De façon schématique, l'eau est
considérée comme patrimoine commun de l'humanité, à
léguer aux générations futures, d'où sa gestion
publique dans une perspective de développement durable (Rapport
Brundtland). L'accès à l'eau serait alors reconnu comme un droit
humain fondamental, avec les dispositifs de recours juridiques qui s'imposent.
Pour d'autres, l'eau est une marchandise, de plus en plus rare, dont la saine
gestion passerait par une prise en main par le marché. Cela implique son
appropriation privée, quitte à accepter des règles
d'exploitation évitant de tuer trop rapidement la poule aux oeufs d'or
et quitte à reconnaître l'eau, non comme un droit, mais comme un
besoin vital, un besoin à satisfaire selon la solvabilité des
personnes.
Valérie PEUGEOT (1999), indique que
du point de vue politique, la Banque mondiale et le Fonds monétaire
international encouragent la privatisation. Les crédits accordés
aux pays en voie de développement sont liés à la condition
que les prestations publiques soient privatisées. Dans certains cas,
comme au Gabon, le résultat est positif. En 1997, Vivendi a acquis une
participation majoritaire au capital de l'entreprise étatique de
polydistribution du Gabon. Depuis, Vivendi a investi 125 millions d'euros dans
le développement des infrastructures, ce qui a permis d'augmenter le
nombre de clients raccordés au réseau de 26% tout en abaissant le
prix de l'eau de 17%.
D'autres exemples, comme la Bolivie, illustrent en revanche
l'échec auquel peut conduire la privatisation. Après avoir
racheté le service de distribution d'eau de la ville de Cochabamba
(Bolivie), le groupe américain Bechtel a doublé le prix de l'eau.
Par la suite, Bechtel s'est retiré, laissant le service de distribution
entre les mains d'une coopérative. Aujourd'hui, ces infrastructures sont
dans un état déplorable.3
Ensuite, pendant longtemps, les hommes se sont peu
préoccupés de leur milieu
naturel, s'ingérant dans la
nature et usant d'elle sans compter, aménageant à tour de
3 Valérie PEUGEOT (1999), «L'eau, patrimoine
commun»
bras, et rejetant largement effluents et déchets de
toutes sortes. Le constat aujourd'hui est dramatique. Des régions
entières ont été dévastées et nombre de
cours d'eau, lacs et nappes souterraines sont aujourd'hui pollués de par
le monde, une pollution que la nature a du mal à résorber. Quand
y a-t-il pollution de l'eau? D'où viennent les différents
polluants? Quels sont les risques encourus par les milieux aquatiques? Pour
prévenir et combattre la dégradation générale de
ces écosystèmes, il importe de distinguer et de déterminer
les effets des différentes sources de pollution, et de toutes les
modifications que peut subir le milieu physique.
En plus, Alain Gras (2008)4, affirme qu'il faut
sacrifier un confort basé sur la rapidité, sur la consommation,
sur la prédation de la nature. «Nous avons reçu de
Descartes, entre autres, un virus idéologique de ?maître et
possesseur? qui a infecté notre manière de penser le monde: la
maîtrise de la nature». La seule condition de survie réside
aujourd'hui dans l'établissement d'un rapport plus humble avec la
planète, un rapport qui tienne compte des caractéristiques de
l'eau qu'elle nous fournit. Ce document nous a permis de voir que les rapports
entre l'homme et la nature doivent être pris dans la définition de
toute politique de gestion des ressources naturelles. Il nous montre aussi les
limites des modèles de développement connus
jusqu'alors.5
Le site du Programme Eau potable et Assainissement pour le
Millénaire (PEPAM) nous a informés sur la situation
d'approvisionnement en eau potable de manière générale de
la région de Diourbel et plus précisément de la ville de
Touba. Dans ce document, le taux d'accès à l'eau dans les CR est
de 77% et le taux d'accès à l'eau par AEP est de 72%. Par contre
le taux d'accès à l'assainissement est de 17% (cf. Annexe). A
coté de ces taux au niveau régional, la CR de Touba elle seule
enregistre 92% pour l'accès à l'eau potable. Donc avec le
développement industriel qui s'y implante, la problématique de la
pollution de la nappe et la surexploitation de la ressource eau ne tarde de se
répandre avec toutes ces formes. En d'autres termes ce chiffre
d'accès pose problème car ne tient pas compte les périodes
de forte
4 L'Atlas des ressources de la planète (2008),
«Construire un monde durable», 243 hors série trimestriel,
5 L'Atlas des ressources de la planète (2008),
«Construire un monde durable», 243 hors série trimestriel,
p.155; 156
consommation comme le Grand Magal et le Gamou. En effet
derrière ce taux (92%) se cache des disparités entre le centre et
la périphérie que nous essayerons dans notre étude de
déceler.
Kane Racine (2004) développe les problèmes
sanitaires liés à l'approvisionnement en eau potable dans la
ville de Touba. Ces problèmes sont résumés en facteurs
dont les déterminants majeurs sont:
facteurs liés au service : Fuites importantes d'eau ;
les pannes fréquentes de forages; vétusté des ouvrages
existants. Il faut voir que le déficit est plus ressenti dans les
quartiers périphériques où le réseau
d'approvisionnement s'il existe, se limite le plus souvent à une borne
fontaine dont la gestion pose des problèmes, entre autres les pertes de
pression dues à la longueur du réseau.
Facteurs socio-environnementaux; Absence d'une gestion
rationnelle des ordures ménagères et des matières de
vidange des fosses septiques et assimilés.
Facteurs sociodémographiques: L'augmentation rapide de
la population, associée à une urbanisation sauvage est un facteur
essentiel de l'apparition des maladies diarrhéiques et même les
maladies comme le choléra. Les mouvements incessants de populations vers
Touba, les grands rassemblements humains, la proximité et le manque
d'hygiène. A cela s'ajoute la gratuité de l'eau qui entraine chez
les consommateurs un abus dans son utilisation ; les nombreuses interventions
de plombiers mal formés sur le réseau et les nombreux ouvrages
publics et privés de stockage d'eau.
N'Guemb J. (1994), analyse les problèmes sociaux
liés à l'approvisionnement en eau potable dans les villes des
pays Tiers-monde. Il montre que malgré la disponibilité de la
ressource il existe un grand écart entre les conditions de vie dans les
quartiers périphériques et celles du centre. Il apporte dans sa
documentation que selon l'une des conclusions des chercheurs de l'Institut
Londonien d'Hygiène et de la Médecine Tropicale: sur le plan de
la santé, il est plus intéressant d'avoir une eau plus abondante
qu'une eau plus propre. Mais selon N'Guemb J. «ici le problème ne
se pose pas en termes de rareté mais, mais plutôt en termes de
potabilité, de qualité et non de quantité. L'idéal
c'est que deux impératives soient remplis avec deux variables:
?demande réelle? et ? offre réelle
?.6Or dans le cadre de la ville de Touba le problème implique
à la fois ces deux variables, car la demande non seulement se pose avec
acuité mais l'offre aussi est très limitée dans les
quartiers périphériques et pendant les périodes de
pointe.
SANDRA POSTEL (1992), évoque la question de l'eau dans
le monde sous trois angles: les problèmes en perspective; la gestion de
l'eau disponible et garantir la sécurité hydrique. Dans chaque
partie il analyse avec lucidité les dangers, écologiques,
économiques et politiques, liées à la raréfaction
de cette ressource essentielle.
Ainsi, cet auteur montre les différentes
considérations que l'homme a sur l'abondance de l'eau; il parle d'une
illusion. Les inégalités d'accès à l'eau sont
traitées aussi dans ce livre. L'eau constitue une ressource
renouvelable, mais il n'est pour autant inépuisable. Tous les ans, le
cycle hydrologique ne fournit qu'une certaine quantité en un endroit
donné. Cela signifie que l'approvisionnement par personne qui
représente un indicateur général de la
sécurité hydrique, diminue au fur et à mesure que la
population augmente.
Dans certaines des pays industriels et des pays du Tiers
Monde, de nombreux logements ne sont même pas équipés de
compteurs d'eau, ce qui exclut toute possibilité de faire payer
convenablement la consommation. Pour assurer la réussite des programmes
de conservation de l'eau, il est indispensable de pouvoir comptabiliser les
quantités consommées; en outre, une facturation fondée sur
la consommation encourage aussi les économies. Il est souvent
politiquement difficile d'augmenter le prix de l'eau mais si on assortit une
telle mesure d'une campagne d'information publique, pour expliquer les rasons
de la hausse et les mesures que les consommateurs peuvent prendre pour
réduire leur facteur d'eau, l'effet peut être positif.
Pour relever la gageure qui consiste à satisfaire les
besoins des êtres humains tout en
protégeant les fonctions
écologiques dont dépend toute vie, il faut prendre
conscience
du lien existant entre notre destin et celui du monde aqueux qui
nous entoure. Nos
6 N'Guemb J. (1994), dans « l'envers d'un
urbanisme social, les problèmes socio sanitaires posés par l'eau
consommée dans les quartiers périphériques de Pointe Noire
-Congo»,
agriculteurs, nos usines et nos maisons ne sont pas seulement
en concurrence pour l'utilisation d'une même ressource, ils font aussi
partie d'une communauté insérée dans les
écosystèmes indispensables à leur vie qui les
entourent.
Selon lui il existe maintenant des technologies qui
permettraient de réduire la consommation d'eau de 10 à 50% dans
l'agriculture, de 40 à 90% dans l'industrie et de 30% dans les villes,
sans sacrifier la production économique ni la qualité de la vie.
