Introduction
La relocalisation économique est un concept
récent qui se définit comme le retour d'une entreprise dans son
pays d'origine pour produire, créer, assembler, antérieurement
délocalisée sous diverses formes dans les pays à faibles
coüts salariaux.
On ne peut étudier la relocalisation sans parler de
délocalisation, l'étape indispensable pour relocaliser. Ces deux
concepts sont indissociables. Au sens large, la relocalisation est un processus
de ralentissement du processus de délocalisation vers les pays à
bas salaires, c'est à dire la remise en cause des décisions de
délocalisation ou la non délocalisation dans les secteurs
sensibles à la compétition par les coüts.
L'étude portera sur la relocalisation en France dans
les années 2000 uniquement. Les cas présentés seront des
entreprises francaises, même si toute fois quelques exemples
internationaux peuvent être cités. La notion de relocalisation est
un concept récent, même si il existe différentes vagues de
relocalisation. Le sujet est d'actualité et très riche en
documentation, une focalisation sur cette période semble être
optimale pour répondre aux questions suivantes : Pourquoi une
entreprise francaise est-elle amenée à se relocaliser dans
l'hexagone ? Comment peut-elle réussir sa relocalisation ?
Dans une première partie, le devoir portera sur
l'étude des limites de la délocalisation, les facteurs
déterminants pour relocaliser, leurs logiques et leurs impacts ; puis
dans une seconde partie la démarche à suivre pour qu'une
entreprise se relocalise dans de bonnes conditions.
Ainsi, pour analyser une relocalisation réussie, de facon
concrète, quatre grandes entreprises francaises seront citées au
long du mémoire:
Atol, fabricant de lunettes;
Genevieve Lethu, spécialiste des arts de la
table;
Rossignol, fabriquant de skis;
Decathlon, spécialiste du sport.
Ces quatre groupes français se sont relocalisés
dans les années 2000 pour des raisons différentes, c'est
pourquoi il est intéressant de les étudier au cas par cas pour
bien comprendre ce qui pousse les dirigeants d'une entreprise francaise
à revenir produire dans l'hexagone.
Partie I. Logique de relocalisation : explications
1. La relocalisation industrielle : limite de la
délocalisation
Les délocalisations sont parfois réversibles,
donnant lieu à des relocalisations . Bien qu'elles soient marginales,
ces relocalisations existent, les premières s'étant produites
dès le début des années 1980 (aux Etats Unis d'abord, puis
en Allemagne, mais aussi en France). Parfois, il s'agit du rapatriement
d'unités productives dans les pays industriels, mais il peut s'agir
aussi de relocalisations à proximité des marchés.
1.1 Quatre vagues de relocalisation dans le monde
La première vague de relocalisation dans les
années 1950, est reliée aux straté gies des firmes
américaines qui furent les premières à délocaliser
massivement leurs activités d'assemblage vers les pays à bas
salaires d'Asie du Sud dans les industries des semi conducteurs de
l'électronique grand public et du textile, habillement, cuir et
chaussure. Des firmes comme Motorola et General Motors avaient
relocalisé aux Etats Unis au début des années 1980 leurs
unités productives et d'assemblage antérieurement
délocalisées en Indonésie, Singapour, Malaisie et Hong
Kong. La raison en est l'automatisation de la production qui avait rendu les
coüts unitaires aussi compétitifs que ceux des pays de
délocalisation.
La deuxième vague correspond aux relocalisations des
firmes allemandes dans la première moitié des années 1980
dans l'industrie électronique. L'entreprise AEG a relocalisé en
Allemagne les unités délocalisées au Mexique et aux
Philippines. L'entreprise Bosh (vidéo caméras et composants
électroniques) et Siemens ont relocalisé en Allemagne plusieurs
unités antérieurement délocalisées à Tai
wan, au Mexique, au Venezuela et au Guatemala.
La troisième vague s'étend aux firmes
européennes durant la première moitié des années
1990 dans l'électronique, les ordinateurs et le textile, cuir,
habillement. On peut citer les cas de groupes français tel que Nathan
(relocalisation en Bretagne), Bull (relocalisation à Angers), Dassault
Automatismes (relocalisation à Langon), Sagem (relocalisation à
Villefranche). Et des entreprises francaises dans l'horlogerie (Ope, Lannion),
dans la lunetterie (Essilor), la confection (Caroll, Naf Naf), la chaussure
(Kickers), etc.
La quatrieme vague de relocalisation correspond aux
années 2000. Cette vague répond à
lÕaccélération des délocalisations dans les
services et à des problèmes de rationalisation des groupes sous
lÕeffet des contraintes de marché et de rendement actionnarial.
Les imperfections des services délocalisés et les risques de
perte de compétitivité des firmes qui y recourent les conduisent
à relocaliser dans leur pays dÕorigine. Les groupes Dell et
General Electric ont dû rapatrier une partie de leurs centres
dÕappel dÕInde en raison de difficultés de comprehension
entre les clients et les techniciens.
En France, les centres dÕappel des Taxis bleus
délocalisés en Tunisie sont egalement relocalisés.
Concernant lÕindustrie manufacturiére, en 2003,
Philips relocalise en France ses unites délocalisées en Espagne.
Le groupe rationalise son organisation en concentrant sa production dans de
grandes usines en France et en Allemagne. En décembre 2003, le groupe
Nokia de téléphonie mobile souhaite se recentrer sur la Finlande
et ferme son usine espagnole.
De nombreux cas de relocalisation sont liés à des
strategies de rapprochement des marches.
Aux Etats unis, les relocalisations reprennent depuis le
début des années 2000. La concurrence des zones à bas
salaires nÕest donc pas la seule raison qui a motive ces
relocalisations. Les principaux marches affectés par les
délocalisations sont essentiellement :
- le textile et lÕhabillement
- les materiels et accessoires electriques
A lÕinverse, des activités telles que
lÕassemblage des équipements de transport nÕont pas
été affectées.
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