I. LES CONTRAINTES LIEES A LA DEONTOLOGIE HOSPITALIERE
Dans son émergence en milieu hospitalier, le CHSCT
rencontre diverses contraintes liées aux obligations rattachées
au serment d'Hippocrate d'une part et d'autre part, à la nature et
à la qualité même du travail en milieu hospitalier.
A. LE SERMENT D'HIPPOCRATE
En milieu hospitalier, le serment d'Hippocrate est source
d'implications et d'obligations pour les médecins ; des obligations qui
semblent aller à l'encontre des objectifs du CHSCT.
1. LA DEFINITION DU SERMENT D'HIPPOCRATE
Le serment d'Hippocrate est un serment traditionnellement
prêté par les médecins avant de commencer à exercer.
Le texte original de ce serment, probablement rédigé au
IVe siècle avant Jésus-Christ, appartient aux textes
de la Collection hippocratique, traditionnellement attribués au
médecin grec Hippocrate. Le serment d'Hippocrate est en quelque sorte un
code d'honneur de la profession médicale.
Aujourd'hui tout étudiant en médecine qui
achève ses études et se prépare à exercer doit
prononcer une version simplifiée du serment d'Hippocrate afin de
s'engager à respecter les exigences morales, éthiques et
déontologiques de la profession.
2. IMPLICATION VIS-A-VIS DES CONDITIONS DE
TRAVAIL
Le serment d'Hippocrate joue un rôle très important
dans la pratique quotidienne du travail en milieu hospitalier ; il influe
même sur les conditions de travail dans ce milieu.
Le serment d'Hippocrate lie les médecins à
l'engagement d'exercer leur métier quelque soit le lieu et les
conditions : l'essentiel étant de sauver des vies ou du moins, de faire
au mieux possible des moyens disponibles pour les sauver.
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MEMOIRE DE FIN D'ETUDE DE MASTER II - OPTION GRH - REALISE ET
PRESENTE PAR MOHAMED SOULAIMANA
Ainsi le serment d'Hippocrate oblige d'une certaine
manière les médecins, quelques soient les circonstances, à
parer au péril des autres sans tenir compte des conditions
hygiéniques ou sécuritaires de travail.
C'est le cas par exemple :
+ d'une sage femme qui se verrait dans l'obligation de faire
accoucher une femme dans un lieu insalubre sans gants ou blouse de protection
;
+ d'un médecin qui, du fait d'une affluence de malades,
devra travailler au-delà de son temps réglementaire de travail
parce que le besoin est présent et que des vies sont en dangers ;
+ d'une situation périlleuse de crise ou de guerre
où les victimes abondent et que le corps médical ne peut se
permettre de revendiquer des conditions de travail meilleures ou similaires aux
autres catégories professionnelles.
B. LA NATURE ET LA QUALITE DU TRAVAIL HOSPITALIER
La nature intrinsèque et la qualité du travail
en milieu hospitalier sont autant d'éléments qui ne permettent
pas une réelle éclosion du CHSCT dans ce milieu ; rappelons-le,
le travail en milieu hospitalier est un « métier-péril
» mais surtout, un « métier-don et oubli de soi »
1. UN « METIER-PERIL »
Si l'essence même de la mise sur pied d'un CHSCT en
milieu hospitalier vise à améliorer les conditions de travail,
l'hygiène et la sécurité, il faut souligner qu'en fait, le
métier hospitalier est un métier à risque, un
métier « non hygiénique » et « non
sécuritaire ».
Le travail en milieu hospitalier est un travail dans
l'antichambre de la mort et ceux qui y travaillent sont formés pour et
dans cet état d'esprit. Parler donc de l'amélioration des
conditions de travail serait comme dire à des militaires en guerre, de
faire attention à eux et de se préserver.
Actuellement, beaucoup de personnes démissionnent du
travail en milieu hospitalier car elles s'y sentent « très »
en danger avec des conditions de travail très défavorables voir
exténuantes. De même qu'aujourd'hui, beaucoup de jeunes
préfèrent aller travailler dans d'autres secteurs professionnels
que de se dévouer pour le travail en milieu hospitalier ; c'est pourquoi
on dit dans ce milieu que c'est un travail à vocation : « nul
ne fait ce métier s'il n'est appelé ou prédisposé
à le faire réellement».
Le travail hospitalier est exposé à divers dangers
et risques parmi lesquels:
a. Les risques d'accident de travail :
+ piqûres septiques (seringues souillées),
accidents d'exposition au sang contaminé ;
+ infection (sang contaminé, vomis ou crachat de malade
sur le soignant, maladie contagieuse...etc.) ;
+ lombalgies du fait des postures de travail souvent
inconfortables (penchés pour consultation, injection, contrôle de
malade, réfection des lits d'hospitalisations, port des malades...etc.)
;
+ accidents de circulation (fatigue, horaires de travail
irréguliers, travail de nuit ou garde) ;
+ glissements et chutes (nettoyages, vomis de malades) ;
+ agression physique par les malades ou leur famille en
état de choc ou en état de crise.
b. le poids des contraintes physiques de
travail
· :. la manutention des charges, du matériel et des
malades ;
· . les nombreux déplacements à
l'intérieur et à l'extérieur dans l'établissement,
si travail au domicile des particuliers ;
· :. les contraintes posturales : station debout, gestes
répétitifs pour certains postes en stérilisation.
c. le poids des contraintes psychologiques de
travail
+ l'écoute des plaintes, des souffrances, des
gémissements et de l'agonie quotidiens des malades ;
+ le poids psychologique du contact quotidien avec la maladie, le
handicap, la souffrance et la mort
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+ agression verbale et psychologique par les malades ou leur
famille en état de choc ou en crise ou encore, par les collègues
ou la hiérarchie ;
+ l'inhalation perpétuelle des odeurs des produits
biologiques (selles, urines, vomissures, sang) et des désinfectants ;
+ la dépression nerveuse, stress, angoisse,
culpabilisation, démotivation, variation de poids, alcoolisme,
tabagisme, prise de stupéfiants ou d'antidépresseurs.
d. Les risques infectieux
Les risques infectieux sont de plusieurs types à
savoir:
+ les maladies dues aux bacilles tuberculeux et à
certaines mycobactéries atypiques ;
+ les infections professionnelles dues aux virus de types
hépatites A, B, C, D et E ;
+ les rhinites et asthmes professionnels ;
+ les infections professionnelles dues au mécanisme
allergique venant des protéines du latex (ou caoutchouc naturel - gants)
;
+ les dermatoses irritatives en rapport avec le lavage et la
désinfection répétés des mains.
2. UN « METIER-DON ET OUBLI DE SOI
»
En parlant d'un « métier-don et oubli de soi
», il s'agit de soulever l'aspect sacrificiel du travail en milieu
hospitalier. En effet, c'est un travail qui doit s'exercer même si les
conditions d'exercice ne sont pas réunies ou appropriées à
la notion d'hygiène et sécurité telle que perçue et
contenu dans l'essence du CHSCT.
Rappelons que le corps médical est pour la plupart,
sous astreinte professionnelle ; ceci veut dire que les loisirs et le repos y
sont précaires car, le personnel doit rester disponible même en
dehors du service en cas d'urgence.
Le service hospitalier doit être en marche quelque soit
son état ou les conditions périlleuses de travail. C'est la
raison pour laquelle même en pleine grève des syndicats
du milieu hospitalier (convergence Sutsas du
Sénégal) pour une amélioration des conditions de travail,
il pèse toujours sur eux, l'obligation d'assurer un service minimum.
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