Dans la loi d'orientation sur l'Éducation Nationale n°
91-22 du 16 février 1991, en ces dispositions générales,
notre pays fait le choix d'une école qui doit « préparer les
conditions d'un développement intégral, assumées par la
nation toute entière : elle a pour but de former des hommes et des
femmes capables de travailler efficacement à la construction du pays ;
elle porte l'intérêt particulier aux problèmes
économiques, sociaux et culturels rencontrées par le
Sénégal dans son effort de développement et elle garde un
souci constant de mettre les formations qu'elle dispense en relation avec ces
problèmes et leurs solutions ». C'est dire que les orientations et
les principes généraux qui portent la culture entrepreneuriale
sont bien compris de l'État, il ne reste qu'à les appliquer.
Tel que préciser dans l'état des lieux, il
existe presque en chaque établissement un cours sur l'entrepreneuriat,
et notre pays, tout récemment a manifesté sa volonté
d'harmoniser cette pléthore de curricula à travers l'adoption du
module du BIT, GERME (Gérer mieux son entreprise), par le
Ministère de l'enseignement technique et de la formation
professionnelle. Bonne initiative certes, mais toujours sentant les parfums
d'une improvisation à vocation optionnelle, ne faisant pas l'objet d'une
application sans appel de la part du système.
A cet égard, les mesures que nous voulons proposer vont
au-delà et s'inspirent de ce qui se fait dans d'autres cieux.
Déterminant essentiel des préférences en
matière de carrière, la culture contribue à
façonner les attitudes vis-à-vis de la prise de risques et de la
récompense. Comme le montrent de récents travaux de la Commission
européenne, le comportement des entrepreneurs peut varier
considérablement d'un pays à l'autre, et l'on sait que les
caractéristiques culturelles influent sur l'activité
entreprenariale. Les pouvoirs publics ont un rôle à jouer, par le
biais du système éducatif, pour favoriser l'esprit d'entreprise
et le comportement des entrepreneurs.
Il est désormais admis que, pour encourager l'esprit
d'entreprise, il importe de prendre en compte la dimension culturelle et que
l'enseignement et la formation constituent des moyens importants d'encourager
l'entrepreneuriat au sein des sociétés. Dans les pays
européens, il est de plus en plus admis que l'esprit d'entreprise
constitue une compétence essentielle à encourager et à
développer par le biais de l'enseignement et de la formation et par
l'apprentissage tout au long de la vie. Le projet BEST de la Commission
européenne, qui consiste à s'efforcer de recenser dans toute
l'Europe les meilleures initiatives visant à promouvoir l'enseignement
de la gestion d'entreprise à tous les niveaux des systèmes
éducatifs illustre cet intérêt.
Aux Pays-Bas, la création d'une commission
spéciale sur « l'entrepreneuriat et l'enseignement » (du
primaire à l'enseignement universitaire) vise à promouvoir des
projets pilotes et à recenser de bons exemples faciles à copier
par d'autres institutions éducatives.
Bien qu'aux États-Unis, la tradition de créer
des entreprises soit plus ancienne que dans les pays européens ou
asiatiques, et que la formation à l'entrepreneuriat y soit plus
largement répandue, il a fallu trente ans pour que l'entrepreneuriat
acquière ses lettres de noblesse aux yeux de la communauté
universitaire. Il y a quinze ans, seule une poignée
d'établissements dispensaient des cours dans ces domaines alors
qu'aujourd'hui, plus de mille cinq cent (1500) collèges et
universités proposent une forme ou une autre de formation à
l'entrepreneuriat - tendance qui s'est amorcée au début des
années 1990 et continue à se renforcer.
L'intérêt pour la formation à
l'entrepreneuriat s'est désormais propagé dans des
disciplines
non commerciales, chez les étudiants en ingénierie, sciences de
la vie et arts
libéraux. L'enseignement et la formation à
l'entrepreneuriat peuvent avoir exercé un double effet :
premièrement, avoir un impact considérable sur les performances
des entrepreneurs en les aidant à augmenter les chances de survie de
leur entreprise et, dans une moindre mesure, à en augmenter la
rentabilité.
Depuis la fin des années 70, les Etats-Unis et le
Royaume-Uni assurent divers types de formation à l'entrepreneuriat dans
les écoles primaires et secondaires. Or, malgré cette longue
tradition de formation à l'entrepreneuriat, aucun modèle unique
ne peut servir de référentiel, et l'on ne sait pas encore avec
certitude quelle est la meilleure façon d'inculquer l'esprit
d'entreprise. Les jeunes doivent-ils apprendre comment créer leur propre
entreprise, ou doit-on leur enseigner l'aptitude au changement, ou encore
d'autres caractéristiques propres aux entrepreneurs ?
