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Les causes de l'insuffisance du crédit bancaire au Sénégal

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par Ngor SECK
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Diplôme d'études approfondies 2010
  

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Section II- Revue de la littérature empirique :

Cette section comme la précédente sera divisée en deux parties. D'une part les travaux menés à travers le monde seront traités et d'autre part ceux menés en Afrique de l'ouest.

A- Travaux empiriques menés à travers le monde :

Le rôle de la finance d'une manière générale, dans une économie, n'est plus à démontrer. En première lieu, ces études reposent surtout sur le type de banque à mettre en place pour stimuler l'investissement accroitre ainsi le produit intérieur à travers un crédit intérieur de masse. Ce type de banque a commencé à être mis en place, pour la première fois en France, au XIXe siècle, à la suite de l'action de J.Laffite qui fonda la Caisse Générale du Commerce et de l'Industrie, puis fut repris par les frères Pereire lorsqu'ils créèrent le Crédit Mobilier en 1852 qui participa surtout au financement des chemins de fer et moins à celui des manufactures selon Kindleberger (1993). Il s'agit d'une innovation majeure dans l'histoire financière de la France et de l'Europe qui servira de prototype ultérieurement pour les banques de financement de l'industrie en Allemagne et dans l'ensemble de l'Europe.

Les banques allemandes furent d'abord des banques privées familiales ; puis se formèrent des sociétés par actions au milieu du XIXe siècle. La Dresdner Bank, par exemple, a été créée spécialement pour faire des prêts à l'industrie ; à cette époque les marchés financiers ne participaient pas à ce financement, mais plutôt à celui de la finance publique.

Des travaux contemporains s'interrogent sur les performances des différents systèmes financiers vis-à-vis des choix d'investissement et de la croissance (R. Levine (1971)). On distingue aujourd'hui deux type de système financiers : les systèmes centrés sur les banques tels ceux de l'Allemagne et du Japon (plus précisément appelés système de « house banks » où les relations entre banques et firme sont étroites et de long terme) et, dans une moindre mesure celui de la finance, et ceux centrés sur les marchés tels ceux des Etats Unis et de la Grande Bretagne où la concurrence est forte et les relations entre prêteurs et firmes plus distantes.

Pour Anne JOSEPH (2004), qui a mené une étude dont l'objectif principal est de
comprendre pourquoi, au Cameroun, les banques rejettent la plupart des demandes de

financement d'investissements productifs émanant d'entreprises locales. Pour ce dernier certaines banques camerounaises manquent de liquidités, il note en effet que c'est l'objet de son étude, mais paradoxalement d'autres dégagent une surliquidité. D'une part il note le manque d'institutions d'accompagnement des entreprises dans leur demande de crédit comme les sociétés de capital-risque et les sociétés de crédit-bail ; d'autre part, il note le manque de coopération et d'entente entre banquier et population. Pour mettre en exergue la nécessité de chercher des solutions au rationnement du crédit, il serait judicieux de revenir sur les relations secteur réel-secteur financier. Ainsi certains auteurs pensent que c'est le secteur financier qui profite du secteur réel. En effet pour Jean-Paul Pollin (2009)18 la croissance mondiale a principalement concerné les pays émergents (La Chine bien sûr, les pays producteurs de pétrole, certains pays de l'Est...). Il ajoute que les surplus dégagés par ces pays sont transférés vers les pays développés via les places financières. Ceci est défendu par d'autres auteurs. En effet pour ces derniers, le développement financier est endogène puisqu'il est la conséquence directe de l'accroissement des besoins - donc de la demande - de services financiers engendré par le développement économique. Les analyses traditionnelles considèrent que la sphère réelle de l'économie se développe de manière autonome et le système financier ne joue qu'un rôle passif en ce sens qu'il s'adapte aux besoins de financement de l'économie réelle. C'est donc la croissance économique qui, par la demande de services financiers spécifiques, induit le développement du système financier. Le processus de croissance économique entraîne un élargissement continu des marchés financiers avec des produits financiers innovants nécessitant une diversification accrue et adéquate des risques et une meilleure maîtrise des coûts de transaction.

H. T. Patrick (1966)19 a été l'un des premiers à s'interroger sur la possibilité d'une causalité inverse entre développement financier et croissance économique. Pour lui, le sens de causalité entre ces deux variables dépend du stade de développement économique d'un pays. Dans les phases initiales du développement, c'est l'offre de services financiers qui permet de promouvoir la croissance économique. Cette phase appelée « supply leading » correspond à la mobilisation et au transfert des ressources du secteur traditionnel vers le secteur moderne autorisant ainsi le financement de projets plus efficients car incorporant des technologies innovantes. Toutefois, avertit M. Pagano

18 Jean-Paul Pollin « Quel système bancaire pour l'après crise » Juillet 2009

19 H. T. Patrick (1966). « Financial development and economic growth in underdeveloped countries », Economic Development and Cultural Change,vol. 14, n° 2, pp. 174-189.

(1993), l'approfondissement financier peut parfois entraîner des effets défavorables à la croissance économique. Il pense en particulier au fait qu'une distribution plus importante de crédits aux ménages accroisse leur consommation au détriment de leur épargne.

En revanche, dans la phase de maturité du processus de développement, c'est la croissance économique qui induit le développement du système financier : c'est la phase dite de « demand following » où le secteur financier s'accommode à satisfaire les demandes de services que lui adresse le secteur réel.

S'intéressant à la même problématique de la causalité entre développement financier et croissance économique, W. Jung (1986)20 confirme les propositions théoriques de Patrick (1966).

Dans cette optique, le FMI (1996)21, analysant les performances des pays en développement, affirme que le niveau actuel du développement financier détermine le niveau futur de la croissance économique.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius