5.2.2 L'habitat informel sur domaine privé
Contrairement au domaine précédent où
construire en matériaux durables est une obligation, là, l'usage
des matériaux précaires est la règle
générale.
5.2.2.1 le domaine privé de l'Etat
A Niamey, l'un des cas le plus flagrant d'occupation du
domaine privé de l'Etat est celui des Cases Allemandes, un
véritable village dans la ville et qui plus est au quartier Plateau,
c'est-àdire le quartier le mieux équipé de la ville. C'est
un terrain composé de 39 parcelles appartenant à l'Ambassade
d'Allemagne qui y avait construit des bungalows (d'où l'appellation de
Cases Allemandes) pour abriter les coopérants Allemands résidant
à Niamey. Lors du départ de ces derniers, l'Ambassade a vendu le
terrain à l'Etat du Niger qui l'a cédé aux
enseignants-chercheurs de l'Université de Niamey. Lors d'une
grève des enseignantschercheurs, le Chef de l'Etat de l'époque,
furieux de leur mouvement a tout simplement retiré le terrain
situé non loin du palais présidentiel. L'espace est
retourné au domaine privé de l'Etat et reste vacant. Constatant
cette disponibilité de terrain, les gardiens du Plateau ont
commencé à bâtir peu à peu des paillotes. Plus tard,
ils seront rejoints par des artisans, des prostituées, etc.
Les multiples tentatives de déguerpissement ont
échoué. Lors de l'incendie du 17 février 2003 qui a
ravagé 204 paillotes, le Préfet-Président de la
Communauté Urbaine de Niamey
20 Expression par laquelle les
Niaméens désignent les parcelles coutumières et
qui signifie « aménage pour t'installer » en
référence à l'insalubrité qui caractérise
généralement le site.
nouvellement nommé a pensé réussir
là où ses prédécesseurs ont échoué en
profitant de l'incendie pour déguerpir les squatters. Les
autorités de la CUN s'étaient alors rendues sur le terrain pour
constater l'ampleur du sinistre et le PP/CUN a donné un ultimatum de
trois jours à ceux qui n'ont pas été victime de l'incendie
pour quitter les lieux. Pour montrer sa détermination, des policiers ont
été placés afin d'empêcher toute reconstruction.
Mais c'était sans compter sur la détermination et l'organisation
des squatters.
Figure n° 4 : Localisation de Tchana-Carré et des
Cases Allemandes au quartier Plateau
![](L-habitat-informel-dans-les-villes-d-Afrique-subsaharienne-francophone--travers-l-exemple-de-Niame7.png)
Source : Google Earth [2007]
Mobilisés autour de leur chef de quartier,
ils ont vite engagé des négociations avec les autorités
politiques afin que la décision du PP/CUN ne soit pas appliquée.
Aussi, le même jour, ont-ils rencontré l'une des épouses du
Président de la République afin qu'elle intercède en leur
faveur. Le lendemain, déjà la reconstruction des paillotes a
repris.
Pour accéder aux Cases Allemandes, la procédure
est simple, il faut identifier un espace nécessaire à la
construction d'une paillote et informer le Chef du quartier qui
avertit les voisins. La seule condition est de ne pas troubler l'ordre pour
donner un prétexte aux autorités pour justifier un
déguerpissement. Les premiers arrivants ont accumulé tellement
d'espace que certains ont construit des paillotes destinées à la
location. C'est le cas d'un ancien
militaire qui a quitté le quartier Boukoki pour venir
s'y installer et louer des paillotes aux nouveaux arrivants.
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