Le Canada, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont opté
pour la première voie. On sensibilise les enfants à la
possibilité de faire carrière comme travailleur
indépendant et aux retombées positives de l'activité
entrepreneuriale. En ce qui concerne les expériences canadiennes: dans
les quatre provinces de l'Atlantique, par exemple, tous les étudiants
sont formés à l'entrepreneuriat. Tous ces programmes ont
été évalués puis améliorés
(Lundström et Stevenson, 2002). Ils privilégient un enseignement
fondé sur « l'apprentissage par l'action », qui permet aux
étudiants de développer des idées, d'élaborer des
projets d'entreprise et de diriger leurs propres mini-entreprises. Aux
EtatsUnis, le Kauffman Center for Entrepreneurship peut être cité
comme une source de matériels pédagogiques soulignant le
rôle important des entrepreneurs dans l'économie
américaine, ainsi que d'outils pratiques pour concevoir un projet
d'entreprise.
Pour favoriser un système éducatif
orienté vers plus de culture d'entreprise, l'attention accordée
par les pouvoirs publics à l'enseignement et à la formation
à l'entrepreneuriat pourrait être axée sur les aspects
suivants :
· intégration cohérente et
systématique des matières portant sur l'entrepreneuriat dans
l'ensemble des systèmes éducatifs formels afin d'enseigner les
compétences entrepreneuriales et de promouvoir une société
d'entrepreneurs ;
· promotion de diverses formes de partenariats publics
et privés, allant des contrats de stage à des financements
privés, pour instaurer une collaboration entre les
établissements publics d'enseignement et de recherche
d'une part, et le secteur privé, en particulier les PME, d'autre part
;
· mise à niveau des enseignants en activité
chargé des cours en entrepreneuriat et amener les entrepreneurs ayant
réussi à partager leurs expériences ;
· augmentation du financement public pour la formation des
enseignants et l'élaboration de programmes d'études et de
programmes axés sur l'entrepreneuriat;
· amélioration de la coordination entre les
différents organes gouvernementaux associés à la promotion
de l'entrepreneuriat ;
· mise au point d'indicateurs et évaluation de
programmes.
En définitive les pays en développement doivent
promouvoir une société et une culture entrepreneuriale, en
particulier par l'éducation et la formation. Intégrer
l'entrepreneuriat à tous les niveaux du système formel
d'enseignement et garantir l'accès de la population adulte aux
informations en l'occurrence les femmes du secteur informel, aux
compétences et aux connaissances spécialisées relatives
à l'entrepreneuriat par le truchement de programmes d'apprentissage tout
au long de la vie. Promouvoir la diffusion de programmes de formation en
stimulant la prestation de services de ce type par le marché
privé et en proposant des ateliers pratiques bien ciblés.
B. Faciliter l'accès au financement.
L'accès au financement a été
identifié par les dirigeants d'entreprises au Sénégal
comme la contrainte majeure de l'environnement des affaires. Le secteur
bancaire sénégalais, qui occupe la deuxième place au sein
de l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA),
après celui de la Côte d'ivoire, avec vingt banques en 2009 et
plus de 25 % des actifs du système financier de l'Union, n'arrive
toujours pas à répondre aux nombreuses sollicitations, surtout
des petites et moyennes entreprises (PME).
Ces dernières ont en effet un accès très
limité au crédit. En 2008, note le rapport national sur la
compétitivité de l'économie sénégalaise
(Rncs), les grandes entreprises ont bénéficié de 88,1 %
des prêts, alors que la part des entreprises de taille moyenne n'a
été que de 6,7 % sur un taux de financement de l'économie
qui peine à dépasser 24 %. Pis, une récente étude
de la Banque mondiale fait état de rejet de 80 % des dossiers de demande
de crédit des PME dû notamment à l'absence d'états
financiers formalisés et certifiés par un commissaire aux comptes
des demandeurs qui permettrait d'assurer sur la solvabilité du client.
Et, le taux élevé de défauts de remboursement noté
risque de corser la chose pour les futurs demandeurs qui ont vraiment besoin de
ces ressources financières pour démarrer ou s'agrandir, innover
ou améliorer leur production. Le rapport explique ainsi la
difficulté à laquelle sont confrontées les petites et
micro-entreprises pour accéder au crédit par les niveaux de
garanties exigés et par les taux d'intérêts
élevés.
