i. Revue du dispositif actuel
Il existe aujourd'hui des structures chargées de
l'appui aux entreprises au Sénégal, mais celles-ci s'adressent
peu aux micros et petites entreprises. Par ailleurs, leur offre en
matière de conseil n'est pas spécifiquement adaptée aux
enjeux et aux difficultés des MPE. Le dispositif institutionnel actuel
est composé de :
· Un Ministère des Petites et Moyennes
Entreprises, de l'Entrepreneuriat Féminin et de la Micro Finance
composé de trois directions (Direction des PME, Direction de
l'Entrepreneuriat Féminin et Direction de la Micro Finance) et ayant
comme mission de :
· favoriser la création des PME et PMI notamment
dans les secteurs des services, de l'industrie, de l'agriculture, de
l'élevage, de la pêche et des nouvelles technologies de
l'information et de la communication ;
· conduire les politiques de mise à niveau des
PME et des PMI ainsi que de leur environnement en vue d'assurer leur
intégration dans l'économie sous régionale et dans la
mondialisation ;
· élaborer et mettre en oeuvre des
stratégies pour le développement de programme de promotion de la
qualité à travers la diffusion de la culture de la qualité
et de la certification au sein des PME et des PMI ;
· développer les actions permettant d'aider les
femmes entrepreneures, ainsi que les femmes souhaitant créer une
entreprise ;
· favoriser la formation des femmes chefs d'entreprises,
notamment en matière de
finances, de crédits, de
comptabilité, de commerce national et international.
· Une Agence de Développement et
d'Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises (ADEPME) relevant de la
tutelle du Ministère des PME et dont les missions consistent à
aider au renforcement des capacités de gestion des PME et de
l'artisanat, à favoriser l'accès au crédit, à
former, informer et encadrer les chefs d'entreprises, à faire des
propositions d'amélioration de la législation et de la
réglementation ;
· Un Programme de Mise à Niveau des
entreprises (PMN) faisant partie du Programme intégré de
développement industriel et orienté sur le renforcement de
la compétitivité des entreprises éligibles grâce
à la réalisation des réajustements
nécessités par la concurrence internationale ;
· Une Société Nationale d'Etudes et de
Promotion Industrielle (SONEPI) qui travaille uniquement avec les
entreprises formelles et dont l'approche par études
d'opportunités ne correspond pas aux démarches des MPE ;
· La Société du Domaine Industriel de
Dakar (SODIDA) dotée d'un centre de services aux PME et s'adressant
également aux micro-entreprises (Programme MPE de l'ONUDI) ;
· Un Centre International du Commerce Extérieur
(CICES) assurant la promotion des exportations et se concentrant sur
l'organisation de la Foire de Dakar ;
· Des Centres de Gestion Agréés (CGA)
créés en 1995 sous la forme d'associations à but non
lucratif offrant aux M-PME un appui en matière fiscale (des abattements
sont prévus pour les adhérents) et d'autres services (suivi en
gestion et en organisation, formation en gestion) ;
· Une Agence de Promotion des Investissements (APIX)
absorbant une partie des missions de l'ancienne Fondation du Secteur
Privé ;
· Un Système de cofinancement des services
d'appui (EBAS) mis en oeuvre par la Commission Européenne pour tous
les pays ACP, géré depuis Abidjan et s'adressant en particulier
aux moyennes et grandes entreprises ;
· Un programme du BIT appelé GERME
visant à transférer aux formateurs des organismes d'appui aux PME
une méthodologie et des modules de formation à la création
et à la gestion d'entreprise, testés et rodés dans de
nombreux pays ;
· Un Projet d'appui aux petites entreprises
agroalimentaires évoluant dans le secteur informel mis en oeuvre
par la Coopération canadienne (ACDI) en relation avec l'Institut de
Technologie Alimentaire (ITA) ;
· Projet d'appui aux petites entreprises ONUDI
s'adressant aux petites entreprises et offrant un appui à la
création de groupements d'affaires (quelques entreprises se regroupent
pour mener des activités en commun), aux projets collectifs de ces
groupements (projets économiques - équipements, centrale
d'achat,...-, activités en commun - voyages d'études, prospection
commerciale, label...-, expertise collective - formation, étude de
marchés, ..), un appui institutionnel aux organisations
professionnelles, la défense des intérêts des PE dans le
cadre des réformes sur l'environnement des entreprises ;
· Des actions sectorielles et/ou ponctuelles
menées par des ONG ou des projets jouant un
rôle d'intermédiation entre des MPE et des prestataires avec des
actions d'accompagnement (promotion, études et suivi du marché) ;
exemple le PPCL (Programme de promotion des céréales locales),
