considération de ce droit qu'il est essentiellement question dans ce
travail.
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