Chapitre III : Niamey : description et
caractérisation de la problématique
Avant d'entamer la présentation de Niamey, il est
impératif de présenter le territoire dont elle constitue
aujourd'hui la principale ville et regroupe l'essentiel des activités
administratives et économiques. L'instabilité politique et
économique qui a caractérisé le pays est remarquable
à Niamey où elle se lit en partie sur le paysage urbain.
3.1 Notes générales sur le Niger
Pays sahélo-saharien, le Niger est situé
à mi chemin entre l'Afrique du nord et l'Afrique sud saharienne. Ce
territoire qui s'étend entre 11°37' et 23°33' de latitude nord
et entre 0°06' et 16° de longitude Est couvre une superficie de 1 267
000 km2. Avec une population estimée à 12 628 241
habitants en 2005, la densité moyenne est de 9,9 habitants au
km2. Cette densité cache des fortes disparités. En
effet, désertique au 3/4, l'essentiel de la population se concentre sur
la bande sud où les densités varient entre 13,5 dans la
région de Zinder à 2 776,3 à Niamey. Rurale à 83%,
la population nigérienne se caractérise aussi par sa jeunesse
puisque les jeunes de moins de 15 ans représentent 48,4% (INS :
RGP/H/2001). Avec un taux d'accroissement de 3,3% (l'un des plus
élevés au monde) la population nigérienne a
été multipliée par 2,16 en 24 ans.
3.1.1 L'évolution institutionnelle
De son accession à l'indépendance en 1960
à 1974, le Niger a été dirigé par régime
civil dirigé par Diori Hamani. Cette première République a
été renversée par un coup d'Etat instaurant un
régime d'exception dirigé par Seyni Kountché de 1974
à 1987 puis de 1987 à 1991 par Ali Saïbou. Ce dernier
transforma le régime d'exception en parti unique (deuxième
République). Comme la plupart des pays d'Afrique subsaharienne
francophone, le Niger entame un processus démocratique dans un contexte
de crises multiformes. La crise économique a commencé à
sévir à partir de 1982 suite à la chute drastique des
cours de l'uranium (principale ressource d'exportation du pays). Le Niger finit
par conclure un accord avec les institutions de Bretton Woods. Les mesures
impopulaires en vue de l'obtention de ces accords ont provoqué des
remous sociaux qui ont contribué à affaiblir l'économie et
l'autorité de l'Etat. Les mobilisations multisectoriales contraignent le
gouvernement du parti unique à accepter le multipartisme et
l'organisation d'une conférence nationale souveraine à partir
de
juillet 1991. Celle-ci met en place un gouvernement de
transition qui élabora une constitution de type semi présidentiel
adoptée en décembre 1992. Lors des élections
générales de 1993, la coalition dite Alliance des Forces du
Changement (AFC) remportera les élections et Mahamane Ousmane devient
président de la République. Les contradictions entre les
démocrates finiront par faire éclater la coalition.
L'assemblée nationale a été dissoute et l'opposition
réunie autour de l'ancien parti unique rejoint par les transfuges de
l'AFC, remporte les élections législatives et contraint le
Président à nommer un gouvernement dirigé par
l'opposition. Cette cohabitation provoque un blocage au niveau de l'Etat.
L'armée intervient en janvier 1996 et met fin au processus
démocratique en suspendant la constitution. Le chef d'état-major
le colonel Ibrahim Baré Maïnassara devient chef de l'Etat. Une
nouvelle constitution de type présidentielle est adoptée le 12
mai 1996. Le chef de la junte militaire se porte candidat et remporte les
élections présidentielles suite à des fraudes massives.
L'opposition qui a refusé de participer aux élections
législatives s'est organisée au sein d'un Front pour la
Restauration et la Défense de la Démocratie (FRDD). Rejoint par
les syndicats mobilisés contre les mesures draconiennes imposées
par le gouvernement avec la diminution de 30% des salaires, la réduction
de l'âge de la retraite, le FRDD parvint à déstabiliser le
pouvoir à travers l'organisation de multiples manifestations. Pour
décrisper la situation le pouvoir organise des élections
municipales le 7 février 1999 conformément au schéma de
décentralisation. Ces élections remportées par
l'opposition ont été annulées par le gouvernement creusant
une fois de plus le fossé entre le pouvoir et la majorité de la
population. Finalement, l'armée intervient pour mettre fin à
cette quatrième République en assassinant le Chef de l'Etat le 9
avril 1999. Le commandant de la garde présidentielle, Daouda Mallam
Wanké devient chef de l'Etat, promet un retour rapide à une vie
constitutionnelle normale dans neuf mois. Une nouvelle constitution (celle de
la 5ème République) est adoptée le 18 juillet 1999. Avec
l'élection présidentielle du 24 novembre 1999, Tanja Mamadou est
élu Président de la République. Il sera
réélu 5 ans plus tard.
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