4-2-2 Sauvegarde
La sauvegarde ex situ des représentants des
pieds-mères sauvages (il s'agit alors soit de semenceaux issus de
descendances libres, soit plus rarement de clones des pieds-mères)
s'effectue en parcelles de collection, sur la station de Paracou-Combi (commune
de Sinnamary). Il en va de même des ortets sélectionnés sur
place après caractérisation et évaluation. La sauvegarde
peut aussi être effectuée en partie en station de quarantaine. Le
germplasme GU, principalement prospecté en 1987 (7 pieds-mères
furent collectés en 1985) est toujours bien représenté
plus de vingt ans après sa collecte : 94 % des pieds-mères ont
encore des représentants en collections, en Guyane ou ailleurs, ce qui
est un résultat assez exceptionnel. En effet, Bartley (2005) fait
remarquer que le Brazilian Genetic Resources Program a perdu plus de 50 % des
pieds-mères collectés depuis 1976. Pour les prospections de 1990
et 1995 (Clones Borne 7, Ker, Pina, Elp, Yal etc..), 81 % des piedsmères
collectés sont toujours représentés en collection.
Les bons résultats du programme du Cirad peuvent
être expliqués, en partie, par le fait que pratiquement seules des
cabosses ont été prélevées sur les
pieds-mères (le taux de réussite des greffes est toujours plus
faible) et que, très rapidement, ce matériel a été
distribué dans plusieurs pays. Il est actuellement présent dans
dix-sept pays producteurs (Lachenaud et al., 2007). En 2004-2005, une
parcelle sous ombrière artificielle, regroupant l'ensemble des clones
intéressants et décrits (« core collection » d'environ
190 clones spontanés), a été installée à
Paracou-Combi (parcelle S5).
4-2-3 Caractérisation et évaluation
Les principales activités de recherche menées en
Guyane ont concerné la caractérisation et l'évaluation du
matériel génétique spontané (aspects morphologiques
et biochimiques, comportement agronomique) dans le but de fournir des
indications pratiques aux chercheurs pour l'utilisation des cacaoyers
guyanais.
Une partie des travaux de caractérisation (et la
prospection de 1995) furent financés par le FIC, pour un projet qui
associait le Cirad et le CRU de Trinidad (1994-1996).
Les arbres issus des prospections 1987 et 1990 ont
été observés individuellement pendant dix ans pour les
descripteurs agronomiques suivants, qui sont tous des critères de
sélection :
- la croissance juvénile (accroissement de section au
collet entre un et deux ans au champ) ; - la vigueur adulte (section du tronc
à dix ans à 50 cm du sol) ;
- la précocité de production (= production
cumulée à cinq ans) ;
- la production (cumulée à dix ans) ;
- le rapport production / vigueur à dix ans (= "Cropping
Efficiency") ;
- le pourcentage de cabosses pourries (cumul à dix ans)
;
- le poids moyen d'une cabosse.
Pour le même matériel végétal,
certains descripteurs de fleurs, de fruits et de fèves (qu'ils soient ou
non des critères de sélection, qualitatifs ou quantitatifs) ont
été étudiés sur des individus
pré-sélectionnés (pour leur croissance juvénile et
leur précocité) ou sur les clones des pieds-mères
sauvages. Les effectifs utilisés, par clone ou arbre
étudié, sont généralement ceux
préconisés par l'IPGRI2 (Anon. 1981). La
compatibilité et la durée de maturation ont également
été étudiées.
2 International Plant Genetic Resources Institute
(Rome), maintenant Bioversity
L'évaluation comprend également l'étude
de la valeur en croisement du matériel spontané de Guyane, pour
divers critères de sélection agronomiques, comme la vigueur, la
productivité, le rapport production / vigueur, les résistances.
Un essai factoriel incomplet 5 x 8 fut planté à Paracou-Combi en
1997-98 (7 clones guyanais spontanés et 6 clones d'autres groupes,
Forasteros et Trinitarios). Suite à divers problèmes logistiques,
cet essai fut arrêté en 2001 et seules les données de
vigueur juvénile sont disponibles (Lachenaud et al., 2007). Les
résultats acquis pour ce critère nécessitent une
confirmation pour d'autres critères, mais, tout comme les
résultats obtenus en Côte d'Ivoire, ils semblent indiquer les
mérites considérables des clones GU en hybridation.
Les résultats de toutes ces études menées
en Guyane ont été publiés : Lachenaud et al.,
1999, 2000, 2006 ; Lachenaud et Oliver, 2001, 2005a, 2005b ; Lachenaud, 2007
(voir par ex., Tab. 5). Dans cette rubrique, on peut également citer les
études concernant les qualités technologiques et sensorielles des
chocolats élaborés à partir des cacaos guyanais, dont une
synthèse a été publiée par Assemat et al.,
(2005). Les origines (populations, descendances, clones) à
préférer, suivant leurs performances par rapport aux divers buts
des sélectionneurs, ont pu être identifiées (Lachenaud
et al., 2007). Il reste toutefois de nombreuses données
à analyser et publier, en particulier concernant le matériel de
la dernière prospection, en 1995.
En plus de la publication des résultats, les
données sont, depuis le début, transmises
régulièrement à l'Université de Reading (UK) qui
les intègre dans la banque de données ICGD (International Cocoa
Germplasm Database).
En dehors de la Guyane, c'est surtout le comportement
vis-à-vis des bioagresseurs qui a été
étudié, sur des effectifs de clones variables, souvent faibles
cependant. Une revue des résultats acquis a été
présentée par Lachenaud et al., (2007). Paulin et
al., (2006, 2008) ont publié les résultats des
tests-feuilles menés au Cirad à Montpellier vis-à-vis de
la résistance aux P. palmivora et P. megakarya,
agents de la maladie de la pourriture brune (ex. Tab. 7). Au
Brésil, J.L. Pires a confirmé l'intérêt de certains
génotypes guyanais, et du groupe dans son ensemble, comme nouvelle
source de résistance à la maladie du balai-de-sorcière,
causée par Moniliophthora perniciosa (Pires, 2003). En
Côte d'Ivoire, N'guessan et al. ont montré que le
comportement des clones guyanais vis-à-vis des punaises mirides est
globalement excellent et supérieur ou égal à celui des
meilleures origines (N'guessan et al., 2007).
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