L'impact d'un model de développement basé sur
l'entrepreneuriat dans la vie sociale peut s'apprécier en terme de
réduction du chômage des jeunes, de réduction de la
pauvreté, d'actions dirigées à l'endroit de la
communauté ou simplement de changement de comportement des citoyens
vis-à-vis de l'emploi. Ce sont les aspects qualitatifs liés au
développement dont il est ici question, surtout ceux engendrés
par les initiatives entrepreneuriales.
En effet, la plupart des entreprises des pays en transition
et en développement sont des PME. Ces entreprises représentant
habituellement plus de 90 % de l'ensemble des entreprises hors secteur
agricole, sont une source essentielle d'emplois et génèrent
d'importants revenus intérieurs et à l'exportation. Dans les pays
les plus pauvres, elles représentent néanmoins une part
relativement faible de l'économie, et contribuent moins à
l'emploi et à la production que le secteur informel. Dans les pays
à faible revenu, les politiques doivent donc s'attacher à
faciliter la création de PME afin de faire entrer les pauvres dans le
secteur formel, où ils participent au marché et peuvent se livrer
à des activités professionnelles à plus forte valeur
ajoutée.
Le diagnostic de la pauvreté au Sénégal
fait ressortir une situation de précarité frappant une grande
partie des ménages. En effet, les populations considèrent :
« Est pauvre celui qui n'a rien, qui ne peut régler ses besoins
sociaux primaires, qui vit sans accès à des opportunités
» (DSRP). La proportion des ménages vivant en dessous du seuil
de pauvreté (fixé à 2400 calories, par équivalent
adulte et par jour) était de 57,9 % en 1994 (ESAM-I), elle connaît
un recul de 4 points de pourcentage (soit 53,9%) en 2001 dû à
l'accroissement des revenus/tête entre 1995-2001. (Le Quid
DSRP).15
Son impact est plus visible en milieu rural (entre 72% et 88 %
en zones rurales contre
44% et 59 % en zones urbaines), touche les personnes
les moins instruites et varie selon
15 Selon d'autres sources ces taux sont largement en dessous
des résultats de l'EPPS (2001) où 65 % des ménages
interrogés (même échantillon que le Quid) se
considèrent comme pauvres et 23 % se considèrent même comme
très pauvres. Par ailleurs, 64 % des ménages considèrent
que la pauvreté s'est aggravée au cours des cinq dernières
années contrairement à ce qui a été
énoncé plus haut.
le sexe du chef de ménages (67,4% chez les ménages
dont le chef est un homme et de 58,8% chez les ménages dirigés
par une femme).
Cette analyse sur la pauvreté, quelle que soit
l'approche utilisée, montre que : lorsque les populations ne
disposent pas d'assez de sources de revenu ou si les sources de revenus sont
précaires, elles tombent dans la pauvreté extrême et
s'auto-excluent de la société. C'est à ce moment
qu'elles se livrent à des stratégies de lutte contre la
pauvreté aux allures d'initiatives entrepreneuriales qui sont
spécifiques au pays en développement comme le nôtre.
Dans le cadre de l'entrepreneuriat du secteur formel, il est
largement admis que les PME (parmi elles les micro-entreprises) constituent la
cheville ouvrière du secteur privé, quel que soit leur niveau de
développement, et apportent une contribution non négligeable au
développement économique en général et au
développement industriel en particulier. Les PME représentent
plus de 90 % des entreprises existant dans le monde et entrent pour 50 à
60 % dans le nombre d'emplois, alors que dans le secteur manufacturier leur
part dans l'emploi total se situe entre 40 et 80 %. La contribution des PME est
encore plus importante dans les pays les moins avancés (PMA), auxquels
elles offrent souvent les seules perspectives réalistes en
matière de gains d'emploi et d'accroissement de la valeur
ajoutée. Si les PME apportent au développement une contribution
particulièrement importante, les raisons en sont les suivantes:
· Les PME font appel à une main-d'oeuvre plus
nombreuse et tendent à contribuer à une répartition plus
équitable des revenus que les grandes entreprises;
· Elles jouent un rôle important en créant
des emplois et en atténuant ainsi la
pauvreté et offrent souvent des
débouchés raisonnablement bien rémunérés
à des
travailleurs venant de ménages pauvres et à
des femmes n'ayant guère d'autres
sources de revenu.
Concernant les circuits de l'économie informelle, les
précisions statistiques seront plus ou moins approximatives,
néanmoins la logique qui prévaut est celle qu'on désigne
sous le nom de l' « entrepreneuriat par nécessité
».
Entreprendre dans ce contexte, répond à un
besoin de se trouver un emploi afin de
participer à la
réduction de charges familiales. Et l'on comprend mieux l'affirmation
de
l'étude sur l'emploi au Sénégal de la
Banque Mondiale, de janvier 2010 qui soutint que "c'est quand les
travailleurs sont incapables de trouver des emplois dans les entreprises
formelles, qu'ils se refugient dans le secteur informel".
Pour sa part, le secteur informel participe pour prés de
97% à la création d'emploi au Sénégal, et souvent
les activités à l'origine sont de l'ordre de l'entrepreneuriat,
même si les entrepreneurs rencontrent beaucoup d'insuffisances qui
limitent leurs initiatives. Aussi, la promotion de l'entrepreneuriat rural
comme féminin va dans le sens de réduire la féminisation
de la pauvreté en zone rurale conformément aux orientations
politiques de la quinzaine de la femme de mars 2012 dont le thème est
axé sur ce point.
Les impacts socio-économiques de l'entrepreneuriat,
dans nos pays en développement sont encore timides au plan
macroéconomique mais il n'en demeure pas moins qu'ils subsistent. Plus
que de contribuer pour prés de 20% à la formation du PIB global,
l'entrepreneuriat doit se positionner comme une alternative pour
améliorer le niveau de vie des populations. Ceci ne risque d'arriver que
lorsqu'on intègre très tôt dans nos établissements
l'éducation à l'esprit d'entreprise.
Pour plus d'illustrations voici un tableau de répartition
des travailleurs selon le secteur et leur contribution à la
réduction de la pauvreté à Dakar.
Tableau 3 : Répartition des travailleurs selon le
secteur d'appartenance et le niveau de pauvreté.