Entre 2004 et 2008, le taux d'intérêt moyen sur
les prêts a été de 12,15 %, relève le rapport. Qui
souligne que ce taux est plus élevé au Sénégal
qu'en Côte d'ivoire, Tunisie, Afrique du Sud et la plupart des pays de la
CEDEAO. En 2009, les écarts de taux d'intérêt,
c'est-à-dire la différence entre les taux d'intérêt
sur les prêts et les taux d'intérêt sur les
dépôts, étaient de 11,0 %. Soit près de quatre fois
plus élevés qu'en Tunisie et Afrique du Sud. « Un tel
écart élevé de taux d'intérêt est un
indicateur de fonctionnement inefficient du secteur bancaire qui se
reflète également dans les niveaux élevés de
défauts de remboursement. Ce qui, en retour, pourrait s'expliquer par le
manque d'accès à des informations fiables sur les emprunteurs
», souligne le rapport. Non sans faire remarquer que les
dépôts dans les institutions de micro-finance ont augmenté
de 27,5 % en 2007 et de 14,8 % en 2008. Ces institutions ont détenu,
selon la même source, 64 % de tous les
comptes de dépôt en 2008. Malgré cela,
elles ne fournissent que 8,9 % des crédits octroyés alors que les
banques en fournissent 91,1 %.
Les services, le transport et à la communication
captent 32 % des prêts, pourtant, selon le Rncs, réalisé
avec l'appui de L'USAID, le système financier du Sénégal
s'est beaucoup amélioré durant la dernière décennie
avec une masse monétaire qui est passée de 22,5 % du PIB en 2000
à 33,4 % en 2008. De plus, à la fin décembre 2009, l'offre
de monnaie a augmenté de 10,9 % par rapport à l'année
précédente. Cela est principalement dû à une
augmentation de 13,6 % des dépôts bancaires et à une
augmentation de 4,3 % dans la circulation de la monnaie. Néanmoins, la
monétisation de l'économie demeure relativement faible
comparée à celle de la Tunisie, de la Corée du Sud, de
l'Afrique du Sud, de la Malaisie et de la plupart des pays de L'OCDE à
revenu élevé. En revanche, l'économie du
Sénégal est plus monétisée que celle de la
Côte d'Ivoire, du Costa Rica, de la plupart des pays de la CEDEAO et de
la majorité des pays d'Afrique subsaharienne à revenu moyen
inférieur. Le crédit intérieur a augmenté de 55 %
entre 2005 et 2009, passant de près de 1 032 milliards de francs Cfa
à 1 604 milliards. Cependant, poursuit le texte, en pourcentage du PIB,
le crédit intérieur octroyé au secteur privé
demeure relativement faible. Quand au crédit net au gouvernement, il
représente un faible pourcentage du crédit intérieur net
bien qu'étant en hausse sur la période 2006- 2009. Il est
passé de 28 milliards de francs Cfa en 2006 à près de 112
milliards en 2009 et est estimé à 217 milliards en 2010. Sur le
dispatching du crédit au secteur privé, le Rncs 2011
relève qu'une grande partie est allouée aux services. «
Entre 2005 et 2009, en moyenne chaque année, près de 32 % des
prêts étaient octroyés aux services, au transport et
à la communication, 27 % aux industries et 19 % au commerce de gros et
de détail », lit-on dans le document. En outre, la part des
prêts aux services, aux transports et à la communication a
augmenté régulièrement pour atteindre un pic septennal de
41 % en 2009.
Même si les banques restent les premières
sources de financement au Sénégal, le rapport indique que la
Bourse régionale de valeurs mobilières (BRVM), commune aux pays
membres de l'UEMOA, offre de nouvelles opportunités d'attraction de
capitaux étrangers qui permettent aux investisseurs privés de
diversifier leurs sources de financement. Mais,
le Sénégal ne profite pas assez des
financements du marché des valeurs et du capital risque. En effet,
signale le Rncs, dans le Rapport sur la compétitivité mondiale
(Rcm) 2010-2011, le Sénégal est classé 80ème dans
le financement par le marché des actions et une seule entreprise, la
Sonatel, est cotée à la BRVM. Cependant, le rang du
Sénégal s'est amélioré de 33 places dans la
disponibilité de capital risque dans ce même Rcm. En outre, en
2008, le gouvernement du Sénégal a pu lever 285 millions de
dollars US sur le marché financier17.
Pour relancer le financement des activités
entrepreneuriales, des recommandations ont été faites au secteur
bancaire, les Institutions Financières de Micro finance (IMF) en
particulier :
· Elles doivent s'assurer que les clients sont
protégés ;
· elles doivent être formées pour faire un
choix judicieux dans leurs affaires ;
· il faut introduire les programmes d'éducation
financière dans les écoles, tous les acteurs (l'Etat, les
clients, les IMF) doivent s'impliquer, ...;
· Signer des protocoles d'accord entre secteur bancaire
et jeunes étudiants voulant se lancer en affaires. (une sorte de
parrainage) ex : signature d'un protocole entre le Ministère de
l'Entrepreneuriat Féminin et de la Micro finance et le Ministère
de l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle pour financer
des projets.
17 Source : Seyni DIOP - Walfadrji