financé par l'UE (2 millions d'euros) et géré par le
groupement Gret/Enda Graf jusqu'en fin 2001 ;
· Des chambres consulaires (chambres de commerce,
d'industrie et d'agriculture ; chambres des métiers) s'adressant aux
M-PME ;
· Des observatoires économiques
nationaux fournissant un service d'information dans le cadre des missions
de leur tutelle : Direction de l'Industrie pour le Réseau d'Informations
Industrielles (RNIIS), Observatoire du Ministère de l'Emploi et celui de
l'APIX, Réseau TPA et son relais national s'adressant aux PME et aux
micro-entreprises du secteur de l'artisanat ;
· Une fondation Trade Point mettant à la
disposition des entreprises des opportunités d'affaires et disposant
d'une banque de données économiques, financières,
juridiques, techniques et commerciales ; les petites entreprises informelles
représentent 70% de ses adhérents contre 10% pour les PME
exportatrices ;
· Un important dispositif d'appui centré
sur la recherche de satisfaction des besoins financiers des M-PME et comprenant
des lignes de crédit domiciliées auprès des banques et de
certaines Institutions de Micro Finance (IMF) d'une part, et des projets de
financement direct d'autre part ; à quoi s'ajoutent des fonds de
garantie ;
· Le lancement de la Foire Régionale de
Développement dont le but est de promouvoir, stimuler et attirer
l'attention sur le développement de l'entrepreneuriat
(amélioration du profil des entrepreneurs, accès au
crédit, promotion de l'innovation au sein des M-PME), etc.) ;
· Un projet de Plate-forme du Millénaire
à Diamniadio : il s'agit de l'aménagement d'un espace de
2620 hectares à 30 km de Dakar, dont les 80% sont destinés aux
activités industrielles, artisanales, commerciales et touristiques
contre 20 % pour l'habitat (concept de nouvelle ville) ; l'ambition du projet
est de
prendre en charge les questions d'accès au foncier, de
mobilité urbaine à Dakar,
d'accélération de la croissance économique
et de réduction de la pauvreté ;
· Un Programme d'assainissement des circuits de
commercialisation de la viande dans les centres urbains : un prototype de
boucheries, charcuteries et étals normalisés sera mis au point au
courant du mois d'août 2006, marquant ainsi le début de
réalisation du programme d'assainissement du marché de la viande
couvrant les cinq (5) ans à venir (construction de nouveaux abattoirs et
réhabilitation des anciens sur financement de la BAD pour un coût
de 1,4 milliard F CFA). Les deux types de boucheries prévus sont les
boucheries fixes et les boucheries ambulantes. Ils seront pilotés par
des professionnels et implantés en dehors des marchés
traditionnels (boucheries fixes) ; leur financement sera assuré par une
subvention de 80% de l'État et un autofinancement de 20%.
ii. Point de vue sur son fonctionnement
Un point de vue pertinent sur le fonctionnement et
l'efficacité du dispositif institutionnel actuel de prise en charge des
besoins des M-PME doit nécessairement résulter d'un audit des
différentes institutions et des différents programmes ou projets.
Une bonne partie de l'information (évaluation des performances) devrait
être disponible ; à défaut il serait utile de commanditer
des études spécifiques portant sur la question. Au regard de la
présente mission, ce travail n'est pas compris dans nos termes de
référence.
Néanmoins, il est permis de faire les constats suivants
en considération de ce qui est décrit en général
comme les faiblesses du dispositif institutionnel :
· globalement, les missions des organismes d'appui sont
définies de manière assez large par rapport aux moyens dont ils
disposent ;
· il existe dans certains cas des chevauchements, plusieurs
organismes faisant la même chose pour la même cible ;
· les entreprises ne sont pas toujours bien
informées sur les missions de ces organismes et sur leurs
procédures de fonctionnement16.
16 Cet état des lieux reprend totalement le
rapport du « Programme Sénégalo-Allemand Promotion de
l'Emploi des Jeunes en Milieu Urbain » du consultant Elimane FALL, 2006,
pp.9-13.
2. Mesures incitatives.
Au regard de l'état des lieux de la situation de
l'entrepreneuriat, nous convenons que des pans importants ont été
franchis au Sénégal du point de vue juridique et institutionnel.
Seulement l'environnement politique soumis à l'alternance au gré
des populations peut constituer une menace majeure pour la conservation des
acquis si chaque régime doit balayer par le revers de la main toute
avancée de son prédécesseur. Néanmoins pour
entrevoir davantage l'impact de l'entrepreneuriat dans la société
sénégalaise deux axes majeurs pourraient faire l'objet de domaine
d'intervention à savoir : promouvoir plus de culture entrepreneuriale et
faciliter l'accès au financement.