4-2-4 Diversité génétique et
structuration
Les descripteurs cités précédemment sont
sensibles à l'action du milieu, même si certains,
présentant une forte héritabilité (au sens large), ont une
très bonne valeur discriminante, comme les descripteurs floraux
(Lachenaud et al., 1999). Les marqueurs biochimiques et
moléculaires ne présentent pas cet inconvénient, car ils
permettent la caractérisation du génotype en certains points
(locus). L'électrophorèse d'iso-enzymes sur gel d'amidon a
été la méthode retenue en 1994, pour sa fiabilité
et sa simplicité. Six systèmes enzymatiques furent
utilisés dans les études menées à Kourou de 1995
à 1998 (PGM, PGI, MDH, PAC, ADH et IDH). Certains de ces systèmes
impliquant plusieurs gènes, le nombre total de locus
considéré fut de neuf. 138 clones représentant dix-sept
populations furent ainsi étudiés (Lachenaud et al.,
2004).
L'ensemble des données de caractérisation
(descripteurs biochimiques, floraux, agronomiques) a donc permis
d'étudier la variabilité rencontrée dans le
matériel spontané de Guyane, ainsi que la structuration de
cette variabilité. Dès 2004, les diverses populations
spontanées de cacaoyers ont pu être
regroupées en deux ensembles : un ensemble (( amont » et un (( aval
» (Tab. 5).
Plus récemment, une étude quasi exhaustive (189
clones représentant 18 demes) a été menée en
collaboration avec l'USDA, à l'aide de 15 marqueurs micro-satellites ((
standardisés » pour le cacaoyer, et a donné des
résultats importants sur la diversité génétique des
cacaoyers sauvages de Guyane et la structuration de cette diversité
(Lachenaud et Zhang, 2008). Ils confirment, en ce qui concerne les
paramètres de génétique des populations (He, Ho, Fst), les
résultats obtenus à l'aide de marqueurs iso-enzymatiques
(Lachenaud et al., 2004). La structuration en populations confirme
également les résultats précédents et montre que
les (( populations » identifiées en forêt primaire par les
collecteurs sont bien une réalité. Une importante structuration
existe dans la métapopulation de cacaoyers spontanés guyanais (cf
Tab. 6), avec un Fst de 0,20, qui pourrait s'expliquer par les
caractéristiques biologiques du cacaoyer et les événements
climatiques ayant affecté les forêts guyanaises au Quaternaire.
4-2-5 Utilisation dans les programmes d'amélioration
Les essais de géniteurs guyanais spontanés,
encore peu nombreux et généralement récents, n'ont produit
que peu de résultats publiés. En Côte d'Ivoire, les
résultats acquis semblent montrer une très bonne transmission aux
descendants de la résistance au P. palmivora des
géniteurs spontanés guyanais : ainsi le clone GU 123-B,
classé très résistant au test-feuille, voit ses
descendants (avec les géniteurs P7, IFC 1 et IFC 11) également
classés très résistants (Anon. 2004). Dans ce même
pays, une descendance avec GU 133-1 (classé résistant) a
été pré-sélectionnée pour essais multilocaux
avant vulgarisation, pour sa productivité élevée, son
excellent "Cropping efficiency" et son très faible % de pertes par
pourritures (cf Tab. 4, page 27 ; Lachenaud et al., 2001).
J'ai pu planter dans ce pays, en 2001, un essai factoriel
impliquant trois clones guyanais GU (originaires de la rivière Camopi),
demi-frères de clones déjà connus comme résistants
au P. palmivora au test-feuille. Les résultats disponibles
(Anon. 2006 ; Tahi, comm. pers., 2008) montrent des performances excellentes
pour le rendement et la résistance au champ à la pourriture brune
des familles comportant un géniteur guyanais.
Des clones guyanais GU sont également présents
dans quelques croisements à Trinidad (3 clones), au Ghana (14 clones),
en Amérique (un clone dans un essai multilocal implanté dans 5
pays). Suite à la publication d'une revue sur les performances du
germplasme GU (Lachenaud et al., 2007), de nombreux clones ont pu
être conseillés comme géniteurs, suivant les
critères de sélection choisis. Trois clones ((
élites», c'est-à-dire excellents ou très bons pour
l'ensemble des critères, ont même été
identifiés et livrés aux partenaires en RCI et au Costa Rica. Ils
ont également été proposés, parmi d'autres, au
Cameroun et au Nigeria.
Tableau 5: Average values observed for four bean
traits, in the main five populations and the two groups, with ABW = average
bean weight, L = average bean length, W = average bean width, and %FB =
percentage of flat beans (in Lachenaud and Oliver, 2005 a).
