Les causes de l'insuffisance du crédit bancaire au Sénégal( Télécharger le fichier original )par Ngor SECK Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Diplôme d'études approfondies 2010 |
2- Cas du Sénégal :S.A.Dieng (2010) après une étude sur la
Contribution du système bancaire sénégalais par une moindre vigueur de l'activité économique - engendrant un fléchissement de la demande de crédit - et par une probable amélioration sensible de la trésorerie des grandes entreprises qui en sont les principales bénéficiaires. Pour mener cette étude, il procède à une analyse dans le court terme en s'intéressant aux données bancaires de la période récente. Dans une seconde étape, c'est la perspective de longue période qu'il a privilégié. Tableau : Quelques statistiques et ratio relatifs au système bancaire sénégalais
Source : BCEAO (2007). Bulletin de statistiques monétaires et financières, décembre, 115 p, p. 68. Les calculs des ratios et des pourcentages sont effectués par nous (d'après S.A.DIENG). Sur la période spécifiée, l'examen
à vue du tableau ci-dessus révèle que la part du
crédit 2006. Bien qu'enregistrant une hausse en termes absolus sur la période, le crédit à l'économie a significativement diminué en termes relatifs : son taux de croissance est passé de 24,5 % entre 2004 et 2005 à seulement 4,2 % entre 2005 et 2006. L'insuffisance du crédit ne date pas d'aujourd'hui. En effet selon S.A.Dieng, la principale source de création monétaire en 1994 a été l'accroissement des avoirs extérieurs nets, dû aux apports des bailleurs de fonds bi et multilatéraux en appui aux mesures d'accompagnement à la dévaluation et au retour de capitaux spéculatifs (soutien technique). Aujourd'hui encore, les avoirs extérieurs nets représentent environ 40 % de la masse monétaire. La contribution des avoirs extérieurs nets à la création monétaire est de 43,4 % en 2004, 39 % en 2005 et 41% en 2006. En outre, il constate que le crédit bancaire est inégalement réparti entre les différents secteurs de l'économie. Selon une étude faite par la Direction de la Prévision et des études économiques (DPEE), « le crédit bancaire est majoritairement attribué dans le court terme à hauteur de 71,0%, contre 26,6% et 2,4% pour le moyen et le long terme respectivement. Les principaux bénéficiaires du crédit bancaire de court terme sont le secteur du commerce (29,3%), les industries manufacturières (29,1%) et les crédits aux ménages (13,6%). S'agissant du crédit bancaire à moyen terme, il est principalement destiné aux crédits aux ménages (27,5%), aux industries manufacturières (21,8%) ainsi qu'au secteur du commerce (19,1%). Quant au crédit bancaire à long terme, il finance essentiellement les crédits aux ménages et le secteur du commerce à hauteur de 76,2% et 11,9% respectivement ». Toutefois, la part du sous secteur des banques dans l'économie nationale, affirme le Directeur de la DPEE, « n'est pas si importante, mais il est de la banque comme il en est de l'énergie. C'est-à-dire, si vous prenez la part du secteur énergétique dans le Pib, il n'est pas important, c'est entre 2% et 3% du PIB. Mais s'il n'y a pas un secteur énergétique, l'économie est au point mort ». Dans la même foulée, M. Diarisso24 rajoute que « sans un secteur bancaire actif, il n'y a pas d'activités. Cependant, il y a un paradoxe. Pour autant, les banques se développent au Sénégal, pour autant elles ne financent pas l'économie si on voit ce qui se passe en Afrique du Sud, en Malaisie, en Europe et même aux Etats-Unis par exemple ». 24 Directeur de la DPEE (Publié le 25 Mai 2009) En 2008, le secteur bancaire a contribué à hauteur de 24,6% au financement de l'économie, selon une étude réalisée par la DPEE. Sur la période allant de 2003 à 2008, cette contribution s'est située autour de 22,2% en moyenne, contre un peu moins de 20,0% dans les pays de l'UEMOA. Ce qui fera dire à M. Diarisso que « le niveau de financement du secteur bancaire reste faible pour booster la croissance économique. En effet, aux Etats-Unis d'Amérique, le secteur bancaire finance plus de 90% de l'activité économique. En Angleterre et au Canada, le financement bancaire de l'économie dépasse 150%. En Malaisie, ce taux est d'environ 140%. Au Brésil, le secteur bancaire finance environ 60% de l'activité économique ». Cette efficacité du secteur bancaire dans le financement des activités porteuses de croissance économique est défendue par beaucoup d'auteurs. En effet, S.A.Dieng (2010) montre que pour un nombre important d'auteurs, dans la lignée de Schumpeter (1939), pensent que le développement financier exogène, par l'offre de services financiers adéquats, dynamise la croissance économique. Chez des auteurs comme Goldsmith (1955,1969), Gurley et Shaw (1955, 1967) et Mac Kinnon (1973, 1991), un système financier solide et efficace contribue au développement économique. R.Levine (1996)25 fournit les justifications théoriques de cette causalité en évoquant, entre autres, le fait qu'un système financier développé permet une allocation optimale des ressources et promet l'échange de biens et services. En effet, la présence d'un système bancaire et financier permet une meilleure mobilisation de l'épargne domestique et externe et une meilleure maîtrise des problèmes d'asymétrie d'information. Aussi, le système bancaire et financier permet d'assurer le fonctionnement d'un système de paiement efficace et évolutif et de réduire les coûts de transaction et le risque de liquidité - en transformant les ressources courtes (dépôts) en emplois longs (crédits) et les instruments financiers liquides en investissements longs illiquides ; d'où la nécessité de chercher les facteurs qui bloquent ce financement bancaire et d'apporter les solutions idoines. Des études empiriques ont montré que l'approfondissement financier ait joué un rôle déterminant dans la croissance économique d'une grande majorité des pays de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) pour la période 1970-1995. Les résultats des tests de causalité de Granger réalisés par M.Raffinot et B. Venet (1998)26 ont révélé que pour certains pays - Bénin, Côte d'Ivoire et Mali - c'est l'approfondissement financier qui détermine la croissance de la sphère réelle de l'économie. ngorsecka@yahoo.fr/ngorsecka@hotmail.com 26 Voir M. Raffinot et B. Venet (1998). « Approfondissement financier, libéralisation financière et croissance : le cas de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) », Contribution au Colloque de l'AFSE, Paris, septembre. |
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