1.5.2 Les conséquences des pratiques informelles sur
le dynamisme urbain
L'habitat irrégulier se développe dans la plupart
des cas sur des sites déclarés inconstructibles par les
administrations foncières. Il s'agit le plus souvent des zones
escarpées ou inondables, des sites à fort risque
d'éboulement. Les lotisseurs privés ne se soucient pas des
conséquences
sanitaires liées à l'occupation d'un secteur
pollué ou inondable et il appartient aux autorités
administratives de trouver tôt ou tard des solutions aux problèmes
posés par l'occupation de ces sites. L'habitat illégal
s'étend plus rapidement que l'habitat régulier avec toutes les
conséquences sanitaires qui en découlent à savoir les
immondices en putréfaction, les eaux usées non canalisées,
les voies sinueuses et impraticables, bref un ensemble de facteurs favorables
à la propagation des maladies rendant le cadre de vie urbain
désagréable et indécent. L'intégration de ces
secteurs au tissu urbain nécessite des coûts financiers
importants. C'est pourquoi, les autorités préfèrent
régulariser les quartiers informels situés dans des zones moins
accidentées. Si l'autoconstruction associée aux occupations
illégales de terres constitue une solution de logement à moindre
coût pour les familles les plus pauvres, c'est au prix d'un coût
social considérable, la logique du système voulant que cet
habitat se développe dans les zones les plus coûteuses à
viabiliser et équiper, et présentant un risque majeur permanent
pour les populations résidentes (DUREAU F. ; HOYOS M.C 1995).
A Niamey par exemple cette urbanisation
incontrôlée résultant des conflits entre les
différents acteurs fonciers a pour conséquence une multiplication
des quartiers informels en attente d'intégration au système
urbain : c'est le cas de Koubia, Zarmagandey, Pays-Bas, Golf, etc.
1.5.3 Quelques solutions envisagées
Jusqu'au début des années 70, la solution
qu'apportaient les autorités politiques à l'habitat informel
était la destruction. Face à l'inefficacité de cette
mesure et sous la pression des Institutions financières internationales
dont la Banque Mondiale, les bulldozers ont été abandonnés
au profit d'une intégration concertée de l'habitat informel au
tissu urbain avec la participation financière des squatters.
Certains dirigeants ont pensé pouvoir résoudre
l'occupation illégale de l'espace urbain en instituant des politiques
audacieuses. C'est dans cet ordre d'idée que JAGLIN S. (1995) loue les
mérites du régime de Thomas SANKARA à travers les mesures
énergiques prises afin d'atténuer le phénomène.
Dans cette optique, il a été décrété
qu'à compter de décembre 1984, il n'y aura plus de construction
nouvelle dans la ville de Ouagadougou. Dans la foulée, les transactions
immobilières avaient été suspendues. Les constructions
nouvelles et les transactions immobilières ne pourront se faire que sur
des terrains lotis avec autorisation préalable du ministère de
l'intérieur. De plus, le logement est rendu gratuit pour l'année
1985 pour permettre aux petites gens de faire l'économie du prix du
loyer afin de bâtir leurs propres maisons. En outre, les autorités
avaient nationalisé la terre afin de créer un domine foncier
national et avaient doté les services compétents
d'instruments de contrôle de l'espace urbain pour éviter toute
forme de spéculation. Les mesures dissuasives tendant à
détruire l'habitat irrégulier sont selon GAPYISI E. (1989) des
pratiques irréalistes car les autorités savent pertinemment que
la population urbaine ne peut pas rester sans logement quelque soit le statut.
Aussi, préconise t-il aux décideurs et techniciens de l'urbain
d'être plus réalistes en tenant compte de la réalité
socioéconomique des citadins car avant tout la ville est construite pour
ses habitants et pour cela il faudrait tenir compte de leurs moyens.
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