4-2 Les cacaoyers spontanés de Guyane
En Guyane française, l'histoire de la cacaoculture se
déroule de 1734 aux débuts du XXème
siècle, et connaît son apogée vers 1840, où quelques
cinquante tonnes d'un cacao réputé de qualité
supérieure étaient produites annuellement. La provenance du
matériel végétal alors utilisé dans les plantations
reste inconnue (Lachenaud & Sallée, 1993). L'utilisation des
cacaoyers spontanés locaux, si elle ne peut être totalement
exclue, est sans aucun doute restée marginale (Lanaud, 1987).
Depuis 1729 l'existence de "forêts" de cacaoyers
sauvages est mentionnée par les explorateurs du sud de la Guyane. Les
localisations indiquées, assez imprécises, restreignent toutefois
leur présence aux berges des rivières Kérindioutou (nom de
l'Oyapok dans son cours supérieur), Camopi, Yaloupi et Euleupousing,
toutes affluents de l'Oyapok, frontière actuelle entre la Guyane et le
Brésil. Également mentionnés, les cours supérieurs
de la rivière Tanpok et de ses affluents, bien qu'appartenant au bassin
du Maroni, se situent cependant dans cette même région. Aucun
témoignage consistant, passé ou actuel, ne fait état de
l'existence de véritables cacaoyers spontanés ailleurs en Guyane
(dans ses limites actuelles).
J'ai été affecté en Guyane d'octobre 1988
à juin 1995, puis ai continué à superviser les
activités locales jusqu'à aujourd'hui.
Depuis 1978, le Cirad (à l'époque, IFCC, puis en
1981, IRCC) s'est fixé comme objectif l'étude des cacaoyers de
Guyane, d'abord ceux anciennement cultivés (Clément, 1986), que
l'on pensait issus des cacaoyers sauvages locaux, puis les cacaoyers
spontanés (prospection, collecte, sauvegarde, caractérisation,
évaluation), dont les populations, d'accès
particulièrement difficile, sont situées en zone indienne
protégée (extrême sud-est du département). Le but de
ces études est bien entendu d'utiliser, si possible, ces cacaoyers
"inconnus" dans les programmes d'amélioration génétique de
cette plante. J'ai été personnellement impliqué dans tous
les aspects liés à cet objectif, depuis la collecte en
forêt primaire, la sauvegarde ex situ, la caractérisation
et l'évaluation, l'étude de la diversité et de la
structuration génétique, la sélection de géniteurs,
la mise à disposition des sélectionneurs et l'utilisation dans
les programmes d'amélioration (Lachenaud et al., 2005).
4-2-1 Prospection et collecte
J'ai pu organiser (et participer à) deux prospections en
forêt primaire : - en 1990 : rivières Kérindioutou et
Oyapok
Cette prospection (29 juin - 17 juillet 1990) a
concerné le cours supérieur de l'Oyapok, appelé
Kérindioutou en amont du village amérindien de Trois-Sauts. Trois
populations furent identifiées et collectées : Borne 7, vers les
sources de la Kérindioutou, Ker, sur le cours aval de la
Kérindioutou et Pina, sur l'Oyapok proprement dit (Lachenaud et
Sallée, 1993).
- en 1995 : rivières Oyapok, Euleupousing et Yaloupi
Du 13 au 26 avril 1995, dans le cadre d'un projet F.I.C.
(Fonds Interministériel Caraïbes, France) associant le Cirad et le
Cocoa Research Unit (C. R. U.) de l'University of the West Indies (Trinidad et
Tobago), une seconde prospection sur le haut-Oyapok et ses affluents fut
entreprise. Deux nouvelles zones à cacaoyers furent découvertes
sur les berges des criques Euleupousing et Yaloupi, (Elp et Yal) et quelques
prélèvements furent effectués le long du fleuve Oyapok
(Lachenaud et al., 1997).
|