1.2. Une volonté de légitimation
scientifique
Les ruptures entre la médecine traditionnelle
exercée dans le centre et les logiques sociales, culturelles qui fondent
les pratiques et représentations médicales endogènes, sont
liées à la valorisation. En effet, à `'la maison de la
feuille'', les guérisseurs ne travaillent pas seuls, ils cooprent avec
des administrateurs et agents de services ayant des compétences et
formations différentes de celles des tradipraticiens, mais qui
interviennent sur les orientations thérapeutiques du centre. La plupart
des membres de la direction sont formés à l'école
occidentale. Les guérisseurs, dans cette structure n'ont pas une
liberté totale par rapport à leurs pratiques
thérapeutiques. Ils sont obligés de négocier, de
collaborer parfois avec les membres de la direction qui occupent la position la
plus importante dans l'échelle du pouvoir (cf. organigramme).
Le personnel de la direction, de part son appartenance
à la sub-culture scientifique véhiculée par
l'école, privilégie une approche positiviste de la
médecine traditionnelle. Rappelons que selon le Directeur
Général, l'un des objectifs fondamentaux du centre est de «
contribuer à l'essor de la médecine
![](Valorisation-de-la-medecine-traditionnelle-en-contexte-africain-experience-de-la-maison-de-la-fe48.png)
traditionnelle, en la démystifiant ».
C'est ce qui explique qu'aucun sacrifice n'est autorisé après
consultation du Fâ dans le centre.
La valorisation exprime la volonté du promoteur
à donner un caractère scientifique à la médecine
traditionnelle dans ce centre. Cette volonté est compréhensible
car le centre n'est pas une initiative propre aux guérisseurs
euxmêmes qui pour la plupart du temps ne sont pas instruits. Le promoteur
et le Directeur Général ont un niveau d'instruction assez
élevé. Le premier est instituteur et le second, a une licence en
communication d'entreprise.
En bref, fondé pour l'essentiel par des gens d'un
niveau d'instruction plus ou moins élevé, à une
époque oil des reproches de charlatanisme sont portés à
l'encontre des guérisseurs, le centre ne pouvait qu'adopter une
démarche positiviste de la médecine traditionnelle, pour avoir de
la crédibilité auprès du gouvernement béninois.
|