Section II- Revue de la littérature empirique
:
Cette section comme la précédente sera
divisée en deux parties. D'une part les travaux menés à
travers le monde seront traités et d'autre part ceux menés en
Afrique de l'ouest.
A- Travaux empiriques menés à travers le
monde :
Le rôle de la finance d'une manière
générale, dans une économie, n'est plus à
démontrer. En première lieu, ces études reposent surtout
sur le type de banque à mettre en place pour stimuler l'investissement
accroitre ainsi le produit intérieur à travers un crédit
intérieur de masse. Ce type de banque a commencé à
être mis en place, pour la première fois en France, au
XIXe siècle, à la suite de l'action de J.Laffite qui
fonda la Caisse Générale du Commerce et de l'Industrie, puis fut
repris par les frères Pereire lorsqu'ils créèrent le
Crédit Mobilier en 1852 qui participa surtout au financement des chemins
de fer et moins à celui des manufactures selon Kindleberger (1993). Il
s'agit d'une innovation majeure dans l'histoire financière de la France
et de l'Europe qui servira de prototype ultérieurement pour les banques
de financement de l'industrie en Allemagne et dans l'ensemble de
l'Europe.
Les banques allemandes furent d'abord des banques
privées familiales ; puis se formèrent des sociétés
par actions au milieu du XIXe siècle. La Dresdner Bank, par
exemple, a été créée spécialement pour faire
des prêts à l'industrie ; à cette époque les
marchés financiers ne participaient pas à ce financement, mais
plutôt à celui de la finance publique.
Des travaux contemporains s'interrogent sur les
performances des différents systèmes financiers vis-à-vis
des choix d'investissement et de la croissance (R. Levine (1971)). On distingue
aujourd'hui deux type de système financiers : les systèmes
centrés sur les banques tels ceux de l'Allemagne et du Japon (plus
précisément appelés système de « house banks
» où les relations entre banques et firme sont étroites et
de long terme) et, dans une moindre mesure celui de la finance, et ceux
centrés sur les marchés tels ceux des Etats Unis et de la Grande
Bretagne où la concurrence est forte et les relations entre
prêteurs et firmes plus distantes.
Pour Anne JOSEPH (2004), qui a mené une
étude dont l'objectif principal est de comprendre pourquoi, au
Cameroun, les banques rejettent la plupart des demandes de
financement d'investissements productifs
émanant d'entreprises locales. Pour ce dernier certaines banques
camerounaises manquent de liquidités, il note en effet que c'est l'objet
de son étude, mais paradoxalement d'autres dégagent une
surliquidité. D'une part il note le manque d'institutions
d'accompagnement des entreprises dans leur demande de crédit comme les
sociétés de capital-risque et les sociétés de
crédit-bail ; d'autre part, il note le manque de coopération et
d'entente entre banquier et population. Pour mettre en exergue la
nécessité de chercher des solutions au rationnement du
crédit, il serait judicieux de revenir sur les relations secteur
réel-secteur financier. Ainsi certains auteurs pensent que c'est le
secteur financier qui profite du secteur réel. En effet pour Jean-Paul
Pollin (2009)18 la croissance mondiale a principalement
concerné les pays émergents (La Chine bien sûr, les pays
producteurs de pétrole, certains pays de l'Est...). Il ajoute que les
surplus dégagés par ces pays sont transférés vers
les pays développés via les places financières. Ceci est
défendu par d'autres auteurs. En effet pour ces derniers, le
développement financier est endogène puisqu'il est la
conséquence directe de l'accroissement des besoins - donc de la demande
- de services financiers engendré par le développement
économique. Les analyses traditionnelles considèrent que la
sphère réelle de l'économie se développe de
manière autonome et le système financier ne joue qu'un rôle
passif en ce sens qu'il s'adapte aux besoins de financement de
l'économie réelle. C'est donc la croissance économique
qui, par la demande de services financiers spécifiques, induit le
développement du système financier. Le processus de croissance
économique entraîne un élargissement continu des
marchés financiers avec des produits financiers innovants
nécessitant une diversification accrue et adéquate des risques et
une meilleure maîtrise des coûts de transaction.
H. T. Patrick (1966)19 a été
l'un des premiers à s'interroger sur la possibilité d'une
causalité inverse entre développement financier et croissance
économique. Pour lui, le sens de causalité entre ces deux
variables dépend du stade de développement économique d'un
pays. Dans les phases initiales du développement, c'est l'offre de
services financiers qui permet de promouvoir la croissance économique.
Cette phase appelée « supply leading
» correspond à la mobilisation et au transfert des
ressources du secteur traditionnel vers le secteur moderne autorisant ainsi le
financement de projets plus efficients car incorporant des technologies
innovantes. Toutefois, avertit M. Pagano
18 Jean-Paul Pollin « Quel système
bancaire pour l'après crise » Juillet 2009
19 H. T. Patrick (1966). « Financial development and
economic growth in underdeveloped countries », Economic Development
and Cultural Change,vol. 14, n° 2, pp. 174-189.
(1993), l'approfondissement financier peut parfois
entraîner des effets défavorables à la croissance
économique. Il pense en particulier au fait qu'une distribution plus
importante de crédits aux ménages accroisse leur consommation au
détriment de leur épargne.
En revanche, dans la phase de maturité du
processus de développement, c'est la croissance économique qui
induit le développement du système financier : c'est la phase
dite de « demand following » où le
secteur financier s'accommode à satisfaire les demandes de services que
lui adresse le secteur réel.
S'intéressant à la même
problématique de la causalité entre développement
financier et croissance économique, W. Jung (1986)20 confirme
les propositions théoriques de Patrick (1966).
Dans cette optique, le FMI (1996)21,
analysant les performances des pays en développement, affirme que le
niveau actuel du développement financier détermine le niveau
futur de la croissance économique.
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