2.3. REVUE EMPIRIQUE
BARRO en 1991 a réalisé une
étude sur les données de 98 pays. Après plusieurs
régressions par les MCO, il trouve que le taux de croissance du PIB
réel par habitant est positivement corrélé avec le niveau
initial de capital humain, inversement corrélé avec les
dépenses gouvernementales comme proportion du PIB, non significatif avec
les investissements publics, positivement corrélé avec les
mesures de stabilité politiques. Il a aussi montré que les
distorsions du marché mesurées par le déflateur du PIB
influent négativement le taux de croissance du PIB réel par
habitant.
Pour le bloc UEMOA, dont fait partie le BENIN,
TENOU (1999) a montré, en moyenne, que la croissance
par habitant dans les Etats membres est significativement influencée par
le capital humain, le taux de croissance de la population, le taux
d'investissement, le taux d'accroissement des exportations et le taux de
consommation. Le capital humain, représenté par le taux de
scolarisation au secondaire, y est apparu comme le facteur le plus influent.
Dans le même ordre d'idée,
Nafissatou THIAM (1999) montre en utilisant
les données de 40 pays en développement dont le Bénin que
l'augmentation de l'épargne et des investissements a un effet positif
sur le PIB per capita. Une autre conclusion de son étude est que la
théorie néoclassique ne s'applique pas aux pays en
développement (R2 ajustée est très faible
(0.07)) mais en y ajoutant le capital humain, ses résultats changent
(R2 ajustée passe à 0.38), notamment au niveau des
coefficients de l'investissement et de la croissance de la population qui ont
connu une réduction significative
MANKIW, ROMER ET WEIL (1992) ont
examiné le modèle de Solow en y incluant l'accumulation en
capital physique ainsi qu'en capital humain. De façon empirique ils ont
montré que pour un taux d'accumulation en capital humain donné,
une augmentation de l'épargne ou une diminution de la croissance de la
population conduit à un niveau élevé de revenu donc
à un haut niveau de capital humain.
BECKER, MURPHY ET TAMURA (1990) tout comme
LUCAS (1988) ont mené une étude qui montre que le taux de
rendement du capital humain croit à un certain rang à cause de
l'excédent du bénéfice du capital humain. Ils introduisent
le capital physique dans leur analyse en supposant que le capital physique
accumule des produits de consommation qui ne s'épuisent pas.
G. PSACHARAPOULOSS et WOODALL (1985), en
appliquant la méthode de SHULTHZ aux pays en développement,
obtiennent une contribution positive de l'éducation à la
croissance économique de l'ordre de 23,2% au Ghana et de 16% au
Nigeria.
S. NDONGU (1998) dans ses travaux
consacrés au Kenya, trouve une contribution du capital humain à
la croissance du PIB de l'ordre de 2,45%. Il en conclut que les dépenses
consacrées à l'éducation améliorent le capital
humain et par suite la croissance économique.
SACERDOTTI, S. BRINSHWIG et J. TANG (1998)
dans une étude consacrée aux pays de l'Afrique de l'Ouest
trouvent que l'investissement dans le capital humain n'a pas d'effets
significatifs sur la croissance. Ils justifient leur résultat par le
manque de réformes structurelles qui doivent accroître le
rendement social de l'éducation. M. GURGAND (1993) travaille sur la
Côted'Ivoire et montre que plus d'éducation n'améliore pas
l'efficacité productive et la productivité des agriculteurs. Par
contre, dans les secteurs à niveau d'instruction élevé,
les résultats sont moins nets que dans le secteur agricole.
ANDREOSSO-O'CALLAGHAN (2002) présente
un travail économétrique utilisant des données de panel
pour les années 1980, 1990 et 1997 et portant sur 10 pays d'Asie (Chine,
Corée du Sud, Inde, Indonésie, Japon, Malaisie, Philippines,
Singapour, Thaïlande et Vietnam). Au terme de son travail
économétrique, l'auteur trouve que le capital humain (qui est
approximé par le taux d'alphabétisme ou de scolarisation) joue un
rôle essentiel dans la production, et donc dans la croissance de ces
pays.
AGHION et COHEN (2004) présentent
également des régressions en données de panel, en
considérant un groupe de pays plus large (110 pays), dont la
période d'observations est de 1960 à 2000. En approximant le
capital humain par le nombre d'années d'études de la population
active, ils trouvent également que l'accumulation de ce facteur affecte
positivement la croissance.
Andrianasy A. DJISTERA (2008) estime l'effet
de l'accumulation de capital humain sur la croissance en utilisant des
données de panel de 9 économies émergentes d'Asie (Chine,
Corée du Sud, Hong Kong, Inde, Indonésie, Malaisie, Philippines,
Singapour et Thaïlande) pour la période 1971-2003. Il trouve que
l'accumulation de capital humain exerce un effet positif et significatif sur la
croissance économique, avec un coefficient de 0.0708. Selon ce
résultat, un accroissement du niveau de capital humain de la population
active implique un taux de croissance plus élevé. Cependant, le
pouvoir explicatif du modèle semble faible (le coefficient de
détermination est proche de zéro).Ces études
établissent le fait que le capital humain n'est pas étranger
à la croissance économique.
Au Bénin, dans son document de travail intitulé
: « Capital humain croissance endogène et pauvreté »,
BALARO montre, qu'une amélioration du stock de capital humain de 10%
accroit la productivité agricole de 3,7% la première
année, 5,1% la deuxième année, 5,6%l'année suivante
puis 5,8% la cinquième année. Les autres études empiriques
du secteur agricole ont beaucoup plus privilégié des
études micro économétriques de la contribution de
l'agriculture à l'amélioration de revenu des ménages que
les modèles de croissance endogène.
Dans la suite de ce mémoire, nous utiliserons le
modèle de SOLOW augmenté du capital humain sous les
hypothèses suivantes :
HYPOTHESES DE RECHERCHES
> Le capital humain contribue beaucoup plus à la
croissance agricole que les autres sources de croissance reconnues par
l'analyse néoclassique (le capital et le travail).
> un accroissement du niveau d'instruction ou
d'éducation de la population active occupée dans l'agriculture
implique un taux de croissance plus élevé de la croissance
agricole.
> L'amélioration de la main d'oeuvre agricole n'est
pas seulement imputable au progrès technique agricole, elle est
fortement influencée par le niveau d'instruction de la population active
occupée de ce secteur.
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