Ces techniques, recyclage des eaux usées, préservation de
l'humidité des sols, réglementation du début des appareils
ménagers.7
En effet, les travaux de HARDIN, (1968) ont été
le fondement de certaines théories de gestion des ressources naturelles.
La conclusion à laquelle il a abouti, est que les ressources
d'accès libre sont vouées à la disparition. Il prône
ainsi la coercition de l'Etat; lequel devant définir un ensemble de
règles d'accès. L'accès libre aux ressources naturelles
est à présent donc voué aux gémonies.
Désormais, l'appropriation des ressources s'impose, qu'elle soit
privée ou communautaire. Cette nouvelle vision de la gestion des
ressources naturelles s'est concrétisée par la naissance de deux
principales théories: celle de la valorisation des actifs naturels et
celle des «droits environnementaux». 8
Donc ce document nous a permis d'avoir une situation mondiale
de l'eau et quelques pistes pour une gestion durable. Il faut dire seulement
que le non prise en compte des considérations religieux limite ces deux
ouvrages. Par conséquent Touba est un exemple car c'est un lieu
où les considérations socioreligieux remportent sur celles
scientifiques par contre plus difficiles à gérer dans cette ville
car il y'a l'existence de plusieurs facteurs religieux,
socioéconomiques, culturels, qui font que l'eau est difficile
d'être commercialisée. D'ailleurs c'est ce qui justifie notre
étude dans ce sens
7 SANDRA POSTEL (1992), dans «la dernière
oasis : l'eau en danger»,
8 Mémoire de fin d'études - B. Alphonse .Diouf
ATEGU/ENEA 2006
Contribution à l'étude des facteurs
d'utilisation des SET dans les systèmes de cultures, d'élevage et
de pêche; p 6.
afin de proposer une gestion rationnelle de l'eau qui mobilise
tous les acteurs concernés.
Concernant les modèles de gestion, Néné
Makoya Touré (2009), aborde le modèle de gouvernance de l'eau. Il
montre le caractère récent de la gestion dite moderne de l'eau
qui crée de nouveaux territoires de l'eau avec les réseaux
d'adduction d'eau, de nouvelles formes de centralité avec les ouvrages
hydrauliques et la prise en compte du genre dans la gestion de l'eau. A la
faveur de ce document, nous avons été largement renseignés
sur les outils de gestion de l'eau dans les villes.9 Par contre ce
qui limite ce travail, il développe seulement les aspects techniques
liés à la gestion de l'eau, alors que c'est important d'y ajouter
les facteurs sociologiques qui influent la perception des populations sur leur
manière d'utilisation de la ressource.
La croissance de la population mondiale dans les prochaines
décennies se fera surtout dans les grandes villes du sud, à un
rythme sans précédent dans l'histoire humaine. Les services
à ces populations sont loin de croître à la même
vitesse, et les enjeux cruciaux de ce développement urbain sont peu
maîtrisés pour le moment.10
Au terme de l'ensemble des documents consultés au cours
de notre étude, nous pouvons retenir les points suivants:
Il y'a un consensus que :
Avec les menaces des changements climatiques sur la
disponibilité de l'eau dans le monde, la rareté de la ressource
se manifeste de jour en jour;
L'urbanisation galopante est un facteur déterminant
sur l'augmentation des besoins des populations en services sociaux de base
comme l'eau, l'électricité, la santé, l'éducation,
etc.;
Pour une réussite des politiques de l'eau il faut une
gestion efficace des points d'eau et une équité dans la
distribution de l'eau
9Néné Makoya Touré (2008-2009)
«Etude de la pauvreté en eau dans la commune de Mbour: pertinence
du SIG dans l'aide à la prise de décision
10 Pierre-Noël Giraud; Professeur à
l'Ecole des Mines de Paris
En effet, ces documents ont une importance capitale car il
nous a permis d'égailler notre étude mais surtout d'avoir des
informations sur la situation actuelle de l'eau dans le monde de manière
générale et en particulier au Sénégal.
Cependant notre étude a une spécificité
par rapport aux autres documents sur l'eau car d'abord le cadre de
l'étude a une particularité voire même une
originalité du fait Touba a un statut d'exterritorialité avec un
titre foncier. Les limites de l'espace urbain dépassent de loin ce titre
foncier, empiétant même les autres établissements humains
frontaliers comme Mbacké; Ndame, Touba Fall. Ceci fait que sa gestion
diffère des autres villes tant sur les décisions des acteurs que
sur les actions à mener. Pour dire qu'à Touba nous assistons
à une gestion hybride où toutes les actions à mener dans
la ville répondent aux aspirations premièrement du Khalife et
enfin de la collectivité locale. Ce statut de la ville procure à
la population des avantages et des privilèges sur la satisfaction des
besoins; d'où la gratuité de l'eau.