Only means followed by a different letter are significantly
different (P < 0.05)
Germplasm
|
Number
|
ABW
|
L
|
W
|
%FB
|
|
of trees
|
(g)
|
(mm)
|
(mm)
|
|
Cam 1
|
21
|
3.05
|
22.60
|
11.97
|
4.44 c
|
Cam 3
|
9
|
2.91
|
22.92
|
12.34
|
5.81 bc
|
Cam 7
|
14
|
2.99
|
22.92
|
12.21
|
3.40 c
|
Cam 9
|
32
|
2.92
|
22.40
|
11.50
|
8.58 ab
|
Cam 13
|
9
|
2.92
|
22.82
|
12.03
|
11.50 a
|
"Upstream group» (1)
|
39
|
3.05
|
22.75
|
12.09 a
|
4.33 b
|
"Downstream group» (2)
|
54
|
2.92
|
22.56
|
11.74 b
|
8.79 a
|
Tableau 6. Inter-population variation measured by Nei's
distances (1972, under the diagonal) and pairwise FST (above the
diagonal), with Cam = Camopi and Elp = Euleupousing
Population
|
Cam 1
|
Cam 3
|
Cam 7
|
Cam 9
|
Cam 12
|
Cam 13
|
Elp
|
"Primitive"
|
Cam 1
|
-
|
0.136
|
0.037
|
0.081
|
0.148
|
0.078
|
0.050
|
-
|
Cam 3
|
0.138
|
-
|
0.150
|
0.040
|
0.050
|
0.050
|
0.147
|
-
|
Cam 7
|
0.036
|
0.201
|
-
|
0.098
|
0.168
|
0.074
|
0.060
|
-
|
Cam 9
|
0.090
|
0.032
|
0.141
|
-
|
0.053
|
0.026
|
0.109
|
-
|
Cam 12
|
0.164
|
0.042
|
0.237
|
0.046
|
-
|
0.087
|
0.166
|
-
|
Cam 13
|
0.085
|
0.035
|
0.101
|
0.029
|
0.078
|
-
|
0.099
|
-
|
Elp
|
0.056
|
0.187
|
0.076
|
0.145
|
0.224
|
0.122
|
-
|
-
|
"Primitive"
|
0.811
|
0.867
|
0.718
|
0.776
|
0.805
|
0.772
|
0.545
|
-
|
"Parinari"
|
1.202
|
1.202
|
1.005
|
1.054
|
1.126
|
1.092
|
0.931
|
0.511
|
Populations differentiations (FST) are all
significant, except for Cam 1 - Cam 7 and Cam 9 - Cam 13. « Primitive
» and « Parinari » are control groups (in Lachenaud and Zhang,
2008)
Tableau 7: General classification of the Guianan clones,
with adjusted mean values (in bold, control clones) : 0 < HR<1< R<
2< MR < 2.5 < S < 3.5 < HS <5. (in Paulin et al.,
2008)
Clone Adjusted Degree of
mean resistance
GU 123-V 0.16 HR
GU 226-V 0.59 HR
KER 1-L 0.60 HR
GU 195-V 0.67 HR
GU 125-C 0.71 HR
B7-B6 0.84 HR
ELP 20-A 0.89 HR
GU 269-V 1.03 R
ELP 16-A 1.06 R
GU 255-V 1.11 R
GU 241-V 1.13 R
ELP 22-A 1.18 R
B7-B5 1.19 R
IMC47 1.27 R
GU 301-A 1.34 R
GU 134-B 1.34 R
GU 263-V 1.35 R
GU 254-A 1.37 R
GU 285-B 1.43 R
B7-B3 1.43 R
GU 143-B 1.47 R
GU-353-V 1.50 R
GU 183-G 1.53 R
GU 134-C 1.55 R
GU 143-A 1.58 R
GU 156-B 1.60 R
GU 139-A 1.65 R
GU 285-A 1.76 R
GU 175-V 1.79 R
GU 268-A 1.80 R
GU 303-B 1.80 R
GU 230-B 1.88 R
GU 307-V 1.91 R
GU 147-P 1.94 R
GU 230-C 1.96 R
GU 140-S 1.99 R
GU 237-V 2.00 R
GU 257-E 2.08 MR
B7-A2 2.18 MR
GU 213-V 2.21 MR
GU 233-P 2.28 MR
GU 185-G 2.37 MR
KER 11.1-A 2.54 S
KER 6 2.57 S
PINA 2.62 S
GU 134-A 2.63 S
YAL 3 2.64 S
GU 129-B 2.66 S
GU 329-V 2.67 S
ELP 28-A 2.71 S
ELP 2-B 2.81 S
ELP 37-A 3.04 S
KER 3 3.08 S
OC77 3.10 S
KER 8-R 3.16 S
MXC67 3.16 S
GU 312-V 3.17 S
GU 138-A 3.26 S
GF23 3.28 S
ICS1 3.36 S
GU 265-V 3.40 S
EQX3360 3.56 HS
ELP 40-B 3.61 HS
KER 9 3.66 HS
OYA 2-B 3.73 HS
|